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Dimanche 29 septembre 2024 – 26e dimanche du temps ordinaire – Mc 9, 38-43.45.47-48

Catho-pride, il faudrait être fier de sa foi et la montrer. Et cela se montre comment la foi ? Ni par les paroles, les théories, la connaissance du catéchisme ou des Écritures, ni par la prière, mais seulement par la bonté, hesed en hébreu, que l’on traduit aussi par amour, charité, ou miséricorde. Même la générosité ne suffit pas.

On dira que tous peuvent être bons, qu’il n’est pas besoin de la foi. Assurément. En revanche nul ne peut se dire disciple qui ne sème la bonté. Il faut relire le si bel hymne à la charité : « J’aurais beau avoir la foi jusqu’à transporter les montagnes, donner ma fortune au pauvre, s’il manque l’amour, je ne suis rien. » Foi bel et bien morte dirait saint Jacques.

La bonté est le nom de Dieu : Dieu est amour. Il est moins tout-puissant que bon. « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur. » « Sa bonté s’étend d’âge en âge. » « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ta bonté. »

Personne ne peut confisquer la bonté, elle appartient à ceux qui la pratiquent et veulent la vivre avec tous. Il est aussi insensé et nuisible de se penser propriétaire de la foi que de la bonté. Ressemblent davantage à Dieu ceux qui, même l’ignorant voire le combattant, sont à l’image du Père de toute bonté que ceux qui se retrouvent pour prier ou qui assènent les règles de la vie selon les Écritures et à qui manque la charité.

Les scandales criminels de l’abbé Pierre le disent après beaucoup trop d’autres. Ce qu’il a fait de bien est renversé par ses crimes et délits qui, par-delà leur qualification juridique, sont des atteintes aux personnes, négation de la bonté. Nul n’est bon, nul n’aime qui écrase l’autre pour satisfaire ses besoins et perversions. Nul n’est disciple qui détruit autrui, même en allant à la messe tous les dimanches. Que les ministres qui veulent supprimer l’Aide Médicale d’État à ceux qui en ont effectivement besoin se le tiennent pour dit.

Celui qui est un scandale, une occasion de chute pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ton sexe est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer castré dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes organes génitaux, là où le feu ne s’éteint pas.

Il arrive que l’on revendique un héritage chrétien, une identité chrétienne de la France, de l’Europe. N’importe pas d’être ou non chrétien, mais de pratiquer la bonté. Vous avez remarqué le très drôle de verset : « Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. »

Celui qui fait preuve de bonté, on ne sait rien de sa foi. Le contexte laisse entendre qu’il n’est pas des disciples, qu’il ne partage pas l’appartenance au groupe identifié par son rapport à Jésus. Mais s’il reconnaît, respecte, se fait frère avec un disciple ou tout autre, il entre dans l’ordre de la grâce, la vie donnée, le Royaume. Nous voyons cela tous les jours, si nous voulons bien ouvrir les yeux. La société ne nous fait pas vivre la croix, à nous pauvres chrétiens méprisés. Nous devons nous positionner de telle sorte que ce soit pour l’autre un impératif voire une joie d’offrir un simple verre d’eau. Et si nous sommes disciples, nous verrons en outre que ce n’est pas à nous qu’il est offert, ce verre, mais à celui auquel nous voulons appartenir.

Ouvrir les yeux sur tant de gestes, de la part de croyants d’autres religions, spécialement de l’Islam, ou de non-croyants. C’est sûr que si nous arrivons avec la fierté agressive d’en être, nous, nous empêchons la bonté. Ce n’est pas le monde qui nous en veut ; c’est nous qui empêchons autre chose que les rapports de violence.

Le disciple arrive démuni, il n’a pas même de verre d’eau. Il est pris en pitié (hesed) et on lui offre. Il ne sert à rien de n’avoir pas même d’eau si l’on est encombré par ses convictions. Quelles sont nos convictions comme disciples ? Nous épuiserions la possibilité de la bonté au point de la dénier aux autres, de la confisquer ? « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Pour être bon, il nous faudrait que les autres ne le soient pas ? L’évangile n’est pas une chasse gardée, une forteresse agressée à défendre. Nous ne sommes pas le Royaume, nous autres disciples, Église. Puissions-nous ne pas l’empêcher ce Royaume. Il nous est juste demandé de l’annoncer en en étant ferment. Vivre de telle sorte que cela libère la bonté, la nôtre, la bonté des gens, la bonté chez les gens, et le Royaume advient. 

Crédit photo
photo personnelle des fresques de l'église de Sucevita, en Roumanie, fin XVIe
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