Wénin interprète le silence de Gn 15,8-10 sur ce qui motive Abram à couper les animaux (sauf les oiseaux) de façon originale (il me semble) et séduisante, puisqu’il prête à Abram une intention qui n’est pas explicitée dans le texte. Ainsi l’Alliance conclue est-elle plus équilibrée, entre deux partenaires, Dieu qui en a l’initiative et Abram qui en exprime le désir.
Pourtant au verset 8, c’est YHWH qui demande à Abram de trouver des animaux bien définis et aux versets 13-16, c’est encore YHWH qui prend la parole, avant qu’aux versets 17-18, le feu, qui symbolise son intervention, passe entre les morceaux et que l’auteur du texte en donne le sens, à savoir que YHWH a conclu une alliance avec Abram. Le texte me semble clairement dire que c’est l’alliance de YHWH et qu’Abram l’accepte ; en d’autres termes, cette Alliance est don de Dieu, et la terre ainsi que la descendance (chapitres suivants) en sont la concrétisation. Dans ces pages de la Genèse, la réciprocité consiste pour Abram « à garder cette Alliance » (Gn 17,9) et la circoncision en sera le signe. Et il faut attendre Moïse pour que cette réciprocité se développe dans la Loi reçue au Sinaï (Ex 19-20).
Pouvez-vous commenter cette lecture et dire ce que vous pensez de ce point de vue particulier exprimé par Wénin ? Merci d'avance.
Créé par : Claude Laval
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Merci de ce travail ! Vous…
Merci de ce travail !
Vous me demandez de commenter votre lecture de ce chapitre 5, où, si j'ai bien compris, vous mettez en cause la proposition de Wénin qui fait d'Abram un partenaire "équilibré" ou "symétrique"dans la conclusion de l'alliance. Et vous énumérez (avec grand soin et grande raison) tous les actes dont le SEIGNEUR a l'initiative.
Je ne peux que souscrire à votre analyse, et penser que Wénin prête trop à Abram, ou plutôt ne situe pas de façon juste le lieu de la "réponse" d'Abram.
D'un bout à l'autre dans la "conclusion de l'alliance" (v. 18), le SEIGNEUR est sujet et a l'initiative. Il est incontestable que l'alliance offerte et conclue l'est de façon dissymétrique. Paul le comprendra ainsi, et il parlera de "promesse" de Dieu à Abram, ou même de "testament" (autre sens du mot "alliance" en grec) pour montrer que Dieu seul a l'initiative de l'engagement !
Que fait Abram ? Comme vous le dites, il procure les animaux demandés, et les "partage" (initiative que lui reconnaît Wénin). Ce partage est original, mais on en a une autre attestation en Jérémie 34, 18-19, où il n'est pas du tout clair de savoir qui coupe en deux les taurillons et passe entre les morceaux, je crois qu'il s'agit des hommes, selon les termes de l'engagement que Dieu leur a demandé de prendre ainsi. Encore une fois, Dieu a toute l'initiative.
Mais il y a encore un acte, antérieur et plus important qui a été celui d'Abram : au v.6, on lit "Abram eut foi dans le Seigneur, et il le considéra comme juste".
L'acte essentiel d'Abram, c'est l'acte de foi, la confiance mise dans le SEIGNEUR et dans sa parole. C'est cette confiance qui le rend "juste", qui 'l'ajuste" au projet de Dieu. A partir de là, Abram rentre dans le projet divin, qui d'ailleurs ne se révèlera à lui que partiellement, alors qu'il est plongé dans une torpeur et dans les ténèbres. La foi d'Abram reste la foi de celui qui croit, qui fait confiance sans avoir vu....Et cela suffit largement !
Il me semble que Wénin s'appuie trop sur d'autres formes d'alliance (et il y en a plusieurs), notamment celle du chapitre 17 et surtout l'alliance avec Moïse et le peuple dans l'Exode et le Deutéronome. Ces récits d'alliance (plus proche des alliances de suzerain à vassal dans les royaumes environnants) supposent une sorte de contrat. Le Seigneur, suzerain, garde l'initiative, mais les humains ont des clauses à respecter en réponse : la circoncision, et la Loi. Je vous suis donc presque jusqu'au bout, mais je me demande si le chapitre 17 avec la circoncision ne participe pas déjà d'une alliance du second type !