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Commentaires

Posté par Roselyne

dim 26/05/2024 - 13:01

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Gloups ! Plein de questions et pas des plus simples ! 
Je vais essayer de réagir dans l'ordre :
D'abord au fil du texte de Genèse et en essayant d'épouser le point de vue des auteurs.
Clairement ils relisent ou plutôt ils construisent l'histoire pour faire entrer dans la descendance d'Abraham dont ils se réclament les tribus dont le patriarche était Isaac. Or, à l'époque où ils rédigent (retour d'exil, début du 5ème s. av. JC), la question est bien de maintenir le droit à la terre des exilés qui se réinstallent en Judée et opèrent autour d'eux un rassemblement de tous ceux qui, dans le pays, étaient restés fidèles au Dieu d'Israël. Il s'agit aussi d'exclure tous ceux qui avaient adoré les dieux des peuples environnants (baals et dieux de la nature), et avaient épousé des femmes idolâtres (voir Néhémie 13, 23-30).
En même temps ils voulaient garder un lien fort avec la diaspora juive, notamment tous ceux qui étaient restés en Babylonie devenue perse (et ailleurs). Dès lors, on comprend bien qu'il ne soit pas question qu'Isaac épouse une idolâtre (une Cananéenne !!!), et il était au contraire très significatif qu'il reparte dans la lointaine Mésopotamie épouser une parente de son clan ! Endogamie que Néhémie (hélas !) appellera "pureté".
Vous comprenez bien que, de ce point de vue, il était exclu qu’Isaac épouse une Cananéenne, et Matthieu dans l’évangile s’en souviendra (Mt 15, 21).
Pourtant, il s’agit comme toujours dans la Bible d’une question qui fait débat. Car il y a eu aussi au retour d’exil des Juifs qui voulaient au contraire desserrer les liens étroits des lois de pureté, ouvrir plus largement les fenêtres, accueillir l’étranger qui respectait le Dieu d’Israël (voir Esaïe 56, 7 : « ma Maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples » ! Et la belle histoire de Ruth, la Moabite, écrite en ce même 5ème s., fait de l’ennemie héréditaire l’arrière-grand-mère du roi messie David.  Je m’interroge aussi : Rahab, la prostituée de Jéricho était bien cananéenne (Jos 1, 2), et Bethsabée était la femme d’Urie le Hittite (un peu turque ?).   Là encore, Matthieu s’en souvient et fait de ces femmes les ancêtres de Jésus !

De là à dire que c’était la volonté de Dieu… Evidemment, puisqu’il s’agit de préserver le groupe porteur du Nom de Dieu, ceux qui ont traversé l’exil, et que Dieu a ramenés sur leur terre.
Réussite du projet de Dieu ? En tout cas réussite des auteurs qui lisent l’histoire pour montrer que leur présent répond bien à la volonté de Dieu.
Ne les critiquons pas trop vite. Dans la Bible, les échecs, et il y en a eu, sont aussi lus comme des effets de la volonté de Dieu, qui, par la main de l’Assyrien ou du Babylonien, punit les rois d’Israël qui ont cédé à l’idolâtrie ou aux sirènes de l’Egypte.
Plutôt, toute l’histoire est scrutée et racontée pour y discerner le projet de Dieu qui s’accomplit dans et malgré les turbulences et les turpitudes des humains !
De plus, j’insiste sur l’aspect « débat, dialogue, voire opposition » entre les différents textes bibliques, à des époques différentes, mais aussi à la même époque. Preuve s’il en est besoin qu’il n’est ni simple ni évident de discerner « le projet » de Dieu dans l’histoire.

Dans le Nouveau testament, les « il fallait » des évangélistes, notamment de Luc, relève du même processus : « ne fallait-il pas que le Christ souffre… il faut que s’accomplisse les Ecritures » etc.
On a envie de dire : « il ne fallait rien du tout »… mais l’histoire est toujours relecture du passé sous un éclairage donné ! Ici celui de la foi en la résurrection :
Le seul « il fallait » qui en dit plus, c’est celui de la parabole du père et des deux fils en Luc 15 : « ne fallait-il pas se réjouir, puisque ton frère est revenu à la vie ». Le  « il fallait » de l’amour infrangible du Père !

Nous n’attribuons plus aussi facilement les événements de l’histoire à la main de Dieu qui poursuit son dessein. 
Nous sommes libres et, j'oserais dire, maîtres à bord... les réussites comme les échecs sont d'abord les nôtres
Mais nous continuons à croire que la volonté de DIeu est la bénédiction de tous les clans de la terre, même si les humains s’emploient à générer autant qu’ils peuvent de malédiction (pas tous !).
Et je pense que c’est à cette lumière qu’il faut scruter au moins notre actualité, pour voir si nous pouvons y poser des gestes témoignant de cette bénédiction, au-delà de tous les échecs... comme de toutes les réussites !

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