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Dimanche 4 décembre 2022 – 2e dimanche de l’Avent – Mt 3, 1-12

Mais où ai-je pu lire ces mots brulants d’actualité : « Tous sont des malhonnêtes, du plus petit au plus grand : prophètes ou prêtres, tous mentent. Ils ne font que couvrir la blessure de mon peuple et promettent la paix, alors qu’il n’y a pas de paix. Ils ne rougissent pas de commettre ces horreurs car ils ne savent même plus rougir, ils ne savent plus ce qu’est la honte » ? Ah oui, dans le livre de Jérémie écrit six siècles avant Jésus-Christ…

Tout comme Jérémie, dans le récit de ce jour Jean le Baptiste est en colère ! « Engeance de vipères ! » Il est de la lignée de ces prophètes qui ne cessent de dénoncer les crimes, les injustices, les hypocrisies et prêtent leur parole à la colère de Dieu. « Et moi je suis rempli de la colère de Yahvé, je n’en peux plus de la retenir. » (Jr 6 ,11) Cette colère semble même le moteur de leur prédication ou tout du moins leur pédagogie préférée.

 

Le récit en Mathieu 3 fait surgir Jean le Baptiste du milieu du désert, lieu de la présence de Dieu par excellence. Dernier prophète de l’ancien testament il annonce, tel un hérault, celui qui va venir après lui, plus fort que lui, qui baptisera dans le souffle de l’Esprit et dans le feu. Il pressent que ce baptême fera plonger plus radicalement dans la lumière et la respiration de Dieu. C’est du messie qu’il parle et l’annonce qu’il fait de Jésus est à la hauteur de sa nature volcanique : Jésus est montré comme un justicier apocalyptique des derniers temps, « il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas ».

Et la maison « Église » brûle aujourd’hui. La colère aussi est là, chez bon nombre de catholiques.

Un an après le rapport de la CIASE, les annonces d’abus dans l’Église par des clercs se poursuivent, les silences coupables se répètent. Ces contre-témoignages destructeurs d’hommes ayant autorité, sensés annoncer l’amour de Dieu et dont l’ampleur donne la nausée, semblent ne déclencher aucune prise de conscience du désastre qui s’opère dans l’Église et en dehors de celle-ci. Comment annoncer le trésor de la bonne nouvelle de Jésus Christ venu endosser nos souffrances quand par ailleurs tous ces scandales éclatent et révoltent ceux qui en sont témoins désormais grâce aux médias ? N’aurions-nous plus le choix qu’entre colère, désespoir ou fuite ?

Une autre voie s’offre à nous : revenir avec détermination à la source, Jésus Christ ! Regardons-le dans les Écritures parler en vérité, agir, guérir.

Lui aussi en s’incarnant a fait l’expérience de la colère (lorsqu’il chasse les marchands du temple) et du désespoir sur la croix (« Mon dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ») Mais inlassablement il se tourne vers son Père. Résolument il rejette les tentations.

En ce temps d’Avent, explorons à nouveau le mystère de sa venue dans notre monde abimé, cette folie de Dieu qui s’incarne dans cet enfant nouveau-né, pour y puiser force et inspiration. Oui, approchons-nous de lui, pour consolider notre cœur !

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