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Théodore Monod disait « ma foi est celle des chrétiens d’avant 385 ? J’ai cette foi, pas plus, je ne veux pas ajouter chaque fois des choses ». Le dernier dogme date de Pie XII et un nouveau, mariolâtre, se prépare aux États-Unis.

Quelle est l’idée de ta vocation, et qu’en as-tu fait ? Bien des prêtres sont « partis » vers les années 59-62, j’étais en pension alors, et la moitié sont partis ...
… pour de « fausses raisons » souvent, ils ont profité d’un courant d’air.
J’ai connu un jeune séminariste qui, avant d’être ordonné va voir son évêque et lui dit « Monseigneur, j’ai 25 ans, je suis prêt à vous donner 15 années de ma vie, je vais obéir, je n’aurais aucun rapport sexuel avec homme ou femme, vous n’aurez aucun souci avec moi. Mais dans 15 ans, je ne sais pas qui je serai et je reviendrai vous revoir ». L’évêque l’a mis dehors, il ne pouvait pas accepter. C’est vrai qu’il avait l’humilité ce jeune homme, alors que des hommes qui ont été toute leur vie père et mari, arrivés à 80 ans se mettent à faire les fous… J’aime beaucoup la phrase du Pape François : « Qui suis-je pour le juger ? »

Donc, sur la trame de ton parcours ?
Né en juillet 1937 à Neuilly. Baptisé à Saint-Jean Baptiste de Neuilly. Nous étions deux enfants, frères. Je suis  Français  et  Suisse,  de  Paris  et  Genève.  Mon  père  était  contremaître  chez  Renault,  maman  sans profession. En 1939 papa a été envoyé au Mans et j’ai été scolarisé à Sainte Croix du Mans chez les jésuites, puis juvénat à Dinan 52-55 communauté de Ste Croix. 56-58, noviciat au grand séminaire de Montréal, 2 ans de  philosophie et  deux  de  théologie. J’ai  quitté librement  fin 1958, parce  que  le  temps  de  réflexion personnelle était trop réduit au profit d’activités très prenantes comme celles confiées en paroisse aux vicaires. Puis j’ai enseigné la musique à partir de 1959, jusqu’en 1993, au conservatoire populaire de Genève, 5000 élèves. Et je suis entré dans l’Église d’Orient en 1992.
J’ai été élève -à titre privé- de l’abbé Maurice Zundel durant trois ans à Genève, il vivait seul dans une petite maison. Un grand théologien, flamboyant, mis à la porte par son évêque, repêché par Paul VI qui lui demanda de prêcher au Vatican pendant le concile. Il est mort presque dans la misère, mangeait chez les sœurs, prêchait quelques retraites. Nous conversions les uns avec les autres dans sa petite maison, en petit groupe, rien à voir avec l’enseignement d’en haut. Cette formation par l’échange m’a été précieuse. Tu regarderas sur Google, tu verras, ça vaut la peine …

Pour toi, c’est un maître. Y en a-t-il eu d’autres, religieux, profanes ?
Oui, il y a « le Prophète » de Khalil Gibran. Je te donne le livre, tu verras, c’est un évangile. Je l’ai envoyé 20 fois à des gens en quête spirituelle : Parlez-nous de … nos enfants : « ils ne sont pas nos enfants », de l’amour …, du travail …, du bonheur …, des maisons …, de la liberté …, de la maladie, …

Merci. Ah, avec une préface d’Amin Maalouf en plus.
Oui. Il y a aussi mon oncle Georges, prêtre à Genève. Il a été mon père spirituel jusqu’à sa mort.
Et aussi le belge Louis Evely, prêtre qui a quitté la soutane en 1968 pour ouvrir des maisons de ressourcement spirituel, pour recevoir des gens, des moines qui quittaient leur couvent et qu’il accueillait pour les aider à se refaire, un phare : « le temple de Dieu c’est l’homme », « je ne crois pas à la vie future je ne crois qu’à la vie éternelle ». Il a un « Notre Père » magnifique. Il est mort, sa femme Marie a continué et continue je crois. Il a vu et aidé beaucoup de gens, par la simple écoute, l’échange serein.
J’ai eu des prêtres, en France, en Italie, on en parlera tout à l’heure.

Je te raconte une anecdote qui restera entre nous …

… pas sûr, …
… donc, une femme la cinquantaine, présente à un stage requiem de Mozart, tu étais là je crois. Elle vient me voir après 4 jours de travail « je peux vous dire quelque chose ? Demain matin je vais chez le docteur, j’ai un problème grave, je crois que je vais être opérée parce que je ne vois rien » Puis, elle me téléphone :
« il n’opère pas, j’ai tellement travaillé, j’y ai mis tant d’ardeur avec vous tous, qu’il n’est plus nécessaire d’opérer, y a comme un miracle ». C’est petit, c’est rien, et pourtant c’est fantastique ! On est le serviteur inutile, mais pas totalement, on peut être indispensable, sans toujours le savoir, il faut l’accepter quoi.

Appartenance à une communauté religieuse.
J’ai été dans une communauté religieuse, pendant 6 ans (1952-1958), la congrégation de Sainte Croix à Montréal et présente aussi au Mans, à Paris (St Michel de Picpus), Rome, missions. Je suis parti, non parce que je voulais me marier -pas du tout, pas du tout- mais parce que j’attendais une formation qu’on ne me l’a pas donnée. On m’a demandé de bosser comme un vicaire, à 21 ans, « t’es musicien ! » on te confie deux chorales, tu montes deux messes par dimanche. Mais ce n’est pas ce que je voulais. Je voulais de la spiritualité, je voulais approfondir la philo et la théologie. Ils n’ont pas compris, … alors, je suis parti. Ils avaient pourtant préparé un chemin « tu seras supérieur du séminaire … » … Ainsi, sans le savoir, ils m’ont montré mon chemin d’éveil spirituel par la musique. Ils ont pleuré quand je suis parti…

Tu es parti ? Parti, parti ! Tu as rejoint l’Église chaldéenne, …
Je n’ai pas quitté l’Église Catholique alors, c’est venu plus tard, en 1992. En 1992 j’ai rejoint l’Église apostolique Assyrienne de l’est. Elle n’est pas rattachée aux chaldéens qui ont rejoint l’Église romaine vers
1688, le patriarche a vu le Pape, a été nommé cardinal, et de retour a dit « on est romain et on garde notre foi, sans question de dogme ou autre ». La foi d’origine c’est Marie Christotokos et non Théotokos. Il y a un problème théologique intéressant sur Jésus Dieu ou fils de Dieu. À ce sujet les textes de Paul ne sont pas faciles à manier. Il y avait alors non pas un mais des patriarches.
En 1982, c’est important, je suis entré dans l’ordre chevaleresque portugais l’OSMTH (ordre souverain militaire  du  temple  de  Jérusalem).  J’ai  repris  l’étude  des  textes,  j’ai  découvert  la  place  cachée  de l’ésotérisme dans la religion. Un exemple, Pie XII fixe le dogme de l’assomption -pas nécessaire à mon avis- la date a été choisie sur la base de la date de passage du « chariot de la vierge » derrière le soleil, le 15 août : Marie retourne à Dieu, l’image est belle, mais aucun prêtre n’en disait un mot. Le christianisme est rempli d’ésotérisme qui provient des religions préchrétiennes (Assyrie, Iran, Babylone, …).
Le poids de l’ésotérisme est important. Si tu en parles avec des amis, ils partent en courant. Ils ont leur foi, ils n’ont pas envie d’entendre ...

J’ai aussi tenté d’aborder des sujets religieux avec eux. J’ai compris qu’ils ne souhaitaient pas être dérangés.
Oui, c’est vrai, chapeau.
1990, rencontre à Milan de l’Église orthodoxe de Kiev. Ils ne sont pas unis du tous les orthodoxes ! Le prêtre me dit avoir une branche assyrienne, mais il faut d’abord que tu te maries dans l’Église. J’étais marié, avais des enfants. N… et moi nous nous sommes mariés en 1992. Ainsi, j’ai pu, après avoir été ordonné, marier des Assyriens en secondes noces.

Ça, c’est pour toi, il y a un dossier sur l’office des secondes noces. Lis, c’est extrêmement intéressant. J’ai été ordonnée diacre en 1992, puis ordonné prêtre en 1993.
Parallèlement, en  1993, j’ouvre à  Genève puis  dans l’Ain l’association FSO (fraternité sacerdotale œcuménique), avec des baptisés de 12 confessions chrétiennes distinctes, 100 membres venus de Suède Hongrie, Italie, France, Angleterre, Allemagne, Suisse, ... jusqu’en 2000. Études, retraites presque hebdomadaires, ordinations mineures. On a engagé des formations de lecteurs, acolytes, en vue d’aller jusqu’au diaconat pour les femmes. Quatre femmes avaient reçu cela.

