Commentaires
Vous avez dit : …
Vous avez dit : "avertissement " ?
En réfléchissant sur votre question et sur l’idée « d’avertissement » voire de « pédagogie divine », plutôt que de « châtiment », je voudrais avancer encore.
Les prophètes passent pour annoncer des châtiments de Dieu terribles devant l’infidélité et l’idolâtrie du peuple. Je préfère oublier cette théologie de la rétribution (qui, hélas, resurgit trop souvent, voir certains mouvements Pentecôtistes de la théologie de la prospérité !).
En fait on peut (on doit ?) lire les oracles prophétiques comme des avertissements, souvent liés à une fine analyse de la situation politique. Ainsi, Amos : si les grands propriétaires continuent à exploiter la population paysanne sans tenir compte de la menace assyrienne, tous se ligueront contre eux, et le royaume du Nord tombera. Donc appel à changer d’attitude et de vie.
On peut penser, bien sûr, qu’après la chute de Samarie et la disparition du royaume du Nord en 721 av. JC, les oracles ont pu être réécrits et durcis, en annonçant un avenir … qui avait déjà eu lieu (on parle de prophétie « ex eventu ») !
Mais il n’en reste pas moins que les prophètes comme Jérémie et Isaïe ont surtout été des dénonciateurs et des avertisseurs, pas des gens qui constatent le malheur en disant : « c’est bien fait ». On a même essayé de lire dans les malheurs de l’histoire une pédagogie divine.
Je me dis que s’ils pouvaient être « une pédagogie » tout court, nous pourrions éviter bien des catastrophes en essayant de relire l’histoire pour en tirer quelques leçons !
De façon plus juste, relisant Genèse 1 et 2, le judaïsme considère que Dieu s’est retiré de l’histoire pour laisser l’humanité libre et responsable. Chrétiens, nous croyons qu’il a fait ce geste ultime dans son fils Jésus le Christ « livré aux mains des hommes ». S’il s’est livré entre nos mains, c’est donc bien à nous que revient la responsabilité de prendre en charge notre histoire. Dur, mais il nous reste l’espérance et l’Esprit…
Châtiment ou avertissement ?…
Châtiment ou avertissement ?
J'ai envie de répondre: cela dépend du point de vue (époque, culture, mentalité) de ceux qui ont écrit le texte... et de ceux qui le lisent.
Et on ne peut nier que le texte (comme dans l'Exode celui des plaies infligées à l'Egypte) est d'abord vu comme un châtiment : "Dieu infligea des maux... à cause de Saraï" ! Mais il faut aussi reconnaître aux auteurs qu'ils ne présentent pas le Pharaon ici de façon négative (comme ce sera le cas dans l'Exode), mais qu'ils insistent sur le retrait immédiat du Pharaon, qui, non seulement convoque Abram, mais lui rend sa femme et lui laisse tous les biens qu'il a pourtant si mal acquis (v. 16).
Autrement dit, la question ne se pose pas en termes de châtiment ou d'avertissement, mais bien en termes d'écoute et d'endurcissement, et le coeur de Pharaon ne s'est pas endurci. Au fond, le texte prend sens quand on le compare avec la figure tellement négative du Pharaon dans l'Exode.
Le fait que les malheurs soient lus comme un châtiment divin est une constante de la théologie de la rétribution, tellement présente dans la Bible.
Théologie primaire, sinon primitive (qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu ?), dont les textes bibliques témoignent largement.
Mais qu'ils savent aussi mettre en cause et en crise, voire contredire puissamment. Et cela sans aller chercher Job. Mais d'abord dans ces textes mêmes que nous lisons, qui mesurent la faute commise par Abram et non d'abord par Pharaon. Alors que Pharaon est sanctionné, mais non pas Abram... La rétribution ne fonctionne pas vraiment ! Il faut tenter de comprendre autrement ce Dieu qui s'engage envers Abram... Toute la Bible s'y emploie ! Et nous avons à continuer le travail devant la réaction spontanée : qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu ? qui prend des formes subtiles parfois.