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Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager dans l’Église ?
Cette question m’a interrogé : c’est en fait tout un ensemble, mais je mettrai en premier la famille.
Je suis né dans le monde rural, à Pluvigner, en Morbihan, mes parents étaient petits cultivateurs, ma famille pratiquante régulière, mais sans plus. Nous vivions simplement en bonne entente, entre nous et avec les voisins, une famille simple mais tournée vers les autres, une maman très croyante, le papa, lui, suivait plus. Donc un terreau familial favorable.
Et puis – alors que j’étais en école privée dans ce qu’on appellerait maintenant CM 2 – le vicaire-instituteur, un prêtre, a fait venir un religieux (on les appelait les frères recruteurs), un assomptionniste qui passait dans les classes ; il avait demandé de mettre sur un papier ce qu’on désirait faire plus tard. J’avais mis que j’aimerais bien être prêtre, je n’en avais jamais parlé à personne, et il a donné ce papier à l’instituteur qui, en fin d’année (j’avais douze ans), m’a posé la question « Pourquoi ne rentrerais-tu pas au petit séminaire de Saint-Anne d’Auray ? »
Je n’avais pas réfléchi, je n’ai pas donné de réponse tout de suite, j’en ai parlé à ma maman, mais elle n’a pas réagi (je pense qu’en fait elle en était heureuse), elle n’a rien dit du tout, elle en a probablement parlé à Papa. Et puis le vicaire-instituteur m’avait donné des revues missionnaires, et ça, ça m’avait frappé, j’avais même envie de devenir missionnaire tout de suite !
Pendant les vacances, le vicaire-instituteur m’a donné des cours de latin, et on m’a donc reçu à la rentrée 1952 au petit séminaire, à douze ans, avec le projet de devenir prêtre, mais, bon…
Pendant tout ce parcours, il y a eu des hauts et des bas. Le petit séminaire était fréquenté par les enfants qui pensaient s’orienter vers le sacerdoce, c’était un collège et lycée privé d’environ 300 élèves. Dans tout ce parcours-là, il y avait bien sûr les études, et puis la formation chrétienne, l’Évangile, la vie spirituelle, la messe du matin.
Tous les professeurs et surveillants étaient des prêtres. Là, j’ai été marqué par le témoignage de quelques prêtres et éducateurs, et j’ai eu envie de faire comme eux. C’était une vie normale d’internat. Et en terminale, il y avait ce qu’on appelait la « retraite d’élection » : toute une semaine sur une île, c’était super, pour nous aider à voir plus clair. Et après cette retraite, en septembre 1959, j’ai choisi de rentrer au grand séminaire de Vannes.
Entre temps, j’avais eu un problème de santé qui m’avait mis en contact avec la Fraternité Catholique des Malades et Handicapés. On y reviendra.
Au grand séminaire de Vannes, après deux années de philo, j’ai fait un an de stage comme enseignant dans une école primaire. J’en garde un super souvenir, instituteur dans une école rurale dont le directeur était un prêtre, un des premiers à avoir passé l’agrément alors requis. C’est quelqu’un qui a été important dans mon cheminement d’homme et d’éducateur, avec qui j’ai appris ce qu’était la pédagogie. Et à 22 ans, à la fin de cette année « en paroisse », j’ai fait le choix de retourner au grand séminaire, ce qui ne m’était pas évident. Car si on y était libre, l’internat me pesait pourtant. Cette décision de continuer vers le sacerdoce a été pour moi la plus forte : on m’avait donné des responsabilités, en particulier comme enseignant, et auprès des enfants pour les accompagner ; j’ai vu que j’y étais bien, et j’ai pensé que je serai heureux d’être prêtre.
Et ma foi devenait aussi plus personnelle, j’ai découvert l’importance de la prière et de la relation à la personne du Christ. Et m’engager dans l’Église me permettait de donner du sens à ma vie, et de penser que j’y serais heureux.
Le concile Vatican II se déroulait alors, et ça a été très marquant.
Au séminaire on était très très attirés par la vie d’équipe, on en parlait beaucoup. Si bien que j’ai même eu des velléités de rentrer chez les Fils de la Charité : beaucoup de vie en équipe, le milieu ouvrier, la vie de prière, la révision de vie en équipe, tout cela m’attirait. On était très orienté vers l’Action Catholique, le soir on allait participer à des réunions d’équipes, ça nous a aussi marqués.
À mes choix de vie, je n’ai pas eu de freins, plutôt des encouragements. C’était une autre époque, mon milieu familial était très respectueux. On était très peu nombreux à continuer les études après l’école primaire. La vie au séminaire nous mettait à part, puis pendant les vacances les colonies et les centres aérés. Ce qui ne nous empêchait pas de connaître et partager la vie de tous les jeunes. Et puis, le jeune qui s’orientait vers le sacerdoce était bien considéré.

