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Dimanche 18 juin 2023 – 11e dimanche du temps ordinaire – Ex 19, 2-6a ; Ps 99,1-3.5 ; Mt 9, 36-10,8

Trop souvent la compréhension de ce passage de l’Évangile de Matthieu, désigné comme « l’appel des Douze », est terriblement cléricale ; on l’entend comme « donne-nous les prêtres dont nous avons besoin… ». Par ailleurs, nous entendons dans l’Exode parler d’un royaume de prêtres, cela pourrait nous conforter dans cette interprétation. Heureusement la Parole de Dieu nous invite à élargir l’horizon, à mieux écouter pour bien entendre.

Certes, nous demandons dans le Notre Père : « que ton Règne vienne. » Ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas d’un royaume de curés… mais d’un appel adressé à tout le peuple à exercer la mission de « proclamer que le royaume des Cieux est tout proche ».

Pour authentifier cette proclamation Jésus remet à ceux qui ne sont encore qu’une poignée de disciples, « le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité ». Dans un mouvement de confiance infinie, il élève ses disciples à être comme d’autres lui-même, des apôtres chargés de transmettre la Bonne Nouvelle. On pourrait dire, non sans un certain vertige : pour que l’amour de Dieu se manifeste pleinement, il faut que l’homme se déploie dans toute sa grandeur…. Nous sommes appelés à être bonne nouvelle de Dieu. Quelle mission !

Toute sa vie Jésus fut discrétion. Trente ans de charpente, trois ans de paroles. Quand s’incarne la Parole de Dieu, elle commence par se taire durant 30 années ! « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? » demandent les mages. Tellement discret qu’il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reconnu. Tellement discret qu’après sa Résurrection, leurs yeux furent incapables de le reconnaître.

À l’heure où tout se voit (voyeurisme), la discrétion n’est pas tellement une notion à la mode, même parfois chez les disciples d’aujourd’hui ! Mission d’être discrètement présent au monde comme le blé enfoui dans la terre, la graine de sénevé, le levain dans la pâte, une brise légère.

Notre Dieu n’est pas tout-puissant, l’a -t-il jamais été ailleurs que dans notre imagination ? Notre Dieu est plein de discrétion envers les humains, il se fait murmure, compagnon de bout de chemin. Il préfère être du côté de ces millions de souffrants, de méprisés, rejetés, blessés, persécutés, migrants, en exode vers une terre d’accueil. Pour ce peuple de « déclassés », on pourrait réécrire ce qu’une femme juive écrivait en juillet 42, juste avant son exécution à Auschwitz : « C’est à nous, Dieu, de t’aider et de défendre jusqu’au bout ton choix d’être non-puissant, toi qui habites en nous. »

Miracle de l’Amour, renversement de perspective, Bonne Nouvelle !

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