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Auteur
José Antonio PAGOLA


Dimanche 14 novembre 2021 – 33e dimanche du temps ordinaire – Mc 13, 24-32

Les signes de désespoir ne sont pas toujours pleinement visibles, car le manque d’espérance peut être déguisé en optimisme superficiel, en activisme aveugle ou en passivité secrète. Par ailleurs, ils sont nombreux ceux qui ne reconnaissent pas le sentiment de peur, d’ennui, de solitude ou de désespoir car, selon le modèle social actuel, on suppose qu’un homme qui réussit dans la vie ne peut pas se sentir seul, s’ennuyer ni avoir aucune crainte.

Erich Fromm, avec sa perspicacité habituelle, a souligné que l’homme contemporain tente de se libérer de certaines répressions telles que la répression sexuelle, mais qu’il est contraint de « réprimer aussi la peur et le doute ainsi que la dépression, l’ennui et le manque d’espérance ».

D’autres fois, nous nous défendons contre notre « vide d’espérance » en nous plongeant dans l’activité. Il nous est insupportable de rester inactifs. Nous avons besoin d’être occupés à quelque chose pour ne pas avoir à faire face à notre avenir. Mais la question est inévitable : qu’est-ce qui nous attend après tant d’efforts, de luttes, de rêves et de peines ? N’avons-nous nul autre but que de produire toujours plus, de profiter encore davantage de ce que nous avons produit et de consommer de plus en plus, jusqu’à ce que nous soyons consommés par notre propre caducité ?

Les êtres humains ont besoin d’espérance pour vivre. Une espérance qui ne soit pas « une enveloppe de résignation », comme celle de ceux qui parviennent à organiser une vie suffisamment tolérable pour supporter l’aventure de chaque jour. Une espérance qu’il ne faut pas non plus confondre avec une attente passive, qui n’est souvent qu’« une forme déguisée de désespoir et d’impuissance » (Erich Fromm).

L’homme a besoin d’avoir dans son cœur une espérance toujours vivante, même si d’autres petits espoirs sont anéantis et même complètement détruits.

Nous, chrétiens, nous trouvons cette espérance en Jésus-Christ et dans ses paroles, qui « ne passeront pas ». Nous n’attendons pas quelque chose d’illusoire. Notre espérance est fondée sur le fait inébranlable de la résurrection de Jésus. À partir du Christ ressuscité, nous osons voir la vie actuelle en état de « gestation », comme la semence d’une vie qui atteindra sa plénitude finale en Dieu.
 

José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna