Dimanche 12 mai 2024 – 7e dimanche de Pâques – Jn 17, 11b-19
Juste avant son arrestation et avant sa passion, Jésus s’adresse à Dieu, son Père, sous la forme d’une prière-testament (intitulée postérieurement « prière sacerdotale »). Un des termes-clés de cette invocation est le mot « MONDE » (« kosmos » en grec) que nous retrouvons 78 fois dans l’évangile de Jean. Ce terme désigne des réalités complexes et plurielles ; elles seront plus tard reprises dans des constructions théologiques chrétiennes.
« L’heure est venue » (17,1) : Jésus-homme sait que par sa mort prochaine, il va quitter ses disciples, son entourage et la Judée qu’il a parcourue à maintes reprises ; en un mot, comme tout être humain, il va laisser le monde où il a vécu, son environnement affectif, religieux, social et géographique. Jésus, s’adresse à son Père dans un monologue qui signe sa propre relation à ses disciples. Par analogie, nous sommes aujourd’hui concernés.
Actuellement, que signifie, pour nous, le mot « monde » pour la mission que Jésus nous a confiée avant sa mort ?
Chaque personne est inscrite, pour le temps de sa vie, dans une génération, une civilisation, une société particulière ; cette totalité participe du « monde », qui est depuis toujours le champ de bataille d’un combat éthique entre le bien et le mal. Toute la Bible oriente le lecteur (a fortiori le croyant) vers la seule question qui vaille : « Comment vivre, dans le monde, selon le bien ? »
Parmi les hommes et les femmes qui vivent en ce monde (au sens général du terme), l’évangile de Jean fait une distinction entre ceux qui ont reconnu et suivi Jésus, ses disciples qui parfois souffriront à cause de cet engagement, et ceux qui lui sont hostiles. Celui-ci dit à Dieu, son Père : « Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs. » (17,14) Nous voici devant le choix ultime, celui qui révèle ce que nous sommes : d’un côté la parole de vie, de l’autre son rejet.
Dans ce chapitre 17, la répétition, quasi immédiate, aux versets 14 et 16, de « ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde » est aussi, pour nous croyants du XXIe siècle, très significative : face à son Père, Jésus affirme que ses disciples, comme lui, n’appartiennent pas au monde ; ils sont, à la fois, séparés du monde et envoyés dans le monde : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. » (17, 18)
Ses disciples ne sont pas les interlocuteurs du mal, mais sont envoyés dans le monde pour annoncer, vivre et agir, en vérité et en cohérence, selon le message du Christ.
Face à la folie mortifère du monde actuel, les disciples du Christ peuvent être plus fous encore en ayant confiance en son message : « Je dis ces paroles, dans le monde, pour qu’ils aient ma joie dans sa plénitude » (17,13) et, par temps de malheur : « En ce monde vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde ! » (16,33)