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Il eut faim et se leva

Sylvie TAMARELLE . 27 mars 2022

Étonnante modernité de cette parabole évangélique du jour souvent intitulée « le fils prodigue » c’est-à-dire dépensier, pour laquelle il est habituel de mettre en avant la miséricorde du père ; mais allons regarder du côté du plus jeune des deux fils.

Un jour ce dernier décide sans vergogne de couper le cordon ombilical et de partir loin vivre sa vie ! A-t-il déjà dans la tête de ne jamais revenir ? Toujours est-il qu’il demande sa part d’héritage, tel un dû. Une autonomie calculée en tout cas : pas si fou ! La liberté certes mais il faut de quoi l’assumer : on dirait le comportement arrogant d’un adolescent d’aujourd’hui… Symboliquement, il tue le père.

Il part loin, comme nombre de jeunes rêvent de partir au bout du monde pour « s’éclater », cherchant sans le savoir un sens à leur vie. Mais cette liberté vécue avec désinvolture va soudain avoir un prix à payer : c’est la faim et l’adversité qui soudain le ramènent à la réalité et lui permettent de se recentrer : « il rentra en lui-même et se dit… » Il relit alors les évènements de sa vie et paradoxalement il commence à se décentrer de lui-même : « j’ai pêché contre le ciel et envers toi. » Salutaire souffrance qui lui permet de penser à nouveau à son père même s’il est encore dans le registre de la culpabilité et de la rétribution : « je ne mérite pas. » Ce n’est évidemment pas glorieux de revenir chez soi parce qu’on a faim ! Cependant

il se lève…

Quelles sont les faims aujourd’hui qui nous mettent en action ? Quelles sont les « mauvaises » raisons qui parfois nous amènent à faire le bien ?

  • Collecte pour les populations ukrainiennes qui émigrent, victimes de violence, pour répondre à un sentiment de culpabilité face à notre confort devant notre télévision ou par compassion ?

  • Regain d’intérêt pour la foi catholique par peur d’être « dépassé » par le nombre de croyants musulmans ou par choix délibéré ?

  • Manifestation pour le climat par peur de l’avenir ou par conviction ?

  • Don à une association pour la recherche médicale parce qu’un proche est touché par la maladie…

Faut-il éprouver un manque, une souffrance pour se mettre en route ? Sûrement, car le confort, le bonheur, l’argent sont à haut potentiel d’enfermement. Mais avoir goûté, au moins une fois dans sa vie, la joie de contribuer au bonheur d’autrui est un autre moteur fondamental à cultiver. Alors ne boudons pas les bonnes comme les mauvaises raisons de faire du bien !

Le Seigneur nous veut vivant ! : « Mon fils qui était mort est retrouvé. »

Sylvie Tamarelle

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