Chers amis, adhérents et sympathisants,
Alors que nous allons tenir nos assises sur le thème « Coresponsables pour agir », il est bon de commencer par faire un point de situation.
Cette année restera dans les chroniques de l’Église : les chrétiens de tous les continents ont été appelés à contribuer à la phase préparatoire du synode des évêques sur la synodalité. Cette initiative du pape en direction des baptisés est le lointain écho d’une tradition ancienne, vigoureuse et constitutive de l’Église. Cette consultation générale est portée par la tragédie des crimes et des abus, mais aussi par un mouvement d’ouverture aux baptisés et d’écoute venu avec François. Si l’accueil de cette initiative a varié selon les « sensibilités ecclésiales » et la bonne volonté des pasteurs, la mobilisation des baptisés a fait bouger les lignes dans de nombreux diocèses. N’oublions pas que la CCBF et son réseau ont pleinement joué leur rôle, garantissant publiquement, dès la nouvelle connue, la diffusion fidèle et transparente des réponses au questionnaire qui leur seraient adressées, et cela jusqu’à Rome. La conscience vive du baptême comme coresponsabilité en acte a joué son rôle, générant constats et propositions, apports soutenus par le travail de nombreuses autres Églises, comme celles d’Allemagne, d’Irlande, d’Australie, et des innombrables groupes de baptisés qui sont au travail.
D’innombrables chrétiens, ancrés en Christ, qui ne cherchent pas d’abord des sécurités, vivent et témoignent sur le mode de l’Exode comme chemin de Vie et manière d’être au monde. Toutes générations confondues, ils ne sont pas ou peu pris en compte par l’institution, encore captive de logiques de gestions du petit nombre. Ils œuvrent « ailleurs », à l’aise dans la diversité ; ils sont précieux pour la permanence chrétienne et actifs à la CCBF, avec un besoin puissant de rencontres et de fraternité ; ils exercent, avec d’autres, cette coresponsabilité baptismale qui les habite.
Dans les mois à venir, il y aura des joies et des déceptions. Mais les temps ont changé : toutes ces contributions ne pourront être effacées des mémoires, des intelligences et des cœurs. Aussi, ne pas faire de cette somme de travaux et d’expériences le cœur des débats et des arbitrages du Synode, qui se doit d’être orienté vers l’avenir, c’est risquer non seulement une nouvelle fuite silencieuse de catholiques, mais une séparation durable avec ce monde où précisément l’Église doit témoigner de plus grand qu’elle. Parce que l’Église ne peut se le permettre sans faillir, toutes les Églises en dialogue, tous les contributeurs, tous les témoins ont en quelque sorte déjà gagné la partie dans la liberté de l’Esprit.
Après le temps des constats et des propositions vient celui des actes concrets à discerner et à poser tous ensemble où que nous soyons.
Au cours de ces Assises 2022 seront offerts à notre sagacité une suite de constats et de perspectives, tous affirmés et différents, à chaque fois suivis d’un temps de questions-réponses. Christoph Théobald, Danièle Hervieu Léger, Jean Louis Schlegel, Jean François Bouthors et Marie Derain de Vaucresson vont accompagner l’effort de pensée individuel et collectif sans lequel rien n’avance, et qui est un des marqueurs de la CCBF. Forts de cette coresponsabilité baptismale, personnelle et collective, incompatible avec l’attentisme, le réseau CCBF grâce à sa singularité promeut concrètement la fin des pratiques de gouvernance dissonantes ou, quand règne la peur, génère des groupes innovants. En somme, pour enrayer définitivement la machine à produire des abus, où qu’ils soient, concentrons-nous, ensemble, sur la construction de solutions. Dans l’après-midi, nous vous présenterons de nouvelles initiatives et outils ; à chacun, à chaque groupe de les enrichir, de les adapter à son contexte local et de les partager généreusement. Invitons-nous mutuellement à la coresponsabilité en action là où nous sommes : l’année qui s’annonce, Christ au centre, ne sera certes pas celle de la passivité…
Paule Zellitch, pour la conférence des baptisé.e.s présidente