Accompagner, vivre avec, s’asseoir à côté... ?
Jeune prêtre du diocèse de Vannes, j’ai été nommé au service des jeunes dans un petit séminaire, comme éducateur, près des ainés (seconde, première, terminale), puis comme préfet de discipline, aujourd’hui conseiller principal d’éducation, pour tout le petit séminaire. Ma mission essentielle était d’animer les activités extra-scolaires : scoutisme, Action Catholique des Enfants, sport, conférence Saint-Vincent de Paul, etc... Mon rôle était de les accompagner, de les mettre et soutenir en responsabilité. Douze années de jeune prêtre que j’ai bien vécues.
En 1978, j’ai été nommé en équipe au service des paroisses du doyenné de Saint-Jean Brévelay. Nous étions trois prêtres au presbytère. Et comme j’étais le plus jeune, j’ai été chargé d’accompagner les équipes d’enfants et de jeunes des paroisses et des collèges ; je n’étais pas le vicaire qui s’occupe seul d’un tas de trucs, j’étais toujours en lien avec une équipe d’aînés ou de parents. C’était la catéchèse, l’Action Catholique des Enfants… Je garde un super souvenir de choses vécues avec les jeunes du doyenné dans ces années 1980. Par exemple, pendant 4/5 ans un car partait au pèlerinage national à Lourdes, avec une quarantaine de jeunes de plus de 17 ans. C’était énorme pour l’époque. Après 5/6 jours intenses ensemble à Lourdes, les jeunes s’investissaient dans diverses activités, et pour le prêtre c’était facile de trouver là des animateurs, des responsables de profession de foi, de confirmation… On a mis sur pied pas mal d’activités, dont un journal pour les jeunes intitulé « Pas trop tôt », du théâtre, une équipe de visiteurs de malades et handicapés, il y a eu beaucoup de moments forts. Ce travail en paroisse m’intéressait beaucoup.
À cette époque, j’ai aussi accompagné une équipe du doyenné de la Fraternité Catholique des Personnes Malades et Handicapées, plus une équipe de jeunes adultes handicapés du diocèse. C’était vraiment une grande chance, il y avait vraiment une belle vie d’équipe, de joie, de partage, de simplicité. Une personne avec un handicap n’a pas la façade à sauver, ce n’est pas ça qui compte, et j’avoue que ça m’a marqué dans ma vie de prêtre. J’ai appris à vivre beaucoup de choses bien simplement ; par exemple ça ne m’a jamais dérangé de célébrer l’Eucharistie autour d’une table, assis avec des personnes en fauteuil à côté, et ça c’est une chance. Et comme soutien pour le jeune prêtre que j’étais encore, l’équipe m’aidait beaucoup.
En 1988, j’ai été nommé à Noyal-Pontivy, comme modérateur d’une équipe « in solidum » (en solidarité) sur un secteur de 8 paroisses. On était quatre prêtres au départ, une animatrice en pastorale, et après quelques années, deux diacres permanents et un séminariste en formation.
C’était une vie d’équipe, où je n’étais pas le curé, mais l’animateur, le modérateur ; celui qui intervient autant pour accélérer que pour freiner… ! Pour moi c’était vraiment important que chacun se sente responsable, ce n’est pas le curé qui a toute la charge, la charge et la responsabilité sont partagées. J’ai eu la chance de rentrer dans une équipe qui existait, et qui fonctionnait déjà ainsi.
En 2000, je suis nommé curé du doyenné d’Elven, dans la périphérie de Vannes, mi-rural, mi-urbain, avec 8 paroisses. Avec deux prêtres plus âgés, et un peu plus tard, un diacre et une laïque en mission ecclésiale. Un travail de curé, moteur pour toutes les activités, avec l’animation de l’équipe pastorale, l’administration, un rôle de cheville ouvrière pour mettre en place les G.A.P. (Groupe d’animation paroissiale).
Et depuis 2014, je suis en semi-retraite à Pluvigner, au service des paroisses du doyenné. Avec une attention spéciale au Service Évangélique des Malades et à la visite aux personnes isolées. Je suis heureux de pouvoir continuer à y rendre service et à me rendre utile, en bonne harmonie avec le prêtre responsable.

Quel est l’essentiel de votre engagement ?
Dans mon engagement, ce qui est toujours important, c’est la proximité, la vie avec les gens, avec tout le côté humain, la place de l’humain. Je me souviens qu’à mon ordination de prêtre en 1966, Mgr Broussard dans son homélie a dit une chose que j’ai particulièrement retenue : « Soyez d’abord des hommes, des chrétiens, et vous serez de bons prêtres. »
Et puis aussi, ce qui est important, c’est le vivre ensemble et le partage des responsabilités avec les laïcs. D’une part, permettre au chrétien de vivre sa vocation de baptisé, c’est important. Et comme curé ou comme modérateur, ne pas me sentir le chef, mais être plus le serviteur.
Et enfin aider les chrétiens à découvrir qu’ils n’ont pas à avoir peur de Dieu ; Dieu est quelqu’un qui nous aime ; passer d’un Dieu qui fait peur à un Dieu d’amour, passer d’une Église d’interdits à une Église où on respecte chacun, où on accueille chacun comme il est.