Et vous étiez combien pour assurer l’enseignement ?
On était dix, avec pasteurs, prêtres anglicans, ... Forcément le curé de Paroisse qui n’avait plus personne dans son église n’était pas très content. Avec l’évêque G. Bagnard, on a été amis jusqu’au jour où j’ai ouvert une petite chapelle, bien remplie. On a arrêté en 2000, car les Suisses ne venaient pas, mais les liens existent toujours : prières, méditations, liturgie, revisiter les évangiles. Je leur ai fait découvrir Chouraqui -ancien maire adjoint de Jérusalem- l’araméen, loin de traductions qui ont abimé les textes.

Avec ces 12 confessions, tu es dans le symbole ?
Oui, en plein, … des apôtres. Il y avait des calvinistes, luthériens, anglicans, presbytériens, orthodoxes, assyriens, romains, épiscopaliens, hongrois … jusqu’en 2000. L’œcuménisme à Genève existe, en France c’est maigre.

En Allemagne aussi l’œcuménisme est naturel.
Mon ami prêtre italien Ottavio, responsable de la communauté italienne du canton de Vaud (18000 personnes), m’a parlé il y a deux ans de l’invitation reçue par sa communauté de la part de la communauté protestante de la cathédrale Notre-Dame de Lausanne (2 pasteurs, petite communauté vieillissante). Chaque année cette petite communauté protestante invite une communauté différente pour la semaine œcuménique. Ottavio m’a demandé de venir chanter, … nous avons repris en partie les Vêpres à la vierge de Monteverdi qu’on avait chantés à Venise l’année d’avant, … on a été reçus magnifiquement, il y eut 400 personnes dans cette cathédrale de 103m de nef habituée à abriter quarante personnes. Le pasteur nous a dit « on va fermer, les gens ne viennent plus », ils sont devant la télé, catholiques ou protestants, … à part les Italiens. Ottavio a eu 18 adultes confirmés cette année-là.

Ça me rappelle ma jeunesse en 58.
Moi, quand j’ai été confirmé, en 51, à la cathédrale du Mans, on était quarante, je me rappelle, j’étais grand clerc alors, l’archevêque était là, …
Ce qui est important, c’est ma vocation en deux temps. Une fois quand j’ai 12 ans, j’en sors en 58 à 21.
Puis je retombe dans la même chose, second appel, en 1990 à 53 ans quand mon ami de Milan me dit voilà, j’ai besoin de toi pour cette Église.
J’avais ma famille, nos trois enfants. De la part de ma femme et de nos enfants qui ont accepté, ce fut énorme, je prenais le train Genève-Milan chaque semaine, là-bas ils pressaient le citron, c’était rude. Mon patriarche m’ordonna, me nomma Chrysostome en disant « tu dois parler, chanter et faire de la direction spirituelle ». Tout alla bien jusqu’à la mort de mon ami évêque quand l’archevêque me dit « tu prends sa suite, tu viens à Milan, tu seras évêque en charge de Milan, Turin, … mais tu me signes un petit papier, qui restera entre nous -on s’en fout- comme quoi tu es chaste, pas marié, pas d’enfants ! ». C’était en 2000, il voulait absolument réunir les petites Églises d’Orient, coptes d’Égypte, du Liban … mais il lui fallait des évêques. J’ai dit, je veux bien, mais sans mensonge, faire semblant de ... J’ai dit non. J’ai gardé mon obédience, ma foi. Mon service, mon ministère, je l’ai transformé. Toi qui m’as assez vu agir, tu sais. La musique sacrée pour moi est un véhicule de prière, elle conduit à se poser des questions. Par exemple un ami m’a dit, tu m’as conduit à relire la Bible. Je n’obligeais pas à croire, je montrais, c’est tout.

Je crois, sauf exception, que nous avons tous compris, ceux qui ont chanté avec toi, ce qui t’anime.
Une chose très importante pour moi : la foi n’est pas un but, elle est un moteur. J’étudie beaucoup les textes anciens, je relis le théologien allemand Rudolf Bultmann (1884-1976). Il raconte la lutte, comme théologien, contre le nazisme, les querelles intestines chez les luthériens entre ceux qui pactisent pour survivre et ceux qui refusent car ce qui compte c’est l’Évangile. Il y en a qui sont morts, mais la société, la théologie ont beaucoup bougé à cause de cela. On voit dans les évangiles tardifs la pensée grecque, Paul, Luc et Jean ne sont plus juifs, ils sont grecs, et l’Église a quitté ses fondements araméens et judéens pour accepter tout ça, ensuite tout est monté en angéologie.

