Les verset 9 et 10 de la 1ère lettre aux Thessaloniciens insistent sur l’adhésion de Paul à la foi d’Israël : « vous vous êtes tournés vers Dieu en vous détournant des idoles, pour servir le Dieu vivant et véritable » et la référence à « la colère qui vient ». En même temps, Paul y affirme que c’est le Christ qui viendra du ciel pour nous arracher à cette colère divine. Faut-il privilégier la dimension de continuité avec la foi d’Israël ou plutôt celle de la nouveauté de la foi au Christ (ou tenter de les combiner) ?
De plus, cette « justification » qui nous évite la colère divine semble liée au retour du Ressuscité : faut-il y voir une pensée initiale de Paul, avant l’affirmation plus connue que c’est la mort du Christ qui nous obtient le pardon des péchés ?
(Question 2 du groupe de Grenoble)
Créé par : Claude Laval
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Vous avez raison de…
Vous avez raison de souligner le caractère dense et surprenant de cette première expression de la foi chrétienne en 1Thessaloniciens 1, 10. Elle combine d'une part l'invitation aux païens de se détourner des "idoles", des divinités et religiosités diverses pour se tourner (c'est le verbe de la conversion) vers le Dieu, unique, le Dieu vivant et vrai.
Mais le verset 10 subtilement s'adresse à la fois aux païens (les dieux grecs sont toujours vengeurs et prêts à accabler les humains), et aux Juifs (la colère de Dieu, c'est son jugement qui détruira les idoles et punira les impies, selon les prophètes), après avoir introduit ce qui est inacceptable pour les uns et pour les autres, le coeur de la croix chrétienne : "son Fils, Jésus, qu'il a réveillé d'entre les morts". Je me demande dans quelle mesure Luc ne s'est pas inspiré de ce texte pour écrire le discours de Paul devant l'aréopage à Athènes en Actes 17.
Et comme vous le dites, le coeur de la foi chrétienne pour Paul, c'est l'envoi du Fils (voyez aussi Galates 4, 4), et la résurrection. Oublie-t-il la croix ? On pourrait dire l'inverse lorsque Paul s'adresse aux Corinthiens en 1 Co 2, 2 : "je n'ai voulu connaître que Jésus Christ crucifié", où il semble oublier la résurrection.
C'est que Paul n'écrit jamais un traité de la foi chrétienne (même dans la lettre aux Romains), mais des lettres pastorales s'adressant à une Eglise donnée avec ses problèmes. A Thessalonique, il fallait d'abord annoncer la résurrection qui parlait aux Grecs et aux Juifs, sans trop insister sur l'horreur et le scandale de la croix.
Et pour Paul, ce n'est ni la mort sur la croix seule ni la résurrection seule qui manifestent le pardon de Dieu, mais la venue du Fils, sa mort sur la croix, au terme d'une vie de fidélité parfaite, que Dieu vient sanctionner par la résurrection.