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Auteur
Michel MENVIELLE


Dimanche 22 août 2021 – 21e dimanche du temps ordinaire – Jn 6, 60-69

« Adôn, vers qui irions-nous ? Les paroles de la vie en pérennité, tu les as. Nous avons adhéré, nous savons que toi, tu es le consacré à Élohim. [1] » (68-69) Réponse de Simon-Pierre à Jésus qui demande aux douze s’ils ne veulent pas le quitter, comme viennent de le faire nombre de disciples après qu’il les a invités à « travailler […] pour l’aliment qui demeure pour la vie en pérennité, celui que le Fils de l’homme vous donne » (Jn 6, 27). L’aliment ? Lui, Jésus. Il est « le pain vivant descendu du ciel » (51), celui « qui mâche sa chair et boit son sang a la vie en pérennité » (534).

Métaphores choisies par Jésus pour inviter ses disciples, ceux qui étaient avec lui ce jour-là et nous, lecteurs des évangiles, à laisser son enseignement irriguer leur vie. Enseignement qui nous invite à avoir entre nous des relations dont le lavement mutuel des pieds (Jn 13, 1-16) est métaphore. Relations où chacun accueille au plus intime, avec respect et bienveillance, lui-même, l’autre, comme ce qui le dépasse. Relations qui ne conduisent pas à la mise à mal de l’identité, dans le fusionnel ou l’envahissement. Relations centrées sur les forces de Vie qui ouvrent à une compréhension nouvelle de ce qu’est être humain.

À ceux qui trouvent ses paroles dures, Jésus répond par une nouvelle métaphore : « Et donc si vous voyez le fils de l’homme monter là où il était d’abord ? » (62). En hébreu, l’expression ‘fils de …’ indique l’appartenance à un groupe : ainsi, dans la Torah, le peuple hébreu est appelé ‘les fils d’Israël’ (cf. par exemple Ex 2, 25). Le fils de l’homme, le fils de l’humain au plus près du grec, désigne donc en premier lieu un membre du groupe des humains, et métaphoriquement, ce que les humains ont en commun, ce qui les constitue en tant qu’être humain.

Métaphore, image, de l’objectif eschatologique, le fils de l’humain comme accomplissement de notre humanité habitée par le souffle de vie qu’Adonaï-Élohim souffla dans les narines de l’humain (Gn 2, 7). Alors, travailler personnellement les Écritures et en nourrir notre vie spirituelle et sociale (relations et actions concrètes) est le chemin que le fils de l’homme propose.

Mais alors, certains disciples sont scandalisés – trébuchent ; ils trouvent que la parole de Jésus est-dure car elle les renvoie à leurs responsabilités propres. Difficile d’accepter de dépasser barrières de sécurité et murs défensifs pour vivre pleinement – vivre en pérennité – notre humanité, ici et maintenant, engagés sur les voies d’humanisation que Jésus déploie !

Pourtant, Simon-Pierre croit que vivre ainsi est possible et il nous le montre ; il adhère, puis chemine, apprend à connaître cette Vie en pérennité. Alors, Jean pose devant chacun un choix de vie : emprunter le chemin désigné par Simon-Pierre, ou faire comme ceux qui « vont en arrière et ne marchent plus avec lui » (66).


Michel Menvielle

[1] Traduction A. Chouraqui dans l’ensemble du commentaire