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Dimanche 5 mars 2023 – 2e dimanche de Carême – Gn 12, 1-4a ; Mt 17, 1-9

La Transfiguration est un événement important, rapporté dans les trois évangiles synoptiques. Elle constitue un relais entre la fête de la naissance, Noël, et celle de la résurrection, Pâques. Elle manifeste la nature divine de Jésus de Nazareth, en puisant abondamment dans la symbolique de l’Ancien Testament : la montagne, la lumière, la tente, Moïse pour la Loi, Isaïe pour les prophètes, trois disciples pour respecter l’exigence coutumière d’un témoignage crédible.

Le mot transfiguration, hérité du latin, est la traduction du mot grec que nous utilisons encore, la métamorphose. Celle-ci peut être associée à des instants de grâce que tous nous avons vécus. Il arrive que le regard posé sur une personne en découvre la vraie nature jusque-là dissimulée dans les apparences. Le cas le plus évident est celui de l’amour qui subitement lie deux êtres, dans ce que l’on appelle le coup de foudre, au-delà de toute considération matérielle. Mais aussi celui des parents qui regardent l’enfant en train de naître à sa vie. Celui posé sur le mourant. Et celui de l’adolescent arrivé à l’âge adulte qui redécouvre ses parents, leur amour et leur sollicitude. Il arrive de la sorte que l’on accède brièvement, fugitivement, à la réalité de l’être, à son humanité profonde qui l’unit à nous.

Il n’y a donc pas lieu de s’arrêter à l’habillement merveilleux des récits pris au pied de la lettre. Un jour les disciples ont vraiment reconnu Jésus pour celui qu’il était, son identité réelle, sa relation à Dieu, son accomplissement de la promesse faite à Abraham. Ce dévoilement singulier n’est pas resté sans suite : plutôt que de camper sur place comme le propose Pierre, ils ont été envoyés en mission. Et nous en sommes la conséquence.

Chaque chrétien a vécu aussi un instant de transfiguration quand sa foi est passée de l’enfant à l’adulte, du catéchumène au baptisé. Cette foi est lumière qui éclaire toute une vie. Elle est promesse d’une mystérieuse résurrection. Elle n’est pas compréhensible dans l’expérience courante, elle manifeste le Tout Autre.

Ainsi se trouve justifiée la promesse faite à Abraham dans la première lecture, « Je ferai de toi une grande nation », s’il quitte la Mésopotamie civilisée pour courir le risque d’une transhumance vers la Palestine. C’est l’appel éternel pour sortir du confort d’une vie bien organisée pour se lancer dans une aventure qui nécessite une foi absolue.

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