Vous avez raison, en fait,Paul utilise deux types de techniques pour persuader et convaincre ses auditeurs/lecteurs : des éléments de la rhétorique grecque (notamment Aristote, latinisé par Quintilien), mais aussi des techniques rabbiniques de lecture de l'Ecriture.
Evidemment, pour  les reconnaître, il faudrait être familier des unes et des autres ! Heureusement, un certain nombre d'exégètes ont fait le travail pour vous, et dans les notes des Bibles, notamment la TOB, vous pouvez trouver des remarques signalant l'utilisation d'un targum, une forme de lecture typologique (ainsi 1 Corinthiens 10, 1-11, où Paul précise :"ces choses sont arrivées en tant qu' exemples" ; en Galates 4, 24 :"ces choses sont dites comme des allégories" ...). On trouve aussi à plusieurs reprises dans la lettre aux Romains des chaînes de citations de l'Ecriture, réunies par un thème ou un mot semblable (Romains 15, 9-13), etc.
A partir d'une édition allemande des Galates par D. Betz en 1979, les exégètes ont été très fascinés par l'utilisation que Paul aurait fait de la rhétorique gréco-romaine, avec une captation de l'auditoire, un énoncé de la thèse, des digressions avec des exemples, une argumentation (et parfois des thèses secondaires), enfin une conclusion (exorde). Galates notamment a été analysé ainsi, Romains aussi, et c'est relativement pertinent, en tout cas suggestif. A condition de ne pas vouloir à tout prix faire passer Paul sous les fourches caudines d'un devoir de terminale !
Car, dans tous les cas, Paul n'est pas un orateur grec, et s'il sait utiliser ce qu'il a appris dans les écoles de rhétorique, il le fait très librement, en s'affranchissant sans cesse des règles. Il est trop passionné et libre pour cela. De plus, ces techniques ne sont jamais que des moyens pour persuader l'auditoire, monter une argumentation, et une lecture attentive avec un peu de bon sens vous permet de déceler ce qui n'est jamais qu'un instrument au service d'une pensée théologique, qui est bien plus riche et intéressante que toute la rhétorique de la terre !

Mon expérience est davantage qu'il faut lire Paul en croisant ses lettres (tout en contextualisant chacune), et y patauger longtemps avec modestie et ténacité, pour y découvrir des fulgurances, mais aussi des arguments contestables. Il faut rester attentif au projet particulier d'une lettre, et le mettre aussi en tension avec d'autres lettres... en acceptant que Paul n'écrive jamais ni un catéchisme ni une somme théologique, mais des essais toujours repris pour aider ses lecteurs particuliers (avec leurs difficultés locales) à avancer avec lui dans un mystère dont il sait qu'il dépasse l'intelligence humaine !