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Auteur
Laure PASTOUREAU


Dimanche 8 août 2021 – 19e dimanche du temps ordinaire – 1R 19, 4-8 ; Ep 4, 30-5, 2 ; Jn 6, 41-51

Nous lisons le discours sur le Pain de Vie, de dimanche en dimanche, et comme chaque mot est compté dans la Bible, sa longueur prend un surcroît de sens et aiguise notre attention.

Ce discours sur la vie éternelle, Jésus le tient alors qu’il a accompli un signe, la multiplication des pains pour nourrir une foule qui le suivait. Et maintenant il donne le sens de ce signe, c’est son versant herméneutique. Car le but de Jésus n’est pas de nourrir quantités de foules, ni de jouer à l’anti-héros qui ménage ses effets après avoir accompli un miracle. Son but est que soit compris et cru ce que son geste d’immense charité gratuite annonce. 

Jésus, en pleine synagogue de Capharnaüm, alors qu’il a transformé l’eau en vin au commencement de sa vie publique et qu’il vient de multiplier les pains, enseigne un discours nouveau. « Je suis le pain vivant descendu du ciel. » Quel mystère ! Pour se faire comprendre, Jésus se réfère à l’action de Dieu, bien connue des croyants de l’époque, qui a nourri son peuple au désert, durant l’exode, avec un pain « tombé du ciel ». De même Dieu a nourri son prophète Élie, qui était au bout de sa vie, alors qu’il marchait seul vers la montagne de Dieu (1ère lecture). Mais ce qu’offre Jésus, le Christ descendu du ciel, accomplit et dépasse ce que donne toute nourriture pour traverser ou se relever, aussi céleste ou angélique soit-elle. Car « qui mange de ce pain vivra éternellement ». Cette promesse vaut après la mort mais encore dès maintenant ; dans nos relations, la vie peut renaître. Cela est possible car Jésus se donne lui-même, non d’une manière biologique, mais d’une manière vitale. Voici que la Pâque est proche, et Jésus vient d’annoncer l’Eucharistie, communion à la vie divine.

Quel écho dans nos vies aujourd’hui ? Entendons deux appels. Le premier, tout en ravivant notre foi en la présence réelle, consiste à ne pas sur-sacraliser l’hostie, et en aucune façon le ministre qui l’a consacrée, veillant à prêter attention à ceux et celles qui nous entourent. Saint Paul nous dit (2nde lecture) : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse, vivez dans l’amour comme le Christ nous a aimés. » Le juste rapport à l’Eucharistie se vérifie par la pratique de cette charité qui espère, donne et pardonne. Le second appel concerne l’ouverture très large de Jésus : après avoir nourri une grande foule sans distinction, il annonce qu’il donne sa vie « pour la vie du monde », soit pour chacune et chacun. « Personne ne peut venir à lui si le Père ne l’attire », alors que l’institution n’y mette pas obstacle ! Lors du prochain synode, nous sommes invités à oser une parole pour que s’ouvrent les portes de l’Église aux diversités de notre société. En la fête de saint Dominique, homme de dialogue, avec Véronique Margron, « plaidons pour le style d’une présence chrétienne qui sache faire place à de nouveaux venus. Quittons le monde de l’entre-soi ». Alors jaillira une étincelle de vie éternelle.
 

Laure PASTOUREAU