J'ai commencé à lire le livre d'André Wénin et je le trouve très stimulant. Il y a juste un passage qui ne m'a pas convaincu: sa discussion de la nudité d'Adam et Ève. Selon AW, si Adam et Ève se découvrent nus seulement après avoir mangé le fruit défendu, c'est qu'auparavant ils souffraient d'un "aveuglement". Alors la Chute serait un bienfait, qui guérit cet aveuglement? Il me semble qu'avant la Chute, ils vivaient plutôt un état "nuptial" où le couple a plaisir à partager sa nudité. N'a-t-on pas honte de sa nudité seulement parce que l'on craint le regard de l'autre? Après la Chute et la découverte du Bien et du Mal il y a une méfiance qui s'installe entre eux: on voit l'autre comme une possible menace et sa nudité devient gênant. Un homme comme AW qui a toujours vécu dans le célibat peut-il comprendre la joie de cet état "nuptial" que connaisent les couples?
Créé par : Michael CLIFTON
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Je comprends bien votre…
Je comprends bien votre réaction sur cette affaire effectivement très peu convaincante de la découverte par les êtres humains de leur nudité.
Je ne crois pas du tout qu'il faille mettre une interprétation en relation avec la vie de chaque exégète, dont nous ne savons rien.
Il s'agit vraiment ici d'oser des interprétations aussi cohérentes et signifiantes que possible devant un texte qui reste particulièrement peu explicite.
Vous posez bien la double question : pourquoi Adam et sa femme découvrent-ils leur nudité au moment où ils ont abîmé et dévoyé leur relation de confiance avec Dieu ? Pourquoi cet aveu de "honte" devant cette nudité ?
Si je scrute le texte en essayant de ne rien rajouter, il me semble que cette nudité qui ne fait pas honte en 2, 25 n'est pas explicitement reliée à la sexualité ; il y a bien une relation mutuelle, mais comme vous le dites, peut-être est-elle exempte de honte, parce que chacun s'accepte et accepte l'autre tel qu'il est dans sa différence et dans sa faiblesse. Joie de la nudité nuptiale, pourquoi pas, et affirmation que chacun peut vivre sans rien craindre de l'autre et des autres.
La découverte de la nudité au chapitre 3 semble ne concerner que cette faiblesse et cette absence absolue de défense vis-à-vis du dehors, l'autre compris.
N'est-ce pas la découverte d'une possible mainmise sur l'autre (d'une domination, d'une violence) qui fait peur à l'être humain. Avoir mis la main sur la connaissance du bien et de mal, en disposer, en décider, ouvre un abîme de possibilité mortifères vis-à-vis des autres...Il faut se protéger de l'autre... et de Dieu !
Vous notez de votre côté une possibilité que cette joie demeure (je suis d'accord avec vous), et cela me pousse à dire que le texte de la Genèse vise autre chose, plus largement, la difficulté des relations humaines, sociales, quand la Loi de Dieu est oubliée....
Bien entendu, je n'ai absolument pas le dernier mot sur ce textes.... D'autres lectures et interprétations, la vôtre par exemple, celle de Wénin, etc...,sont tout aussi valables et intéressantes !