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Dimanche 16 juin 2024 – 11e dimanche du temps ordinaire – Ez 17, 22-24 ; Mc 4, 26-34

Un homme jette la semence sur la terre. Cette semence germe, pousse, et porte du fruit : des épis remplis de blé à profusion, trente, soixante, cent… si la terre où elle a été semée est belle, ainsi que le dit Jésus dans la parabole rapportée par Marc juste avant (4, 8). 

Cette dynamique de vie qui s’installe entre la semence et la terre qui l’accueille échappe au contrôle de celui qui a jeté la semence : qu’il dorme ou qu’il soit éveillé, la semence germe et croît, et il ne sait comment. 

Ainsi est la royauté[1] de Dieu (v. 26), dit Jésus juste après avoir dit que le semeur qui sort semer sème la parole (, 14), et que la terre est métaphore de ceux qui l’entendent (4, 15-20). Donc, une fois la parole semée, seul celui qui l’a reçue peut choisir de l’accueillir et de laisser s’exprimer la dynamique de Vie présente dans cette parole. Choisir de lui donner le terreau pour s’épanouir, telle la (belle) terre pour la semence dans ces paraboles. Ce n’est pas celui qui l’a disséminée. Nous en avons tous fait l’expérience, parfois cruelle. Jésus nous dit ici que, de même, la royauté de Dieu n’est pas toute puissante dans l’histoire : chacun est libre d’adhérer ou pas à la Parole qui est adressée à chaque personne. Adonaï nous laisse libres de nos choix : « La vie et la mort, je les donne en face de vous, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie afin que tu vives, toi et ta semence. » (Dt 30, 19-20) Nous sommes dans le septième jour de la création, jour béni et consacré par Élohim qui, en lui « chôme de tout son ouvrage qu’Élohim crée pour faire[2] » (Gn 2, 4).

Jésus présente ensuite la royauté de Dieu avec une autre parabole : semée (sur de la belle terre), la plus petite de toutes les semences fait de grandes branches si bien que les oiseaux du ciel peuvent nicher sous son ombre (v. 31-32). Tel le tendre rameau planté par Adonaï sur une haute montagne qui devient cèdre majestueux (Ez 17, 22-23), elle contribue à l’épanouissement de la vie. Métaphore de l’action, autour de lui, de la personne qui accueille et laisse s’épanouir la Parole.

Ces deux métaphores associent la royauté de Dieu au don, gratuit et en abondance, de ce qui est indispensable au développement d’un germe de vie, la nourriture et le nichage. Tout le contraire de l’individualisme calculateur ! Il s’agit de dons concrets, inscrits dans la vie présente de la création. Moi, lecteur aujourd’hui, je suis ainsi invité à travailler les Écritures et l’enseignement de Jésus, afin de laisser la Parole s’épanouir en moi et nourrir ma vie sociale et ma vie spirituelle. Ici et maintenant, car une spiritualité qui se limiterait à renvoyer dans l’au-delà tout ce dont nous parlent les Écritures n’est pas « habitée » humainement.


 

[1] « Royauté » est le sens premier du mot grec habituellement traduit ici par « royaume » 

[2] Traduction Chouraqui.

Crédit photo
flickr.com - Bernard Blanc
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