Jean Zumstein dit que l’évangile de Jean a été écrit vers l’an 100.
J’ai un gros doute :l’ évangile de Jean aurait été écrit par le disciple bien-aimé au bout de 70, voire 80 ans : Jean avait peut être 20 ans en l’an 30 ;il aurait écrit son évangile à 91 ans ce qui veut dire que les disciples de Jésus auraient attendu 80 ans pour avoir un écrit ,ce qui est fort douteux. Personne n’aurait dit des la premiere annonce de Jésus par ses disciples« Parle nous de ce Jésus dont tu dis des merveilles ». Pour ma part, avec d’autres, je pense que le disciple bien-aimé a, rapidement après la résurrection, commencé d’écrire un évangile qui a pu être enrichi au fur et à mesure que le temps passait, enrichi aussi en fonction des événements cités par Jean Zumstein : le rejet par la synagogue, les persécutions par les romains ; ce qui veut dire aussi que Jean ou ses disciples ont fait parler Jésus face à ces épreuves, sans que les paroles qu’ils rapportent aient été véritablement dites par Jésus.
2e problème lié au premier :je ne crois pas que beaucoup de discours attribues à Jésus selon Jean aient été vraiment prononces par Jésus : quelle différence de langage entre le Jésus des synoptiques et le Jésus de Jean ; à moins d’imaginer que Jésus ait eu 2 types des discours , celui des synoptiques et celui de Jean ; un langage simple pour les gens simples comme Pierre , le pêcheur de poissons, et un langage sophistiqué , du genre Nicodeme, pour le disciple bien aimé ; ce que je ne crois pas.
Je crois plutôt que Jean « féru » de théologie a plutôt adapté les discours de Jésus à sa culture théologique tout en restant cohérent avec la pensée de Jésus ; un leit motiv des synoptiques est d’inviter à échapper au jugement par de bonnes pratiques
Créé par : Sommier
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Bonjour, Monsieur, Je vous…
Bonjour, Monsieur,
Je vous remercie de vos remarques très intéressantes, d’autant que d’une certaine façon, vous vous répondez à vous-même !
Pourtant, il y a dans ce que vous dites un a priori très discuté et très discutable : les disciples, Jean en particulier, aurait écrit très vite après la mort et la résurrection de Jésus ! C’est oublier au moins trois choses :
1-que les disciples (surtout ceux de Judée/Samarie/Galilée, dont le groupe qu’on a appelé « johannique ») n’ont pas cru qu’ils auraient à transmettre, mais à annoncer dans l’attente urgente de la venue du Seigneur. Les Actes des Apôtres sont clairs à ce sujet : même lors de la dispersion, ils partent « annoncer » et « témoigner ».
J’ajoute qu’on est, pour encore près d’un siècle, dans un monde où l’oral prime largement sur l’écrit (on en a un écho avec Polycarpe vers 120 ap J.C. : aucun écrit ne vaut la parole vivante du témoin !). Nous n’avons d’ailleurs aucun écrit en araméen, même s’il est vrai aussi que l’annonce s’est très tôt faite en monde grec.
Au contraire de ce que vous supposez, une masse énorme de traditions orales a été transmises dans les assemblées chrétiennes, dans l’enseignement et dans la mission : récit de la passion et du dernier repas d’abord, collection de paraboles et collection de miracles, collection d’enseignements récoltés dans la source dite « des logia » (que nous n’avons pas par écrit) …
2-que Paul, le premier « auteur » chrétien, écrit des lettres de 49 à 59, et ne cite jamais aucun évangile. Par contre il cite des traditions orales très claires, celles qui se transmettent dans le cadre liturgique du repas du Seigneur (1 Co 11, 23-27) ou dans celui de la proclamation de foi, le kérygme (1 Co 15, 1-11), les formes écrites en restent d’ailleurs assez flottantes.
Mais Paul véhicule la tradition orale déjà très présente à Antioche de Syrie (kérygmes, formules liturgiques…), et il crée un nouveau vocabulaire chrétien en grec, et une nouvelle façon de penser la croix :
3-enfin que le disciple bien-aimé soit Jean le fils de Zébédée est aujourd’hui mis en doute par Zumstein et la grande majorité des spécialistes de l’évangile, toutes confessions confondues. Le bagage culturel grec de la figure du disciple bien-aimé qui domine l’évangile n’est pas celui des pécheurs araméens, si cultivés soient-ils. Vous allez dans ce sens, me semble-t-il ; car vous avez bien vu que sa haute christologie n’est pas celle des synoptiques, ni de Paul.
Je sais bien que des romans à succès ont tenté d’accréditer cette thèse, qu’aucun exégète sérieux ne soutiendrait aujourd’hui. Mais dans quel but ?
Vous reconnaissez vous-même que les discours, qui d’ailleurs ne sont pas d’une seule venue, mais des ajouts successifs, supposent un long mûrissement de la foi du groupe johannique, et que leur haute christologie ne saurait être immédiate, même si Jésus ressuscité a reçu très tôt un culte, jusqu’ en monde judéo-chrétien.
Un autre a priori est que le langage des synoptiques est « un langage simple »… quand on constate le travail littéraire, même de Marc, et surtout, celui puissamment maîtrisé, de Matthieu et de Luc, on se demande où se trouve le langage « simple ». Par exemple, les paraboles, trop vite interprétées dans une dimension morale, ont une tout autre fonction de mise en question et de retournement des évidences… qui n’est pas si évidente que cela ! Et qui dépayse le lecteur avec une force peu commune.
Et leur christologie narrative n’est pas moins subtile, et profilée différemment de l’un à l’autre.
La vraie question est celle que je posais tout à l’heure à propos des tentatives pour faire remonter les évangiles à tel ou tel disciple du groupe de Jésus. Que cherche-t-on ? Qu’y gagne-t-on ?
Les disciples, au dire de Jésus, n’ont rien compris de ce qu’il venait annoncer et vivre, et il a fallu du temps, le travail de l’Esprit, pour qu’au fil du temps après sa mort et sa résurrection, ils puissent tenter de dire son identité.
Or, vouloir tenir une parole transmise (enregistrée ?) par les disciples, c’est vouloir mettre la main sur… une vérité ? C’est en tout cas refuser le travail de l’Esprit et le travail de l’Eglise qui a été un long cheminement, celui de la Tradition vivante qui se poursuit encore aujourd’hui.
Dit plus brutalement : tout fondamentalisme, tout historicisme, nie l’Esprit et l’Eglise. Alors que la foi chrétienne est une foi fondée sur le témoignage des croyants, transmise et méditée, de génération en génération. Lisez 2 Timothée 2, 1-13, admirable texte de la troisième génération chrétienne (voir 1,5) sur la transmission-tradition qui avance à travers les décennies, puis les siècles.