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3 à 0 : trop fort !

Sylvie TAMARELLE . 25 février 2023

Dimanche 26 février 2021 – 1er dimanche de Carême – Gn 9, 8-15 ; Ps 24 (25) ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 4, 1-11

Jésus a gagné sans conteste contre Satan qui vient par trois fois de le défier dans le récit de ce jour ! « Si tu es le fils de Dieu… » Victoire normale, il est fils de Dieu ! On vient de l’apprendre par la voix même de Dieu lors de son baptême dans les eaux du Jourdain : « Celui-ci est mon fils, mon bien aimé. » Mais est-il vraiment question de cela ?

Il y a manière et manière d’être fils de Dieu.

Jésus ne revendique d’ailleurs pas ce titre comme on le ferait d’un trophée. C’est pour lui une filiation si intime, si forte, qu’il a sans doute nourrie pendant ses 30 premières années de vie, qu’il ne va cesser de parler de Dieu qu’il ose nommer « mon Père ». Il nous apprendra aussi à l’appeler « Notre Père », nous révélant ainsi notre qualité de fils de Dieu. Si bien que les manigances du diable auprès de Jésus pourraient tout aussi bien s’adresser à nous ; rappelez-vous cette parole du serpent à l’humain en Genèse 3 : « vous serez comme des dieux ! » en mangeant du fruit interdit. Tentation originelle qui nous colle à la peau ! Mais qui a-t-il de mal à transformer quelques pierres en pain quand on a faim ? Ça ne détruit pas la planète, ça ne s’ébruitera pas, il n’y a personne alentour… Qui a-t-il de mal à sauter du haut d’une montagne si Dieu envoie ses anges ? Défier la mort, est-ce que ça lèse quelqu’un ? Qu’y a-t-il de mal à revendiquer pour soi une nation si on l’a reçue en héritage ?

Quelques indices nous sont donnés  pour discerner :

« Jésus est conduit par l’Esprit. » Peut-on y entendre que la fidélité de Dieu l’accompagne mais que c’est à Jésus de mener son propre combat ? Il vient de vivre « 40 jours et 40 nuits au désert », seul : c’est le temps du manque, de l’épreuve. C’est symboliquement aussi le lieu idéal du cœur à cœur avec Dieu, du discernement. Un temps pour méditer, prier, se nourrir de la parole de Dieu, éprouver la confiance. En tout cas c’est en situation de vulnérabilité, pleinement homme (car il a jeûné, précise le récit), qu’il se trouve face à l’adversaire.

Est-ce une simple joute verbale où des citations bibliques issues des Psaumes, du Deutéronome, sont lancées à l’assaut les unes des autres, le meilleur argumenteur gagnant sur l’autre ? L’enjeu est plus grand : le bien nommé « diviseur » tente de rompre le lien entre Dieu et son fils, il pervertit la parole pour justifier ses demandes, camouflant la tentation d’autosuffisance, de toute puissance et de domination. Mais Jésus gagne car sa force, c’est le seigneur Dieu, qu’il côtoie à travers sa parole qui l’éclaire, qu’il refuse d’instrumentaliser à son profit, qu’il reconnaît comme seul digne d’adoration. Toutes ces voies nous sont offertes dans notre relation à Dieu.

St Exupéry avec ses mots d’écrivain traduit ainsi sa propre expérience : « J’ai aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien, on n’entend rien et cependant quelque chose rayonne en silence. »

Et si en ce temps de carême nous cherchions notre dune de sable…

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