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Dimanche 16 octobre 2022 – 29e dimanche du temps ordinaire – Lc 18, 1-8

La parabole de Jésus reflète une situation assez courante dans la Galilée de son époque. Un juge corrompu méprise avec arrogance une pauvre veuve qui demande justice. Le cas de la femme semble désespéré, car elle n’a pas d’homme pour la défendre. Cependant, loin de se résigner, elle continue à réclamer ses droits. Ce n’est qu’à la fin, agacé par tant d’insistance, que le juge finit par l’écouter.

Luc présente ce récit comme une exhortation à prier sans se « décourager », mais la parabole contient un message antérieur, très cher à Jésus. Ce juge est l’« antithèse » de Dieu, dont la justice consiste précisément à écouter les pauvres, les plus vulnérables.

Le symbole de la justice dans le monde gréco-romain était une femme qui, les yeux bandés, rendait un verdict supposé « impartial ». Selon Jésus, Dieu n’est pas ce genre de juge impartial. Il n’a pas les yeux bandés. Il connaît très bien les injustices faites aux faibles et sa miséricorde le fait pencher en leur faveur.

Cette « partialité » de la justice de Dieu envers les faibles est un scandale à nos oreilles bourgeoises, mais il est bon de la rappeler, car dans la société moderne, il existe une autre « partialité » de signe opposé : la justice favorise les puissants plus que les faibles. Comment Dieu ne serait-il pas du côté de ceux qui ne peuvent pas se défendre ?

Nous nous croyons progressistes, en défendant théoriquement que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », mais nous savons tous que c’est faux. Pour bénéficier de droits réels et effectifs, il est plus important de naître dans un pays puissant et riche que d’être une personne dans un pays pauvre.

Les démocraties modernes se soucient des pauvres, mais leur attention ne se porte pas sur les nécessiteux, mais sur le citoyen en général. Dans l’Église, des efforts sont faits pour soulager le sort des indigents, mais le centre de nos préoccupations n’est pas la souffrance des plus petits, mais la vie morale et religieuse des chrétiens. Il est bon que Jésus nous rappelle que ce sont les plus démunis qui occupent le cœur de Dieu.

Leur nom n’apparaît jamais dans les journaux. Personne ne leur cède le pas, où que ce soit. Ils n’ont pas de titres ou de comptes bancaires enviables, mais ils sont grands. Ils ne possèdent pas beaucoup de richesses, mais ils ont quelque chose qui ne s’achète pas avec de l’argent : la bonté, la capacité d’accueil, la tendresse et la compassion à l’égard des nécessiteux.
 

José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna

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