Dimanche 2 juillet 2023 – 13e dimanche du temps ordinaire – 2Rois 4, 8-11.14-16a ; Mt 10, 37-42
Le deuxième Livre des Rois, au chapitre 4, nous offre un récit d’une fraternelle douceur et d’une espérance débordante. Il s’agit d’accueil sans préjugé, sans intérêt pour celui qui a le visage de la sainteté. Et pour cela l’accueillante met à disposition de bonnes conditions, y compris matérielles, pour « s’y retirer », en paix. Un peu comme Jésus déclarant quitter ses disciples pour leur faire une place auprès du Père.
L’accueil se forge, se prépare, évolue, s’adapte, à la personne accueillie. Dans ce texte tout est fraternité, écoute, délicatesse, partage. Et tout commence par le repas offert, et une place appropriée. Tout cela avec la sensibilité d’une femme qui n’agit et ne décide pas seule. Tant de sollicitude fait naître chez Élisée le besoin d’enrichir cette amitié. Il ne décide pas seul d’un « gentil » cadeau ; mais pour savoir ce qui lui manque vraiment, il s’informe auprès d’un serviteur de l’histoire de son hôtesse, de ce qui lui ferait plaisir. Et il s’agit du bien le plus précieux : porter la vie. Dans un mouvement qui fait écho à l’annonce faite à Marie, Élisée le promet à cette femme : « au temps fixé pour la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras. »
Si chez Matthieu nous retrouvons ces mêmes vertus de l’accueil, paradoxalement il nous l’annonce avec une radicalité et un ton digne des prophètes de l’Ancien Testament. Le caractère binaire de Matthieu amplifie la dureté et les exigences du discours : « Celui qui aime son père, […] sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi. » Le rapport à Jésus interfère dans la relation entre les hommes. Le royaume et son avènement prime sur tout autre lien, parental, filial, amical. C’est la relation à Jésus qui devient le pivot de la relation entre l’humanité et Dieu. « Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. » Pour Matthieu, Jésus est dans chaque humain et Dieu est en Jésus. En accueillant notre prochain nous accueillons Jésus et nous entrons dans la divinité de Dieu.
Partant de ces exigences, telle que « qui ne prend pas sa croix... » c’est à dire qui n’accepte pas le statut d’esclave n’est pas digne de moi, Matthieu nous propose à la fin de l’évangile du jour un acte d’une grande simplicité : « qui donnera même un simple verre d’eau fraîche à l’un des plus petits… » Contraste frappant entre deux attitudes apparemment antinomiques sans lesquelles le cheminement vers Dieu est impossible. Dieu habiterait donc les plus petits et un simple verre d’eau, fraîche si possible, est vivifiante comme l’eau du puits de la Samaritaine. Mais peut-être qu’offrir un verre d’eau, l’hospitalité, un repas à l’autre, l’inconnu, n’est pas si facile pour notre humanité ? Et pourtant voilà que même le don de ce verre d’eau ne restera pas sans récompense. A contrario de la loi du talion « œil pour œil », Matthieu retient des propos de Jésus les bienfaits d’une attitude qui conduit à la « récompense » et non à la sanction : « Qui accueille un homme juste […] recevra une récompense de juste. » L’accueillant est élevé au même rang que l’accueilli.
À titre individuel chaque être humain, avec son histoire, peut tracer le chemin à parcourir pour pratiquer cet accueil vivifiant pour sa propre existence et celle de l’autre. Et collectivement en Église, qu’est ce qui nous permet d’être dans une attitude d’accueil, d’ouverture ? La synodalité proposée il y a bientôt 2 ans par le pape François ne serait-elle pas une attitude d’accueil à développer, à entretenir, à arroser régulièrement d’un verre d’eau fraîche, en la poursuivant dans nos paroisses ou nos communautés, nos mouvements avec, nous le dit Jésus, la perspective qu’elle ne sera pas sans récompense… visible ?