Qu’est-ce qu’être prêtre ?
Je ne sais pas trop ce que c’est, être prêtre, mais je peux dire comment j’ai essayé d’être prêtre, comment je vis ma vie de prêtre.
Je me suis engagé au service du Christ, de l’Église, et de mes frères. Et depuis plus de cinquante ans, je pense que j’ai surtout essayé de servir, d’être disciple de Jésus-Christ, de plus en plus de le regarder, pour être vraiment son disciple, et à partir de là, si je suis disciple du Christ, je servirai mieux mes frères et sœurs.
Plus j'avance en âge, plus je découvre dans l'Évangile combien Jésus était très humain. Combien il prenait de temps aussi pour rencontrer son Père, dans la prière. Alors être prêtre, peut-être, c’est essayer de vivre cette proximité avec Dieu – mais ça c’est toujours à remettre sur l’établi – être humain, proche des gens, avoir des relations simples de frères, partager les joies et les peines de chacun. Il y a pour moi des moments importants, c’est l’accompagnement des familles en deuil. Là je comprends mieux ma place de prêtre.
Et être prêtre c’est aussi célébrer des sacrements, je pense surtout au sacrement de la réconciliation, et à l’onction des malades, peut-être aussi au baptême, mais là c’est moins évident. Dans les rencontres de célébration de pardon ou d’onction des malades, j’ai souvent vécu des moments – je dis parfois « exceptionnels » – en tous cas des moments forts, et où je sens que je suis prêtre, un petit serviteur, et témoin de choses, de belles choses qui peuvent se passer, ça se sent, ça.
Quand je parle du sacrement, je dis souvent aux enfants que le sacrement c’est comme un cadeau que Dieu nous fait. En célébrant des sacrements, je suis témoin de cadeaux que Dieu fait, et par ma petite personne, témoin des forces qu’il donne.
Alors être prêtre, j’ai mis quatre mots : c’est être frère, serviteur, priant et peut-être, avec l’âge, passeur. Et en tous cas, ne pas être au-dessus du lot, et même pas le spécialiste de Dieu. C’est plus dans la fraternité, dans le service… Et en même temps, accepter d’être envoyé, d’être témoin d’un autre.

Vatican II, comment l’avez-vous vécu, et comment avez-vous vécu le chemin depuis le Concile ?
Pendant le concile, j’étais au grand séminaire. Nous suivions les travaux de près, et nous étions très emballés, enfin un vent frais qui venait bouger l’Église, et pour nous les jeunes prêtres, comme pour la plupart des chrétiens, c’était enthousiasmant.
J’ai été marqué par la réforme liturgique, quelque chose de merveilleux qu’on attendait depuis si longtemps. En particulier, célébrer la messe en français, face au peuple, moi qui n’ai jamais pu célébrer dos au peuple. Tout ça avait du sens, et donnait une vision de l’Église, une Église-communion, communauté, communauté de frères, Jésus au centre et non le prêtre. La façon de célébrer, la participation des laïcs dans la préparation et dans l’animation : le rôle des laïcs n’est pas d’aider les prêtres, mais de vivre leur mission de baptisés, et de prendre toute leur place dans l’Église.
Nous, les jeunes prêtres, nous avons souvent été enthousiasmés par le concile. Mais c’est vrai que la mise en œuvre des orientations a été souvent difficile. Et beaucoup d’anciens, parmi les prêtres et les chrétiens, avaient peur des changements. En particulier au niveau de la liturgie ; et pour le partage des responsabilités, je pense à certains curés qui étaient les patrons, avec des laïcs qui se comportaient un peu comme avec un patron : « Vous nous dites, Mr le curé, et puis on fera... ».
Nous aspirions beaucoup à la vie d’équipe, et compte-tenu des différences de génération et de mentalité, elle a eu du mal à se mettre réellement en place au niveau des prêtres.
J’ai très bien vécu cette période depuis le concile. Et en même temps, aujourd'hui, je me pose beaucoup de questions sur certains choix de prêtres plus jeunes. Je pense d’abord à la façon de s’habiller, bien sûr ce n’est qu’un signe. Je pense à de jeunes prêtres qui remettent en pratique la messe dos au peuple. Et à la demande de prêtres et de jeunes familles d’avoir beaucoup de sacré, c’est d’ailleurs plus que du sacré… Oui, du rite.
Alors sur ce chemin parcouru depuis le concile, beaucoup d’orientations n’ont pas été mises en œuvre, mais l’esprit du concile a fait avancer beaucoup de choses : partage de la vie des gens, proximité, travail ensemble, prêtres et laïcs, partage des responsabilités, ne pas se sentir seul comme responsable, et tout cela a aidé à faire Église ensemble, à avancer.

