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Le vent nous lève

Monique Gourdy . 08 juin 2025

Dimanche 8 juin mai 2025 – Pentecôte – Ac 2, 1-11

Au début du récit de cet épisode fondateur, la porte est probablement encore verrouillée pour protéger le dedans du dehors.

Dedans, c’est la chambre haute où se trouvent les apôtres et leurs proches. Tous attendent. Quoi ? Ils ne savent pas trop : Jésus leur a parlé d’une puissance, d’un défenseur qu’ils recevraient, directement envoyé du Père – c’est d’ailleurs un point souligné par l’évangile qui accompagne ce texte : tout vient du Père. Mais les disciples n’ont en plus aucune idée de quand ni comment ce défenseur se manifestera : de quoi faire monter l’intensité de leur peur. Alors ils restent bien entre eux, assis. Ils font bloc et ils prient. 

Dehors, c’est la ville de Jérusalem en fête, qui accueille des délégations du monde entier pour commémorer le don de la Loi de Dieu à son peuple au Sinaï : une multitude de juifs dont pas une des nations connues à l’époque n’est exclue, une foule hétéroclite plutôt grouillante et bruyante. 

Et voici que ceux du dedans entendent un bruit, sentent un souffle, et voient comme des langues de feu, et que ceux du dehors, malgré le brouhaha ambiant, entendent une voix qui retentit.

Aux premiers, si soudés entre eux, est donnée non pas une seule flamme collective, mais une langue de feu sur chaque tête : voilà qui désintègre leur bloc et qui permet à chacun, sans ordre hiérarchique ni peur, de sortir. 

Aux seconds, qui déambulaient en groupes juxtaposés, est donné de se rassembler pour rejoindre les premiers.

Ce moment provoque tout d’abord de la confusion. Il y a là une allusion à l’histoire de Babel, bien sûr, et notamment à sa fin : « Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre. » (Gn 11, 9) C’est intéressant, parce-que le verbe hébreu traduit par « confondre » est le même que celui qui est employé pour l’action de mélanger le levain dans la pâte. Or Jésus n’a-t-il pas dit que « le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé » (Mt 13,33) ? 

Puis il y a de la stupéfaction : c’est du jamais vu ce qui se passe ! Plus exactement du jamais entendu. Tout le monde comprend tout le monde ! L’in-ouï de l’évangile peut commencer à se dévoiler.

Et enfin c’est l’émerveillement : chacun de ceux qui parlent est submergé par la grâce de l’esprit qui se répand au-delà de lui-même ; et chacun de ceux qui entendent est touché au plus intime de lui-même puisque c’est le propre de la langue maternelle que d’être nichée au plus profond de soi. 

Il n’est plus question de rester enfermé assis. Il s’agit, depuis ce jour-là, pour chacun, selon sa propre langue, c’est-à-dire selon son propre charisme révélé par l’Esprit, de se lever et de témoigner des merveilles de Dieu. 

Et il s’agit simultanément, et c’est essentiel, de nous rassembler, qui et où que nous soyons, puisque Dieu nous choisit tous sans exception, pour recevoir en plein cœur sa Parole et en vivre.

Crédit photo
Image par AJ jaanko de Pixabay
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