Dimanche 6 avril 2025 –5e dimanche de Carême – Isaïe, 43, 16-21/ Paul aux Philippiens, 3, 8-14 : Jean, Evangile 8,1-11
Comment, en effet, croire qu’il y a un renouveau possible. Un renouveau tel que l’avenir, le nôtre, serait meilleur que ce que nous avons vécu jusqu’ici ? Le prophète Isaïe s’adresse au Peuple avec ces mots : « Ainsi parle le Seigneur : Voici que Je fais toute chose nouvelle ! » Décrivant ainsi un acte créateur qui se perpétue, il en donne deux images qui sont presque en opposition l’une à l’autre. D’un côté, un sentier au milieu des eaux puissantes, évocation du passage à pied sec au travers d’une mer pour pénétrer dans un désert… où l’on manque cruellement d’eau ! De l’autre, des fleuves qui vont couler dans des lieux arides.
Pour un peuple qui vit dans le souvenir toujours entretenu de l’Histoire passée, habitée par la présence de son Dieu, la parole portée par Isaïe doit être un choc ! « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. » Il faudrait alors oublier le passage de la mer Rouge, le chemin tracé vers la Terre promise ? Et pour aller vers quel temps nouveau ? Peut-être, justement, celui qu’illustre radicalement Jean-Baptiste, dans son rôle de lanceur d’alerte : un homme qui vient du désert aride et amène les croyants à se purifier en les faisant pénétrer dans l’eau vive d’un fleuve.
Le basculement d’un monde à l’autre est encore plus net lorsqu’il est vécu par Paul. Lorsqu’il s’adresse aux nouveaux croyants qui forment la communauté chrétienne qui s’est établie dans la ville de Philippe, il leur dit ceci avec force : « La justice selon la loi de Moïse n’est pas celle qui vient de la foi au Christ. » Faut-il jeter aux orties la loi de Moïse ? Ou bien la lire différemment maintenant que le Christ a témoigné par sa vie ?
Dans l’Evangile de Jean, un groupe d’hommes s’apprête à justifier une sentence par ces mots : « Selon la loi de Moïse… » C’est ainsi que commence leur plaidoirie qui se confluera par une condamnation à mort. Ces hommes ne font que se souvenir du passé, des événements anciens, cultivant le culte des choses d’autrefois. Le Christ, lui est tourné vers un but : le Salut du monde, ce Salut qu’Il vient apporter à tous. C’est donc l’avenir qui compte. Alors, sa sentence – qui suit une plaidoirie étonnamment silencieuse, intérieure- a un tout autre sens : « Va, et ne pèche plus ! » C’est-à-dire « Efforce-toi de faire de ta vie une chose nouvelle ! »
Sans effacer les péchés, le Christ sort chaque homme et chaque femme de son désert (le lieu de son péché) pour l’amener à l’eau vive. Comme si le temps était venu pour chaque homme et chaque femme, grâce à sa rencontre avec le Christ, de faire désormais toute chose nouvelle;