Les laïcs, reconnus par l’Église ?
Ce qui a aussi été important pour moi, c’est la mise en place des G.A.P., les Groupes d’Animation Paroissiale, en milieu rural. Je l’ai vécue sur Elven, avec trois ans de préparation, et tout ça c’était important. Les GAP, c’est « une équipe fraternelle de chrétiens qui se mettent au nom de leur baptême au service de la communauté paroissiale pour qu’elle soit porteuse de la Bonne Nouvelle qu’est le Christ ». Et en 2000, dans le cadre du réaménagement pastoral, l’évêque écrivait à ses prêtres pour leur demander de mettre en place, dans chacune des paroisses du diocèse, ces GAP.
Après une information par des responsables du diocèse, on a demandé aux chrétiens de donner des noms, confidentiellement, pour savoir qui ils voyaient dans ces différents services du GAP (parole de Dieu, service fraternel, matériel, coordination/animation, prière/liturgie). Il n’y a donc pas eu d’élection, mais une sorte de cooptation, et en fonction de cela, le curé a rencontré les personnes pour savoir si elles acceptaient. Celles qui ont accepté ont été officiellement reconnues par le vicaire général au cours d’une messe commune à toutes les paroisses du doyenné ; il n’y a pas eu de lettre de mission, mais elles ont été reconnues par l’Église. Pour moi, ça a été un moment important. Bien sûr, la majorité des chrétiens n’a pas participé à tout, mais il y en a eu beaucoup dans la cooptation. Je me rappelle qu’avant, les gens me disaient : « Il faudrait faire ceci... », et je répondais : « Mais pourquoi tu ne le proposes pas toi-même ? » – « Oui, mais je ne vois pas pourquoi je proposerais, moi, je n’ai pas de mission pour ça... » Et c’est vrai qu’à partir de là, les laïcs ont pu vraiment beaucoup mieux prendre leur place.
Et c’était important pour le curé de ne pas être le seul à se sentir responsable, à réfléchir à l’avenir. Je trouve que ça a été une démarche importante. Et moi, comme prêtre, comme pasteur, j’ai été très heureux d’accompagner toutes ces équipes. Et de le vivre avec eux.

Que pensez-vous de l’Église, aujourd’hui ?
Il y a eu beaucoup de changements, une grande diminution des prêtres et religieux-religieuses, les églises se vident, même en Bretagne où on n’est plus en pays de chrétienté. Et dans ce que j’ai vécu là où j’étais en activité, j’ai vu que beaucoup d’enfants ne sont pas baptisés ni catéchisés, et même parmi les enfants baptisés, pratiquement la moitié ne suivent pas la catéchèse après.
J’ai aussi l’impression qu’il n’y a plus beaucoup de culture religieuse chez les jeunes parents.
Et le nombre de chrétiens qu’on nomme pratiquants réguliers est très bas, 4 ou 5 %.
Et en même temps, dans ces pays où j’ai vécu ma mission, on n’a jamais eu autant de laïcs engagés, qui prennent des responsabilités au service des communautés. Quelques-uns se forment en théologie, en Écriture Sainte, en animation, qui sont compétents, et qui n’hésitent pas à donner de leur temps, ça c’est merveilleux.
Et je vois que beaucoup de chrétiens s’engagent dans l’humanitaire, le social, le service du frère, et je pense que la pratique religieuse diminue, mais que la pratique de l’Évangile grandit, et c’est bon d’en prendre conscience.

Et de l’avenir ?
Je n’ai envie de dire qu’une chose : le pape François est une grande chance pour l’Église d’aujourd’hui et pour le monde. Et je redis ce que j’avais dit pour mes cinquante ans de prêtrise en 2016 : la façon qu’a ce pape de vivre dans la simplicité, ses gestes, ses discours concrets et directs, son humanité, son audace, tout cela interpelle tout le monde, autant les croyants que les non-croyants. Il vit ce qu’il dit, et pour lui l’essentiel est de suivre Jésus-Christ et l’Évangile.

Avez-vous un message à partager ?
Je dirai : quelle chance avons-nous de croire en Jésus ressuscité, de connaître l’Évangile, et de croire en Dieu miséricorde qui nous aime et qui nous accueille tels que nous sommes ! Il nous invite à vivre la joie de l’Évangile. Je suis frappé par le message de joie de l’Évangile, un message d’espérance à partager.
J’ai essayé d’être prêtre-serviteur, bienveillant, ouvert à l’Esprit-Saint, porteur de bonne nouvelle, donc d’espérance