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Thèmes / Lire la Genèse avec Roselyne Dupont-Roc. Saison 2 / Vos questions, vos remarques (2) / «  En toi seront bénies toutes les familles de la terre » Gn 12, 3 ; 22, 18 ;26, 4

«  En toi seront bénies toutes les familles de la terre » Gn 12, 3 ; 22, 18 ;26, 4

Dès le début du chapitre 12, Dieu invite Abraham à partir de son pays: il lui promet une terre, une descendance et une bénédiction : « Pars de ton pays…en toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12, 1; 3). Quand Dieu lui réitère sa promesse en 15, 5, « Abram eut foi dans le Seigneur et pour cela le Seigneur le considéra comme juste ». Après la ligature de son fils Isaac, Dieu étend cette bénédiction à sa descendance: « Parce que tu as fait cela et n’as pas épargné ton fils unique, je m’engage à te bénir et à faire proliférer ta descendance…c’est en elle que se béniront toutes les nations de la  terre » (22, 16.18). Cette promesse de Dieu est renouvelée nommément à Isaac en 26, 4: « je lui (à ta descendance) donnerai toutes ces terres et en elle se béniront toutes les nations de la terre ». Nous savons qu’Israel, grâce au libre choix de Dieu et à la foi du patriarche Abraham, est le peuple élu, chargé de porter au monde la connaissance du Dieu Un. Mais nous ne sommes pas sûrs de comprendre ce que veut dire qu’Israel est porteur de « bénédiction pour toutes les nations de la terre ». Cela a t il été une mission constante dans l’histoire du peuple hébreu? Et pour les croyants israélites d’aujourd’hui, est ce encore le cas? Comment le comprendre dans les circonstances actuelles?

Créé par : Anne Cornelli groupe de l’Haye les Roses

Date de création :

Commentaires

Posté par Roselyne

dim 26/05/2024 - 09:15

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Des grandes questions... 
Sur le rôle que se reconnaît Israël aujourd'hui, il faudrait interroger un rabbin juif ouvert et amical (j'en connais et je vais le faire). Mais du point de vue chrétien, il me semble qu'il n'est pas très difficile de le faire.
D'abord, je refuse d'assimiler Israël à la politique de l'extrême droite de l'état d'Israël au pouvoir depuis plus de vingt ans. Même s'il est impossible aussi de séparer complètement la dimension religieuse d'Israël et l'état d'Israël.
Ensuite, que la promesse de Dieu à Abraham et à ses descendants soit de devenir bénédiction pour tous les clans de la terre, les chrétiens sont le mieux placés pour le vérifier sur deux aspects majeurs de leur foi :

-Même si les Grecs avaient affirmé l'unicité du divin, et pour certains un Dieu un, à l'origine du monde (premier moteur aristotélicien et un peu plus), voire encore un Dieu "père" des humains (voir le discours de Paul à l'Aréopage en Actes 17, 21ss;), le Dieu amoureux de son peuple et des êtres humains (Osée 2, 11), le Dieu père, qui pardonne et accueille sans fin, parce qu'il n'est "pas comme les humains" (Osée 11, 9), le Dieu de la promesse et de l'alliance, en un mot celui qu'Abraham Heschel définit  : "Dieu en quête de l'homme", c'est la tradition juive qui l'a "inventé", et qui l'a offert à l'humanité, à "tous les clans de la terre" !  Merci, Israël.
Premier peuple de l'alliance (malgré ce que nous chantons un peu (trop) triomphalement, Israël est de façon inaliénable le destinataire des promesses et de l'alliance du Dieu un. Et chargé de bénir son Nom.

-Jésus que les chrétiens reconnaissent comme Christ et Seigneur est et reste définitivement un "fils d'Israël", et pour nous le "Messie-Christ" attendu par les prophètes ! On oublie trop que Marie, Pierre, Paul et les autres se définissaient comme Juifs...

