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Dimanche 9 avril 2023 – Dimanche de Pâques – Jean 20,1-9

Le matin du premier jour après le sabbat, alors qu’il fait encore nuit, Marie la magdalène va au tombeau où le corps de Jésus a été déposé juste avant le sabbat (Jn 19, 38-42).

Elle constate[1] que la pierre a été enlevée. Elle pense qu’« ils » ont déplacé le corps. Elle court prévenir Pierre et le « disciple que Jésus aimait ». Revenue au tombeau, désespérée et en larmes, elle le regarde attentivement1 et y observe1 la présence de deux messagers, nous dit Jean. Elle se retourne et observe1 Jésus dans le jardin. D’abord, elle ne le reconnaît pas et pense à un jardinier. Les messagers, puis Jésus, lui demandent pourquoi elle pleure ; elle exprime sa détresse, exacerbée par l’impossibilité d’être près du corps de Jésus. Lorsque Jésus l’appelle par son nom, elle le reconnaît. Elle va alors annoncer aux disciples qu’elle a vu1 le maître (v. 11-18).

Dès que prévenus par Marie la magdalène, Pierre et le « disciple aimé » partent en courant vers le tombeau. Ce dernier, arrivé le premier, regarde attentivement1 et constate1 que les linges qui entouraient le corps sont étendus ; il n’entre pas dans le tombeau. Pierre entre dans le tombeau et examine1 les linges, et le suaire enroulé à part. Le disciple « aimé » entre également dans le tombeau. Il voit1 et il croit. Pierre et l’autre disciple rentrent alors chez eux ; au plus près du grec, ils partent vers eux-mêmes, ce qui suggère qu’ils vont méditer sur ce qu’ils viennent de vivre. Le soir de ce jour, ils voient1 Jésus au milieu d’eux (Jn 20, 20).

Trois disciples proches de Jésus confrontés à sa mort – la fin d’une relation telle qu’ils l’avaient progressivement construite avec un homme en qui ils reconnaissaient un prophète puissant en œuvre et en paroles (Lc 24, 19) – et au mystère du tombeau vide. Trois cheminements spirituels et mystiques différents, chaque disciple à son rythme, selon son être et sa relation avec Jésus. Mais, pour chacun des trois, une évolution analogue de leur perception et de leur compréhension de la signification mystique de ce qu’ils vivent, exprimée par Jean en utilisant des verbes différents1 : s’en tenir à la matérialité des faits (constater), puis commencer à percevoir la réalité mystique (regarder attentivement, observer) et, enfin, être pleinement conscient de cette réalité (voir) et croire.

Marie la magdalène est le premier témoin de la résurrection, dont Jean dépeint l’expérience intérieure à l’aide de métaphores. Elle a compris que, en choisissant d’assumer la conséquence ultime de ses actes et de son enseignement, en étant d’une absolue fidélité à ce qu’il est, à son identité divine, à sa relation avec le Père, Jésus a manifesté qu’il est possible d’expérimenter une unité mystique avec le divin, présent en chaque humain (Gn 2, 7).

Pierre, Marie la magdalène, le « disciple aimé ». Trois disciples très différents, tout comme nous qui, ici et maintenant, méditons sur ces textes. Jean nous montre ainsi que chacun de nous est invité à cheminer, à son rythme et comme il est, vers la partie lumineuse de son être, vers la Vie qui est en lui.

 

[1] J’ai traduit ici par un verbe différent chacun des verbes grecs utilisés par Jean, en choisissant pour chacun, parmi les sens proposés par les dictionnaires, celui qui exprime au mieux ma lecture.

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