C’est géant, mais Jean est tout de même le plus juif des trois.
Oui, exactement. Mais l’apocalypse n’a rien d’évangélique, rien. J’ai étudié beaucoup l’apocalypse, j’ai fait des conférences dessus. Ma pensée finale est qu’il y a plusieurs apocalypses. Il y en a une juive, d’avant Jésus, c’est toujours le retour, en gloire, il y a encore des chrétiens qui attendent la parousie, il faut soutenir l’espérance. Les juifs n’existent encore que parce qu’ils attendent toujours le messie, ils voudraient reconstruire le temple de Jérusalem, alors que Jésus a dit « le temple, on n’en a plus besoin ». Dieu n’est pas que pour les juifs mais pour le monde entier, c’est la réponse de Jésus à la Samaritaine « ne t’occupes pas si tu veux aller au mont Gazizim et moi à Jérusalem, en esprit et en vérité tu dois adorer Dieu ». C’est la grande réponse, la grande réponse.

Les plus belles pages d’évangiles, tu dis quoi ?
… oh, … maintenant c’est le prologue de Jean pour moi.
Il y a des choses énormes en théologie dans Paul, des choses qui le dépassent. C’est ce que Bultmann relève avec Heidegger et les philosophes allemands, ce que les Français ont mis de côté. Là, il y a une pensée dans Paul extraordinaire, mais il va sortir des monstruosités sur l’ambivalence de Jésus, homme, christ, roi ; qu’est-ce qui est historique ?
Alors, … je vais te dire un truc, j’ai 77 ans, j’ai passé 55 ans à chercher l’historicité des évangiles.
Quand on fait un pèlerinage en Israël … j’y ai été trois fois pour des concerts surtout, on nous montre tout, mais on sait que tout est faux, tout est faux, et ce n’est pas important, que de détails, le chemin qu’il aurait pris, ... Que cet homme, prophète, guérisseur, thaumaturge soit mort crucifié, c’est vrai, mais les détails, … On sait très bien qu’entre le jeudi soir et le vendredi sur la croix, il n’a pas pu se passer tout cela, il y a des jours de plus, au moins un jour. On nous ment, tout le temps. La crucifixion, qui a sûrement existé, a été une petite chose dans l’histoire, … Un jour en Galilée, les romains ont crucifié 2000 personnes à la fois, ils n’avaient pas peur de crucifier; là ils sont trois avec les larrons. 2000 croix pour réprimer un soulèvement fomenté par un Jeshua, un faux messie, 30 ans avant Jésus.
Il y a un constat dans Bultmann très intéressant : l’histoire réelle, c’est la foi des disciples en la mort et la résurrection de Jésus pour la porter dans le monde, le reste, on n’en sait rien. Les apôtres n’étaient pas là, ils avaient foutu le camp. Tout le monde dit « ils étaient cachés », une peur au ventre extraordinaire, ils sont ressortis petit à petit, … Dans les Actes -qu’on ne lit pas assez- les apôtres, Jacques, Jean, Etienne, …, ils étaient au temple pour le sabbat. Le dimanche matin, ils font la fraction du pain, mais ils font le sabbat, ils sont des prêtres du temple. L’Église n’a pas été une communauté énorme, quelques-uns petit à petit … puis Paul a mis ses grands pieds dedans… En 39-40 à Antioche la prise de bec fut terrible, terrible, très dur. Et Paul a dit non ! Non on peut être chrétien sans être juif d’abord. La première querelle c’est la première rencontre des « colonnes », les premiers apôtres survivants. Tout ça pour te dire que la foi est un moteur pour arriver à l’essentiel qui est le message d’amour.
Dans mon texte sur les religions entre Moïse …, tu verras Moïse est « l’amour de la Loi, Jésus la loi d’Amour », ce n’est pas pareil, … Quelques cheminements qui ont été possible. D’abord, au noviciat, on m’a fait lire en deux ans « l’histoire d’une âme de Thérèse de Lisieux ». À 19 ans, le mariage mystique, c’était mal venu, je ne rentrais pas là-dedans, je ne pouvais pas.

On ne te faisait pas lire le journal d’Anne Franck ? C’eut été différent.
Non, pas du tout. On m’aurait fait lire ce que je t’ai dit tout à l’heure, oui, ou Augustin, oui, ou Thérèse d’Avila oui, ou Ignace de Loyola oui. Mais là « histoire d’une âme », non je ne rentrais pas là-dedans, c’est rude.
Thérèse d’Avila dit qu’il y a amor, l’amour humain, affectus dilectus qui est déjà le sentiment vers l’autre, j’ai ajouté d’Ignace claritas, la clarification -avant d’aimer il faut que l’épée tranche- c’est la chevalerie chrétienne Ignace. Ensuite caritas, tout ça est possible, ensuite enfin unitas, le retour en Dieu. La foi est un moteur Agos, différente du but qu’est l’unitas.
Pendant 50 ans j’ai cherché l’historicité -Jésus, les évangiles, les conciles, les textes, les divergences dans l’histoire, Paul, Pierre, les juifs et les païens, la pensée grecque qui arrive. Et puis surtout, … ce qui est épouvantable dans les problèmes depuis 2000 ans, le pouvoir, les rituels, le remplissage par des pensées non chrétiennes. L’histoire de l’Église fourmille d’ajouts assyriens, chaldéens, scythes, …

