Dimanche 16 juillet 2023 – 15e dimanche du temps ordinaire – Mt 13, 1-23
Face à une foule qui « écoute sans écouter ni comprendre », Jésus devient conteur et poète, pour l'emmener dans l'ailleurs d'une histoire, à l'écart des argumentations théologiques. Le langage des paraboles, emprunté aux rabbis de son temps, fait réagir son auditoire et rejoint son expérience de vie, ses émotions, son affectivité, sans imposer de réponse à l’énigme.
Voici la première des sept paraboles rapportées par Matthieu. Elles constituent le discours central de son évangile, discours qui suit celui de la manifestation du Royaume et celui de l’envoi en mission. Peut-être un discours « mode d’emploi par l’exemple » ?
Dans son explication, Jésus est clair : la semence, c’est la Parole, don initial créateur. Probablement avait-il en tête cette promesse du commencement : « Voici que je vous donne toutes les herbes portant semence qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres donnant des fruits portant semence. Ils seront pour vous une nourriture. » (Gn,1-29)
Mais quel étonnant semeur, qui ne semble prêter attention ni à la grande quantité de semence employée, ni à la piètre qualité du sol qu’il ensemence ! Car apparemment, il s’agit d’une friche au bord d’un chemin, avec ses pierres et ses ronces, dont personne n’espérait rien.
Le semeur, lui, voit. Il voit qu’entre les pierres et les ronces, il y a de la bonne terre. Un potentiel dont le rendement ne dépend pas de lui, mais dont il espère au moins trente pour un. Un potentiel qui vaut le coup. Alors il y va. Sans compter. Répandant avec joie les semences comme ces grains de riz jetés à la sortie d’un mariage : autant de vœux de bonheur et de fécondité. Tout le terrain doit recevoir de la semence en abondance. Évidemment, sous le soleil, les choses se gâtent. Les parasites sont bien là. Pourtant, en certains endroits, des épis se dresseront quand même, plus ou moins chargés de nouvelles semences.
Mais qu’y a-t-il à entendre dans cette histoire, que les hommes n’aient pas su comprendre ? Tout le monde sait qu’un rendement est aléatoire ! L’abondance du don ne suffirait-elle pas à nourrir et à faire grandir l'humain en humanité ? C’est oublier qu' Élohim se retire de sa création au septième jour et que c’est à nous de jouer pour favoriser l'enracinement de la Parole ! Pour garder et faire pousser la semence, mieux vaut s'impliquer. Voir, entendre et comprendre dans l'inter-dit des interprétations, ne pas se contenter de recevoir, bref travailler !
Si fertilité de la parole semée et fécondité du terreau se rencontrent, le potentiel de vie de la semence trouvera son chemin pour progresser vers le haut, au défi de la force d'attraction terrestre. Participer tous à l'enracinement afin d'entrer fraternellement dans ce cycle de moisson et de nouvelles semailles, c'est ça, en prendre de la graine !