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Étouffer le cri de l’exclu ou aller vers lui dans une relation d’être à être ?

Michel MENVIELLE . 25 octobre 2024

Dimanche 27 octobre 20242 – 30e dimanche du temps ordinaire – Mc 10, 46-52

Jésus sort de Jéricho, avec ses disciples et une foule considérable. Le fils de Timée, Bartimée, aveugle mendiant, est assis à l’extérieur du chemin. Situé dans une filiation, il est connu ; mais il est exclu de la vie sociale et économique.

Il entend que c’est Jésus le Nazaréen qui passe. Il se met à crier fortement : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » (v. 47) : Rabroué par beaucoup, il crie de plus belle. Jésus s’arrête. Il dit de l’appeler. Ils l’appellent : « Courage ! Réveille-toi ! Il t’appelle. » Il jette son vêtement au loin et s’élance vers Jésus. Jésus répond alors à son appel : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », et l’aveugle répond : « Rabbouni, voir de nouveau. » Le récit de la rencontre entre Jésus et l’aveugle va à l’essentiel : une question de Jésus qui permet à l’aveugle d’exprimer son désir. Jésus constate : « Va, ta confiance t’a sauvé. » Aussitôt, Bartimée voit de nouveau, et il fait route avec lui.

Que s’est-il passé ? Certainement pas une guérison surnaturelle. Je suis tout à fait certain que Jésus n’a jamais outrepassé les lois de la création. 

Marc nous fait ici récit d’une rencontre de Jésus et la foule qui l’accompagne avec un aveugle mendiant qui appelle au secours. 

Rencontre qui place ceux qui la vivent face à un choix : soit ignorer, soit entendre le cri de l’aveugle mendiant et lui enjoindre de se taire, soit entendre cet appel au secours et aller vers Bartimée. Nombreux sont ceux qui enjoignent sévèrement au mendiant de se taire. Certains, au contraire, en réponse à l’invitation de Jésus, appellent Bartimée avec bienveillance et humanité. Marc ne nous en dit pas plus. L’important est donc d’attirer l’attention des lecteurs sur la manière dont se comportent les uns et les autres. Soit ils enfoncent le-mendiant dans son exclusion en lui enjoignant de rester comme il est, là où il est et de « la fermer » (Luc précise que ce sont ceux qui marchaient en tête qui se comportent ainsi – 28,29), ou en ignorant son appel au secours. Soit ils aident Bartimée à se lever, à s’éveiller, à reprendre une place avec eux sur le chemin, à faire confiance aux forces de Vie qui l’habitent.

De tels récits de guérison sont présents dans chacun des quatre évangiles, signe de leur importance. Tout comme Jésus et ceux qui étaient avec lui, nous, lecteurs aujourd’hui, avons à choisir : soit ne pas entendre celui qui crie sa détresse ou – pire – le faire taire, soit, au contraire, accepter d’entendre son cri et l’accompagner en paroles et en actes sur son chemin de Vie. À chacun de choisir et d’agir en conséquence. Ces récits nous enseignent que chacun de nous peut le faire en posant gestes et paroles avec justesse, à la mesure de ses possibilités et des moyens dont il dispose là où il est. Collectivement, tels ceux qui, à l’invitation de Jésus, ont su changer leur regard sur le mendiant et aller vers Bartimée en lui parlant avec bienveillance et humanité. Individuellement, en écoutant l’autre avec empathie, en accueillant son appel à l’aide tel qu’il est formulé. Dans tous les cas, en laissant s’exprimer dans une relation « d’être à être » le souffle de Vie qui est en chacun de nous, souffle divin insufflé par YHWH-Élohim dans les narines de l’Adam (Gn 2, 7).

Crédit photo
Musée du couvent Sainte-Catherine d'Utrecht - Domaine public
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