Tu veux dire que la tradition est encombrée d’un mélange …
On n’a pas arrêté d’ajouter. Et on a transformé l’Assyrie. Tout ce qui est le monde des anges par exemple, n’a rien à voir avec Jésus.

Ça m’a frappé.
Comment tu sais ?

En Turquie, les tombes lyciennes troglodytes ornées de sculptures représentant l’âme s’envolant ailes déployées.
Oui, et les deux anges qui gardent le temple.
L’idée du temple, c’est l’Égypte, le grand architecte de Sir et Sidon qui a construit le temple de Jérusalem c’est l’Égypte. Et ils veulent en faire un troisième, c’est le but actuel des archiorthodoxes juifs … Égypte, Perse, Palestine, Grèce, Rome, …St Pierre pour que ce soit la plus grand basilique s’inscrit dans cette lignée, on lui a ajouté 1.50m pour que Cluny soit plus petite, …

Oui, et pareil avec Cluny plus grande que Ste Sophie ! Résultat la réforme, le concile de Trente, …
L’Église a rajouté sans cesse des dogmes, jusqu’en 1950. Le mariage des prêtres c’était en 1140. Garder les fidèles sous le boisseau, la grande erreur, défense de lire la bible avant 1930.

L’image du pasteur et du troupeau est terrible. Elle vient des peuples nomades.
Ordination, oui, selon l’ordre de Melchisédech, pourquoi pas, MAIS uniquement pour le mandatum, le service. Mais on en a fait un pouvoir. Moi, je l’ai vécu vraiment, t’arrives, t’as tes bijoux, tes ornements, on te baise la main, … il y en a qui deviennent fous, ils en veulent encore ! Mais c’est le contraire, François a fait des gestes magnifiques, je ne veux pas laver les pieds aux cardinaux, je veux prendre des gens dans les rues, 12 types qui sortent du bistro, et je vais leur laver les pieds et les embrasser.

Et les cardinaux déguisés en demoiselles dans leurs robes de soie.
Oui, on féminise les hommes et on leur dit « surtout ne touchez à rien, ni hommes ni femmes, vous n’êtes rien, vous êtes asexués ». Mais qu’on ait le courage de les opérer. Non, je « rigole », mais je comprendrais…
Tu as quelque chose sur l’eunuque, parce que, en ce moment je lis sur les Achéménides avec les Égyptiens et les autres. Tous ces peuples-là avaient, une caste d’eunuques attachée aux dirigeants, un peu comme nos rois des bouffons, …
Il y en a encore, et nos rois avaient parfois des mignons. Attention ! Moi j’ai vécu 35 ans en Suisse, je n’ai pas connu de faux œcuménismes, sauf une fois une messe avec des protestants qui ont été parfaits dans cette affaire. Le prêtre et le pasteur on fait la consécration chacun et les cathos sont allés vers le prêtre, et le prêtre a refusé des communions à des protestants; on n’a pas pu communier ensemble, ça n’a pas été refait. J’ai vécu ça.
Mensonge pour le bien ... Est-ce qu’il faut en parler ? Le vrai scandale de Rome et du Vatican c’est les finances.

Finances et politique, c’est un mariage « d’amour » !
Et quand on sait que certains évêques et papes ont accepté l’argent par millions, sans vouloir savoir d’où il venait. Tu sais ce qu’ils en ont fait ? Ils ont ouvert des comptes personnels à toutes les bonnes sœurs et les moines de Rome en échange d’une procuration, et ils ont mis cet argent sur ces comptes. Même pour faire du bien, même pour faire des orphelinats, je dis non. Parallèlement, il y a eu les « gays » et des choses, on ne peut pas dire ... j’ai vu au Canada, ma communauté de Ste Croix, dernièrement 4% de prêtres ont été en procès.

Même  taux  qu’aux États-Unis, les  conditions faites  au  clergé  produisent un  «  effet  de  levier  »,  une amplification « contre nature ».
Occupez-vous des enfants, mais ne les aimez pas. Et l’Irlande, les sœurs. C’est l’humanité. Et les filles de
Loth, Abraham et sa servante.

Et le roi David.
Oui, mais là, on pardonne, c’est le roi.

