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En cette année où nous célébrons le quatrième centenaire de la naissance du grand Blaise Pascal, on pourra lire les lignes qui suivent comme un modeste hommage à celui qui, avec ses Provinciales, eut la belle idée d’introduire le registre ironique, voire burlesque, dans le champ de la théologie.

Pourquoi il ne faut pas que les petites filles soient enfants de chœur, Denis Moreau, philosophe

Depuis une bonne cinquantaine d’années —soit depuis le concile Vatican II par lequel, comme chacun le sait, les fumées de Satan sont entrées dans l’Église : ce n’est évidemment pas une coïncidence—, l’habitude détestable s’est prise de confier lors de la célébration de la sainte Messe le rôle d’enfant de chœur à des petites filles. C’est là un objet de légitime indignation pour l’élite des catholiques de France, un scandale qui crie à la face du Tout-Puissant. Il faut absolument que cela cesse. Voici pourquoi.

1) Si on prend des petits garçons comme enfants de chœur, c’est entre autres choses pour les habituer à l’idée de devenir prêtres. Or les filles ne peuvent pas devenir prêtres. Donc les filles ne peuvent pas être enfants de chœur. Cet argument est puissant, sa logique est absolument imparable (je suis très fort en logique, car j’ai suivi le module de 2h « initiation accélérée à la logique d’Aristote » lors de l’université d’été de la CCBDDLO [Conférence des catholiques bien dégagés derrière les oreilles]).

2) Lors de la dernière réunion paroissiale, j’ai vivement protesté parce qu’une fille avait été enfant de chœur lors de la messe du dimanche précédent. Une paroissienne (sûrement une catholique de gauche : la peste soit de cette engeance !) a eu le culot de me dire que le pape François, dans son « motu proprio » « Spiritus Domini » de 2021 avait précisé que les « ministères laïcs » (comme celui de servir l’autel) étaient désormais accessibles aux femmes. J’ai répondu à cette sotte que cela ne m’étonnait pas, parce que le pape François est un fieffé gauchiste (il n’y a qu’à voir ce qu’il dit sur les migrants). Elle m’a rétorqué qu’il y avait un autre texte du Vatican, « Redemptionis sacramentum », promulgué en 2004 à la fin du pontificat de Jean-Paul II, qui dit, au § 47, « Les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel ».  Là, ça a commencé à bien faire, j’ai dit à cette cruche « bon, ça suffit, saint Paul a demandé aux femmes de se taire dans les assemblées, alors tu la fermes et tu laisses parler les vrais mecs qui s’y connaissent, moi, j'obéis au Vatican quand ça m’arrange » (j’admets que je me suis un peu énervé, mais elle l’avait cherché, aussi, la garce). Figurez-vous que cette péronnelle a alors eu l’invraisemblable toupet de me répondre que dans mon rapport aux instructions du Vatican, je me comportais comme un moderniste ou un protestant. Ah, ça, c’est impossible ! Je le démontre par le syllogisme suivant : 

- Les protestants et les modernistes sont des hérétiques.

- Moi, je suis un bon catholique classique.

- Donc je ne peux pas me comporter comme un protestant ou un moderniste. CQFD.

3) Jésus a dit quelque part dans les Évangiles que les filles ne pouvaient pas être enfants de chœur. Je ne sais plus très bien où : cela fait longtemps que j’ai n’ai pas trouvé le temps de lire les Évangiles, parce que je suis très occupé à poster des tas de messages sur les réseaux sociaux, on ne peut pas tout faire non plus. Mais j’ai vu sur Instagram (ou sur Tik Tok, je ne sais plus bien) que l’abbé Jean-Eudes Foulque du Pas de Montchatilambert l’a dit dans une homélie. Donc c’est vrai. Donc les filles ne peuvent pas être enfants de choeur. CQFD (Instagram et Tik Tok, pour faire de la théologie, c’est vraiment commode).

4) Le service de l’autel exige la pureté, et la femme est impure. Je le démontre par le syllogisme suivant : 

- Je suis un bon catholique, donc je suis pur.

- Parfois, quand je vois une femme (par exemple si elle porte un décolleté), cela me fait tout bizarre ici (voir figure 1) et surtout là (voir figure 2). 

- Puisque la femme trouble ma pureté, elle est impure. Donc les petites filles ne peuvent pas être enfants de chœur. CQFD.

5) Les filles, elles ont leurs règles. Je n’ai pas très bien compris ce que c’est, mais je sais que c’est une histoire de sang. Or la sainte messe est le « renouvellement NON SANGLANT du sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ ». Donc les filles ne peuvent pas être enfant de chœur. CQFD. Cet argument est très fort, sa logique est d’une puissance inouïe.

6) Aristote a démontré que la femme est faite pour donner et l’homme pour recevoir (ou l’inverse je ne sais plus bien, j’ai dormi pendant le module de 12h « La biologie d’Aristote, une science pleinement actuelle pour le monde d’aujourd'hui » à l’université d’été de la CCBDDLO). Donc Aristote a interdit que les filles soient enfants de chœur. CQFD.

Ainsi, par les causes et les raisons, les principes et les conséquences, la lumière naturelle et la divine révélation, et une batterie de syllogismes bien formés, il appert nécessairement, au nom d'arguments tant a priori qu’a posteriori tout à fait imparables, qu’il ne faut pas que les petites filles soient enfants de chœur.

Dixi !

Denis Moreau

PS : Ayant un peu regardé ce qui se dit à propos de cet épineux sujet sur les réseaux sociaux je n’ai, hélas !, pas eu besoin d’inventer grand-chose…

https://www.facebook.com/denis.moreau1967

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