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La faute originelle

Jésus s’est laissé crucifier pour aller jusqu’au bout de l’amour infini. Il aurait pu faire intervenir les armées du ciel mais là, il serait tombé dans le piège de la violence et cela aurait ruiné son message.
Jésus nous montre l’exemple d’une vie toute imprégnée de l’amour du prochain et de soi-même (nous devons aimer notre corps en tant que temple de l’Esprit). Aucun humain n’était encore parvenu à cette perfection.
St Paul dit que par la faute d’un seul homme (Adam), toute l’humanité a été condamné et que par la justice (l’ajustement à Dieu) d’un seul homme, Jésus, toute l’humanité est sauvée.
Le raisonnement de Paul est une métaphore. Mais j’ai l’impression que qu’il est pris pour argent comptant dans nos églises. St Paul lui-même croyait-il à la faute originelle d’Adam ?
Dire que c’est la faute du premier homme, cela a pour effet de déculpabiliser les générations qui nous ont précédé ainsi que nous-mêmes qui n’arrivons pas à nous élever au-dessus de notre peur de manquer d’amour et de biens, cette peur qui nous amène à considérer l’autre comme un concurrent voire un ennemi, à amasser plus que de raison provoquant ainsi la misère des autres, voire leur mort.
Nous continuons à crucifier le Christ tandis qu’il nous montre la voie du salut. C’est déchirant !
Un grand merci à vous, Roselyne, qui nous avez tant donné au cours de cette année et qui avez fait de St Paul notre compagnon de route.

Créé par : RICHON Philippe

Date de création :

Commentaires

Posté par Roselyne

sam 14/06/2025 - 09:49

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Merci pour cette  belle réflexion qui nous interroge vigoureusement !

La question difficile sur laquelle je voudrais revenir est la suivante : Paul croyait-il en un "monsieur Adam" et un "madame Eve" ayant commis "la" faute originelle ? 
Je pense qu'il faut distinguer deux niveaux : 
D'une part, la question de savoir comment les anciens se représentaient les commencements de l'humanité, n'ayant aucune idée de Cro Magnon and co...
De l'autre, celle de l'emploi "métaphorique" du nom "adam" qui désigne le "terreux", l'humain en général, et plus encore de la remarquable traduction grecque de la Septante : anthropos , l'humain générique ! (280 av. J.C.), le texte que Paul lisait.
Sur la première question, je pense que les anciens à la fois acceptaient les récits mythiques (Hésiode chez les Grecs, Genèse chez les Juifs), sans y attacher l'exigence scientifique qui est la nôtre. Mais ceux qui réfléchissaient n'étaient évidemment pas dupes de ces récits. Les présocratiques, Platon, Aristote, les Stoïciens se sont chargés de dire à quel point ces "mythes" fondateurs n'étaient que des projections des fantasmes humains !
Cela me conduit au second niveau : par principe la lecture juive de l'Ecriture n'est pas historiciste (et c'est vrai encore aujourd'hui) ; l'Ecriture fonctionne comme un concentré de significations éblouissantes, dont il faut tirer un à un les rayons lumineux pour les déployer ensuite, comme dans un prisme, par la multiplicité des interprétations.
Déjà, la Septante que j'évoquais le manifeste. Elle traduit l'hébreu "adam" par anthropos,  l'humain, jusqu'en Gn 2,16,  autrement dit, avant la différenciation. Ensuite seulement ayant mis en perspective ish et ishah, homme et femme, elle donne à l'homme son nom Adam translittéré en grec (et plus loin à la femme Zôè : la vivante, comme Ewa en hébreu !).
Il me semble que cela correspond bien à ce que devait penser Paul : une humanité créée homme et femme, une humanité qui alors, et presque aussitôt, se dresse contre Dieu sur la suggestion perfide du... serpent extérieur ou intérieur ? le soupçon et la volonté d'"être comme des dieux".

Il faut ajouter que Paul connaît aussi déjà les targums (la traduction orale en araméen dans les synagogues) qui ont déjà commencé à interpréter  les textes de Genèse 1-2-3, dans le sens de l'aventure humaine en général.
Je pense qu'alors pour Paul, Adam et Eve sont les premiers représentants de l'humanité et jouent le rôle de métaphores de l'humain en général. 
De plus, Paul lit l'histoire à partir de la fin : pour lui, c'est parce que le Christ a pris en charge toute l'humanité pour la réajuster à Dieu, qu'il peut dire en Rm 3, 21:"tous privés de la gloire de Dieu" PARCE QUE "tous sauvés par pure grâce" dans l'humanité du Christ.

Pour Paul, ce qui nous déculpabilise n'est pas la "faute du premier homme", car c'est la faute de "tout être humain" ("Dieu a enfermé TOUS les humains dans la désobéissance pour faire à TOUS miséricorde" Rm 11? 32), c'est le fait que Jésus le Fils nous a TOUS réajustés à Dieu dans sa propre foi/fidélité/obéissance ! 
"Plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ" (Rm 8, 1).
Reste à être à la hauteur, et là je vous rejoins, notre attitude est de ce fait encore plus navrante que vous ne le dites... Oui mais... il nous a laissé son Esprit !

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