Le manque de charité vis-à-vis des prêtres et religieux âgés, c’est lamentable. Je connais un capucin de 85 ans, très malade. Des laïcs vont le voir, mais personne de sa communauté, aucun prêtre, jamais.
Derrière le rideau de fer, Tchécoslovaquie, Russie il y eut des choses épouvantables, on vous fait faire le
travail, et après plus rien on vous lâche, on vous fait signer un papier comme quoi vous n’avez jamais été au goulag. Un de mes élèves a fait ce parcours. Je connais un prêtre qui est allé chez les anglicans à cause de cela « je ne peux pas dire que je n’ai pas été au goulag » ! Mensonge pour le bien ! Le renvoi de prêtres hommes mariés, envoyés comme prêtres catholiques romains en Tchécoslovaquie qu’on refile au retour
« chez les Grecs », orthodoxes, melkites en leur disant « chez nous, on ne peut pas vous garder, vous êtes mariés » ! Hypocrisie, manque de charité.
Invention de miracles, vente de billets pour les grandes fêtes manifestations, mariolâtrie, multiplications des sanctifications. Que c’est hâtif pour Paul VI et Jean-Paul II !!!

Tu ne crois pas que c’est une manière de dévaloriser le système ?
C’est peut-être pas con, plus il y en aura, moins on y croira !

Regarde, quand il y a des gens qui sont saints aux yeux des hommes, abbé Pierre non, sœur Teresa oui mais pas sœur Emmanuelle, il ne faut pas les sanctifier.
Et ceux qui vont visiter les gens dans les maisons de vieillards, sont des saints, pas Paul VI, pas Jean-Paul
II, désolé.
Le silence des évêques sur la pédophilie ça a été partout, mauvais traitements des religieux homosexuels, ce n’est pas bien tout ça.
La cécité intellectuelle et morale des chefs romains et français surtout sur la désertification des messes, la pauvreté des sermons, ... Un prêtre qu’on allait enterrer, huit prêtres sont arrivés avec l’aube, les laïcs de là leur ont dit, mais allez au fond de l’église. Et ils sont partis !
Le « non amour » de la maison du Seigneur. Tu étais au concert à l’église, le 31 août, le curé a demandé
400 €, mais les toilettes en état dégueulasse avantle concert, l’état de la sacristie pareil, personne pour allumer les lumières, … ce qui compte, c’est qu’on remette les chaises en place! Je me suis permis de dire au curé -qui prenait ses fonctions le lendemain- ma stupéfaction ; vous, pour le concert de Noël, ça va être 450
€, faudrait arrêter, ça ne coûte pas ça !
Alors, que faire ?!! Le Seigneur Jésus nous a donné à travers quelques textes fondamentaux les moyens pour  œuvrer,  grandir  et  ressusciter  de  notre  vivant  par  le  service,  l’amour,  même  insuffisant,  le grandissement de  l’être, le pardon indispensable, l’étude intelligente, le retour aux vraies  sources des langues par l’esprit, réapprendre à prier et partager le pain,... parce que, là, je pense qu’on est mal parti, l’Église catholique est mal partie.
À mon avis, il faut plein de choses. Personne ne vient plus à l’église, ceux qui voudraient et qui sont vieux regardent la télé, les jeunes, ils vont à Taizé. À ND de Genève -près de la gare- il y a messe le matin, messe le soir, chapelet, du passage, des étrangers, c’est bourré là ; les autres paroisses, c’est terminé, protestant et catholiques.
Réapprendre ! … Il y a un curé chez toi ?

Le vieux prêtre du village vient de mourir, il y a un prêtre pour 23 clochers, 3 clochers ont accueilli des eucharisties en octobre.
Il (le prêtre) ne peut pas, il ne peut pas être là ! Alors faire le partage du pain, avec un responsable, diacre, sous diacre, femme, qui dise « là où vous serez en mon nom, à trois ou quatre, je serai au milieu de vous » voilà, et on « fait la messe » chez toi, lui, point final.

C’est un peu en train de se mettre en place, … pas avec la bénédiction du système.
Mais, les ADAP, ils ont plus le droit, il faut que les laïcs fassent cela.

