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Dimanche 24 décembre 2023 – 4e dimanche de l’Avent – Luc 1, 26-38

L’évangile de ce dimanche décrit l’Annonciation, qui est retracée dans l’évangile de Luc et aussi dans la sourate III du Coran, mais pas dans les autres évangiles. Il s’agit donc d’un texte codé par un seul écrivain, à ne pas comprendre littéralement, parce qu’il notifie plus que l’anecdote. Cette histoire a suscité de multiples représentations par Fra Angelico, Simone Martini, Caravage… Car, dans l’histoire tragique de Jésus, c’est un moment de grâce et de joie. Il sublime cet instant premier dans la vie de toute femme apprenant qu’elle deviendra mère. Le récit biblique magnifie cette multitude d’annonces, qui assurent la pérennité de l’espèce humaine, en un enfantement extraordinaire qui atteste du destin transcendant de l’humanité. Jésus, d’origine divine, s’incarne en l’homme pour signifier que tous les humains accomplissent quelque chose d’indescriptible qui les dépasse.

L’ange Gabriel est ici la figure traditionnelle d’un envoyé de Dieu, qui n’est pas distinctement mis en scène par déférence. Il est invisible, une forme spirituelle, un message qui s’impose à l’esprit de son interlocutrice comme une évidence. Si dans les icones on lui prête une forme et une allure humaine, c'est par accommodation à la faiblesse de l'intelligence commune. Si on lui a donné des ailes, c'est parce que le vol est le plus parfait des mouvements, qui permet de s'approcher et de s'éloigner en un clin d'œil.

Par ailleurs, le Coran décrit l'Annonciation dans des termes proches de l'Évangile selon Luc. Dans l’Islam, elle est fêtée le 25 mars comme chez les chrétiens. Toutefois Jésus est ici l'envoyé de Dieu, non son Incarnation. Ce n’est pas le lieu de rappeler les controverses entre les chrétiens des premiers siècles sur la nature exacte de Jésus, Dieu, homme, ou Dieu et homme. Ces polémiques stériles furent détournées sur une recherche dérisoire. En ce siècle-ci, on préfère défendre le mystère que de le mettre en pièces à l’usage de différentes confessions.

Reste la difficulté de la naissance virginale, utopique selon nos connaissances biologiques. Elle est aussi un symbole mais de quoi ? Que s’est-il réellement passé en deçà de la savante composition théologique, ouverte à tous les vents de l’imagination ? On ne peut le savoir avec certitude. Une interprétation récente par le théologien protestant Daniel Marguerat est celle d’une naissance illégitime, qui rappelle une rumeur malveillante des premiers siècles. Elle possède cependant des indices dans les textes des Évangiles (Jean, 8,24) et elle expliquerait la sollicitude extraordinaire de Jésus pour tous ceux qui sont rejetés par la société des gens convenables.

Sans se bloquer sur cette hypothèse, il faut cependant la méditer. Elle signifierait qu’il n’y a pas d’enfant illégitime, sinon dans l’invention des Docteurs de la Loi. Pendant longtemps dans notre civilisation qui se voulait chrétienne, les naissances hors mariage étaient réprouvées et l’enfant affligé d’une tare. Et si au contraire la naissance de Jésus était le signe de l’égale dignité de tous ?

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