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Actualités

Les sortis, voire les abandonnés de l’institution ecclésiale, qui sont-ils ?

Paule Zellitch . 16 mars 2023

La Conférence des baptisé.e.s, préoccupée par l’exode exponentiel des catholiques de leur propre « maison Église », a restitué le 11 mars une enquête sociologique nationale sur ce sujet jusqu’ici inexploré dans le champ de la sociologie religieuse. La CCBF a sollicité des experts qui ont accepté ce défi. Ils ont produit une étude quantitative et qualitative, et les sociologues réunis pour ce RDV# 7 se sont félicités qu’un tel champ devienne objet d’étude.

 

Bonjour et bienvenue à vous, adhérents, amis et sympathisants ou simples curieux qui participez aujourd’hui au RDV n°7 de la Conférence des baptisé.e.s, via notre chaine YouTube « La voix des baptisés ». Il sera accessible en différé sur notre site. (*)

 

Nous allons partager les résultats

 de l’enquête entreprise auprès de baptisés éloignés de l’Église. J’adresse un immense merci à tous ceux grâce à qui ce RDV de la CCBF est rendu possible. Une mention toute spéciale à nos intervenants et à Laurence comme à Fabrice sans lesquels vous ne verriez rien derrière vos écrans.

Parce que nous voulons leur être plus proches, l’idée de cette grande enquête a surgi, « à la mode » de la CCBF : un immense bénévolat, avec un professionnalisme pointu donc une enquête à la fois quantitative et qualitative. Après un temps d’élaboration avec quelques personnes de différentes générations, et grâce aux deux experts Claudine Bénard et Jean-François Barbier-Bouvet qui ont accepté ce challenge, un questionnaire a été lancé. Nous avons demandé à tous nos adhérents et sympathisants de le faire circuler autour d’eux. Les résultats de cette enquête se sont avérés complémentaires des travaux de la CCBF à propos du cléricalisme, puis de la phase 1 du Synode, comme aussi de sa phase continentale, et il y a eu aussi des surprises.

Ces résultats ont montré un désintérêt de plus en plus marqué pour les institutions, et au premier chef pour les institutions ecclésiales. Ce que ces personnes éloignées de l’Église pensent, discernent, font ou ne font pas, est d’une importance capitale pour que ce qui reste vivant dans le christianisme, ce qui nourrit une spiritualité incarnée et porteuse de transcendance, ne disparaisse pas de nos sociétés. Il est dommage qu’une partie de notre magistère ne soit pas stimulée par les challenges à relever. 

C’est précisément l’objectivité de ce travail de la CCBF qui donne à penser : à partir, à la fois d’éléments inattendus, mais aussi plus complexes. Bien sûr, la CCBF mettra ce document à la disposition de tous, en espérant que chacun accepte d’y chercher autre chose que le reflet de ses propres opinions.

Grâce à cette étude nous savons maintenant avec certitude que les changements cosmétiques ne résoudront rien. La CCBF, depuis sa fondation, est proche de ceux qui, plus ou moins en lien avec les institutions catholiques, veulent les faire évoluer, mais aussi de ceux qui ne s’y retrouvent plus, parfois au point d’en être loin. Parmi ces trois catégories, il n’est pas rare que certains considèrent la CCBF comme leur « lieu d’Église », qu’ils fréquentent ou non les paroisses. Investis ou pas dans les structures ecclésiales et/ou caritatives, leurs quêtes, leur foi, leurs valeurs n’en sont nullement amoindries et leurs engagements pour un monde fraternel et solidaire demeurent sans faille. Ceux qui sont encore proches essaient de pratiquer « la suite du Christ » : c’est nécessairement, avec lui, se remettre en question. Sinon, comment rester au cœur d’un monde qui évolue sans cesse, en quête de sens, de justice et de vie ? C’est là que se tient, fragile, la possibilité d’un amour et d’une vie commune qui n’abuse de rien, ni de personne.

Cette enquête ne met pas en relief la sécularisation, mais l’individualisme qui refuse l’expertise et la médiation au profit de l’immédiateté ou pour le dire autrement immanentisme. Quand le passé ne pèse rien, que pèse la tradition ? Dans ce contexte, l’Église s’est désarmée, sans même le voir. Or, qui entreprend à la racine un véritable aggiornamento, pour retrouver des points de contact et de dialogue avec l’ensemble de notre société ?

Pourtant, deux pistes, deux quêtes de sens, jamais achevées, sont transversales à notre société ; elles sont ordonnées à la liberté et à la spiritualité : la coresponsabilité baptismale et la démocratie. Certains s’en étonneront peut-être, elles se nourrissent l’une l’autre. Il s’agit d’être capable de se tenir en assemblées, pour interpréter et arbitrer, non pas pour le bien de quelques-uns, riches ou pauvres, mais pour la justice, afin que tous aient accès à la Vie. Nous avons encore le choix entre résister à l’extinction de nos multiples libertés ou glisser, comme actuellement en certains lieux, vers des totalitarismes parfois alliés à des théocraties, ce que toute la CCBF et la majeure partie de notre magistère français condamnent.

Avec ses particularités, toute instance, toute personne qui veut travailler à cette « sortie d’Égypte » est bienvenue à la CCBF, ce large mouvement d’ouverture. Une charte, des statuts, un règlement intérieur, un code de déontologie : le tout est simple, clair, non totalitaire et permet à chacun de se sentir à l’aise. Nous n’avons rien à vendre, seulement à soutenir une suite du Christ, avec des adaptations constantes, et des égos ajustés. Les instances ou personnes qui ont envie de faire plus qu’ils ne font, souvent très bien d’ailleurs, peuvent peser davantage en rejoignant ce réseau où nul n’est réduit à sa condition sociale et sexuelle, et où la spiritualité comme le for interne de chacun sont respectés.

« Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun », cette formule tirée d’une prière universelle est une des grandes convictions de la Conférence des baptisé.e.s.

Paule Zellitch, pour la Conférence des baptisé.e.s, présidente.

 

Conclusion

Nous remercions chaleureusement nos amis intervenants. Ce dossier sera largement partagé comme toutes nos productions. La mission de l’Église n’est pas de bercer le petit nombre de catholiques. Si l’Église ne peut pas aller à la rencontre de ceux qui ne sont pas encore radicalement partis, comment peut-elle s’imaginer être en état de mission ? Cette enquête est une première étape pour nourrir de nouveaux travaux concernant les réformes indispensables de l’Église.

Nous comptons sur vous le 10 juin 2023 pour le RDV le n°8 intitulé : « Quelles gouvernances, quelles Églises » ? À bientôt les amis !

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(*) Pour voir la vidéo en différé cliquez ICI

Rapport de l'enquête sur les baptisés éloignés de l'Église

Pour vor la vidéo cliquer ICI

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