Il y des prêtres qui laissent faire, au risque de la délation. C’est comme les divorcés-remariés, il y a des prêtres qui savent et acceptent.
Ils n’ont pas le droit. Les divorcés-remariés vont où ils ne sont pas connus, ils ne peuvent pas recevoir le pardon, pas l’extrême-onction. Je connais un couple de remariés, 6 enfants, deux fois trois, ils vont au caté dans des paroisses différentes.
Le père Riquet, jésuite, était souvent invité dans des loges, il disait, je ne peux pas. Hypocrisie ! Jean
XXIII a été initié en arrivant comme nonce à Istanbul, ... On rigole, …

Ce sont des souffrances.
Oui, et inutiles, et qui éloignent de la « société » Église, pas de l’Église. Mais tu vois, la fête à Saint Pierre, on allume les lumières, ça coûte très cher, des millions, on fait des fêtes pour faire venir du monde, on vend ceci et cela. Il faut faire de l’argent.

Les deux sacrements fondamentaux sont le baptême et l’eucharistie, et on en a ajouté jusqu’à 25 qui sont devenus les « sacramentaux », la bénédiction, … Et puis la bénédiction, à chacun, une étole sur la tête, c’est bien, les gens aiment. Ne pas faire du mariage un tabou ni une prison. Je me suis basé sur les orientaux, tu liras. J’ai célébré 4 mariages assyriens, dans le cadre de ma fraternité après que l’évêque ait refusé, j’ai dit que ce ne serait pas valable pour l’Église catholique. Mais, évidemment, si tu t’appelles duc de … ou du rocher de Monaco, les princes et princesses ont tous payé et les cardinaux et l’archevêque les a remariés.
Réétudier la sexualité et la laisser à sa place, … une belle place « nom de Dieu ». Marie-Madelaine baignant les jambes de Jésus et les aspergeant avec du parfum de nard ! Mais plus sexuel tu meurs !
C’est incroyable. Je ne sais pas si ton épouse fait ça ?

Non, elle n’a jamais osé.
La mienne non plus. C’est une image aussi. Tout peut-être prière, autrement que chapelets, machins etc.,
… en ce moment on prie.

C’est fou, cette horreur du plaisir, ce désir d’avoir mal, ça relève de la psychiatrie
Oui, c’est vrai, cette crainte, cette peur ! C’est des masos. Ils refoulent leurs besoins et leurs envies. L’amour de Jésus et de Jean par exemple, l’apôtre, même si ce n’est pas sexuel. L’amour pour Judas, lui
donner cette mission, … au fond, ça c’est très grave. C’est bien une mission qu’il a reçue.

J’ai  lu  un  truc  d’un  philosophe tchèque  (non  Slovène,  Slavoj  Zizec,  «  la  marionnette et  le  nain,  le christianisme entre perversion et subversion »), disant heureusement qu’il y a eu Judas « sans lui, pas de résurrection, pas d’humanité sauvée ! ».
Oui, il a reçu un ordre Judas, il a obéi, mais après tout est faux. Un centurion avec 100 bonshommes pour en arrêter un, ça n’existe pas.
Une chose que j’arrive à définir, depuis pas longtemps, dans ma recherche : il n’y a pas un lieu. Le ciel est libre comme lieu, on sait qu’il est infini. Il nous faut renaître. Re-naître ici et maintenant, aimer, pardonner ... On avait approfondi avec la FSO pardonner, c’est parfaire le don, ce n’est pas une question d’argent et de cadeau. J’apprends à des gens dans la mouise -le mari a fait le con, est parti, …- apprends à pardonner pour ta survie, sinon tu vas crever, avoir un cancer, ce n’est pas pour te faire plaisir que tu dois pardonner, c’est pour ton bien, à toi, les autres aussi doivent se pardonner.
Ça l’a fait beaucoup réfléchir, elle m’a dit, « oui je crois que j’ai compris, je vais travailler pour moi au fond, même si je ne peux pas lui pardonner à lui ».

Avez-vous travaillé sur le péché ?
Oh, à Genève, oui, sûrement.
Redécouvrir la prière. Prier Dieu pour les vivants, ici-bas, … pas pour Dieu. Dieu n’a pas besoin de prière, c’est nous qui en avons besoin. Quand on dit « il faut absolument prier saint machin, la sainte vierge » NON ! Il faut t’élever. J’ai un petit coin ici, ou je fais ma prière, il faut se donner un moyen, Dieu n’a pas besoin, il est en nous à ce moment-là, c’est notre âme qu’on prie.
Demander pour la terre, le ciel intérieur est ici-bas, dans le monde qui est différent du monde. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Jésus dans Jean « Vous êtes dans le monde, pas du monde ». Ça c’est bien.
Ici et maintenant ressurgir de la mort, ressurgir de la bassesse, ressurgir de l’orgueil mauvais - parce que le bon orgueil est normal, on devrait l’accepter. Tu sors du concert, tu me dis « salut, bravo, c’est chouette », je dois l’accepter je ne vais pas me glorifier, et si un jour tu me dis qu’il y a quelque chose qui va pas, c’est de la merde, c’est pareil. Il y en a qui ont inventés des trucs ... « On a été reçus par le cardinal, on a presque été au pape, … » ça c’est de l’orgueil mauvais. La possession mauvaise, la haine, la jalousie !
Toute miséricorde est gratuite, c’est sortir de soi. Aller vers l’autre, retour du fils prodigue. Et j’ai retravaillé le Fils Prodigue qui m’a fait découvrir une chose. Il est dans la merde, il aimerait manger comme les cochons, il n’a rien, … si le père ne l’attendait pas, il ne se serait pas levé, il n’aurait pas pensé « je vais voir mon père, je vais lui dire, je suis le dernier des cons … ». Il a pu se lever parce que le père l’attendait, l’aimait, avait les bras ouverts.