Est-ce que cela ne nous suffit pas pour parler de bénédiction ?
J'ajoute qu'au dire de Paul dans les Romains et de Vatican II dans  Nostra Aetate,  Israël garde aujourd'hui (et définitivement) par rapport à l'Eglise (aux Eglises ?) chrétienne, le rôle imprescriptible de garde-fou et de limite : nous ne sommes pas "le" peuple aimé, élu de Dieu, sans autre.
Il y a, avant nous définitivement, le peuple en premier choisi (élu si vous voulez) aimé de Dieu, Israël.
Cela interdit, ou devrait interdire, en tout temps à l'Eglise de se prendre pour le "tout", et de vouloir boucler en rassemblant tout en elle-même.
L'Eglise n'est pas son propre but, elle est, après Israël et avec Israël, un peuple chargé de désigner à tous les êtres humains les chemins du Royaume de Dieu, et à en donner un témoignage.
Il me semble que c'est ce que dit l'auteur de la lettre aux Ephésiens au chapitre 2. Les chrétiens se sont vite empressés de l'oublier.

Posté par Anne Cornelli groupe de l'Hay les Roses (visiteur)

lun 03/06/2024 - 13:24

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Je me suis mal exprimée. Ma question ne portait pas sur la bénédiction qu'Israël porte aux nations selon le point de vue des nations. Il est clair que la chrétienté lui est redevable de cet immense cadeau qu'est Jésus Christ, Juif né d'une femme juive, né sous la loi. Mais pour les Israélites je pense que ce n'était pas un motif d'allégresse ni de bénédiction puisque les siens ne l'ont pas reconnu. Alors que pouvait signifier pour les Juifs la promesse faite à Abraham qu'"en [sa] descendance seraient bénies toutes les nations de la terre"? (Quant à l'apport de la connaissance du Dieu Un, nous l'avons mentionné dans notre précédente question. Et nous sommes bien d'accord que l'Eglise n'est pas le tout des croyants, que la politique du gouvernement actuel ne représente pas Israël, et que la chrétienté n'est certainement pas le premier peuple choisi par Dieu!) Mais notre question est autre: que peut vouloir dire pour les Israélites, du point de vue de leur foi et de leur comportement: "en toi seront bénies toutes les familles de la terre"? Une promesse? de quoi? une responsabilité? Cela a t il influencé les croyants dans leur manière de considérer les autres nations (qui leur étaient confiées?). Nous ne comprenons pas bien cette expression. Merci à l'avance, bien que peut être cette question soit hors sujet.

Posté par Roselyne

jeu 06/06/2024 - 09:34

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Non, Anne, la question n'est pas hors sujet ! Elle est même en plein dans le  mille, mais évidemment seul un Juif pourrait y répondre. Et à vrai dire, en ce moment, les amis juifs n'ont pas envie de répondre !

Mais il y a une réponse que je peux faire : les Juifs se sont toujours sentis responsables de garder et d'honorer le nom de Dieu. C'est une vraie charge. Garder sans relâche l'Allel, la louange au Dieu Unique. Je me dis qu'ils sont là pour empêcher que le nom du Dieu un disparaisse d'une humanité portée au polythésime et à l'idolâtrie (ce qu'on peut traduire en termes contemporains :  argent, sexe, pouvoir etc.).
Nous aussi d'ailleurs, et l'évangile de Luc pose bien la question : "quand le Fils de l'Homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?" (Lc 18, 8) 

La promesse faite à Abraham se concrétise dans la pérennité d'un peuple qui observe la loi de Dieu et en témoigne. Dans la Bible même, pour les prophètes comme le 3ème Isaïe ou Zacharie, c'est la grande montée des peuples vers Jérusalem (Is 66, 12). C'est aussi, avec le temps, l'attente eschatologique du Jour du Seigneur, le Jour où il viendra en roi pour une ère de paix et de prospérité. Ainsi Zacharie 8, 20-23 : "en ces jours là, dix hommes de toutes les langues des nations s'accrocheront à un Juif par le pan de son manteau en disant : "Nous voulons aller avec vous, car nous l'avons appris : Dieu est avec vous" !

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