Il savait, il espérait ?
Non, il sait car le père aime ce fils difficile, alors que l’autre, il est tout le temps-là, il est formidable, parfait, ... moi je m’occupe de celui qui est dans la merde je l’attends, il va revenir. C’est parce que l’autre t’aime que tu vas aller vers lui. Dieu, c’est ça. C’est de moi ça, tu en feras ce que tu voudras.
Refuser le pouvoir, comme j’ai fait en 1996. Sinon je serais grand mamamouchi à Milan …
Refuser les histoires de l’Histoire, les mensonges religieux.
Retrouver le vrai sens de l’humilité dire simplement ça j’ai bien fait, ça non, ça je ne suis pas sûr.
Le sens de la fonction, du service.
Redéfinir religo, relier et relire. Relire avec le cœur.
Accepter l’ésotérisme fondamental mais refuser le mélange politique des séraphins. Église primitive d’avant 450, Christ unitaire, Christ Homme et Dieu.
Repas eucharistique, là ou deux ou trois seront en mon nom, là je serai.
Lutter contre la mort du rite. C’est important. Et c’est tellement pauvre en ce moment. Je ne dis pas qu’il faut faire des messes le saint sacrement en procession, les grands machins, non.

Qu’entends-tu par rite ?
On se serre la main, on s’embrasse, on prie, on se signe. On en avait remis en 1951 j’étais au séminaire,
… Pie XII avait dit « il faut refaire la veillée pascale », redonner le sens du sel, de l’eau, de l’huile, de la lumière, du pardon et de la veillée et l’attente. C’est génial.
Là où nous changeons la langue et le rite, l’Église se vide ; il ne faut pas changer la base. Supprimer le latin pour tout ce qui est lecture, oui, mais conserver redonner vie aux chants de l’ordinaire agnus, sanctus, gloria, credo (Chrysostome a tant fait apprécier le grégorien, et sa signification).
Sur la trinité. Persona a en grec un double sens, qui veut dire masque de théâtre. Ça ne me plait pas beaucoup. J’aime mieux un dieu homme fils ». Mon oncle à qui je disais que je ne comprenais pas la trinité me dit : « Facile, tu prends Jésus Fils d’un côté, Dieu Père de l’autre, l’Esprit est l’Amour qui les relie ».
Marie, virginité spirituelle, c’est pour ça que notre cher Drewermann s’est fait virer. Elle est « reine », juste pour remplacer les mères primordiales de l’histoire. Supprimer la mariolâtrie. Le code des idoles reconstitue le Parnasse.
J’ai une image très proche de la sainte famille, que j’aime beaucoup, elle vient du Liban.

Ah, oui, sœur Sofia, diaconesse roumaine morte à 50 ans, qui s’occupait des paumés de la nuit, des malades du sida à Lausanne. Les orthodoxes l’ont rejetée : pas de femmes.
Tes années de premier apostolat, par exemple ?
En tant que novice, on travaillait dans les familles.

Par rapport à ce que tu disais au début, certes, ton apostolat est complètement atypique. Mais, la loi naturelle, ce n’est pas « je ne veux voir qu’une tête, la vérité », c’est toute la diversité, la vérité n’est pas plus dans le « juste » milieu qu’aux deux extrêmes. C’est dans cet esprit qu’il m’a semblé utile qu’on se voie.
Oui, je suis un homme de parole, la musique est une parole. En plus, Jean Chrysostome était manié par une intelligence à la fois grecque et …, et le pouvoir. Il a mal fini !

J’ai lu Chrysostome, le sermon sur les eunuques, il aurait pu s’abstenir ! Le pouvoir !
Et nos évêques qui parlent à des milliers de personnes, ils existent, et s’il y a des gens à mes concerts c’est parce que je leur « parle ». Mais il faut être fait pour ça.