Aller au contenu principal
Auteur
Michel MENVIELLE

Dimanche 13 mai 2018 – 7e dimanche de Pâques – 1 Jn 4, 11-16 ; Jn 17, 11-19

Ultime dialogue de Jésus avec ses disciples. Judas est sorti pour le livrer. Ils vont partir pour le jardin où il sera arrêté. À la fin de ce dialogue, Jésus parle à son Père. Il lui demande de veiller sur ses disciples afin qu’ils soient unis comme le Père et lui le sont, de les sanctifier dans sa parole, qui est vérité. Il demande à son Père de les aider à atteindre l’objectif eschatologique qu’il leur propose : comprendre et observer, à partir de son enseignement, le commandement nouveau qu’il leur donne afin qu’ils pratiquent entre eux un amour à l’image du sien – agapé en grec, mot utilisé par Jean pour désigner l’amour que Jésus porte à son Père et à ses disciples.

S’« agaper » les uns les autres… Les disciples sont invités à une unité fondée sur une relation réciproque entre personnes qui se reconnaissent différentes. Relation de confiance, d’accueil mutuel au plus intime, sans qu’il y ait menace ni donc besoin de se défendre, ni mise à mal de l’identité, ni fusion, ni envahissement. En écho, les moments fugaces où cet idéal advient ne sont-ils pas traces de ce dont parle ici Jésus et qui nous dépasse : la joie qu’il demande au Père de donner et la sanctification dans la parole du Père ?

Une présence au plus intime de l’homme et qui le dépasse. À ses disciples, Jésus dit que, comme lui, ceux qui perçoivent cette présence ne sont pas du monde, et que le monde les hait pour cette raison. Mais il ne leur demande pas de se tenir hors du monde. Bien au contraire, il les envoie vers le monde, comme lui-même a été envoyé vers le monde. Au Père, il demande de les protéger du mal, sans les ôter du monde.

Jésus utilise toujours le pluriel lorsqu’il évoque la possibilité, pour ses disciples, de discerner la présence du divin au plus intime de l’humain. Être disciple est bien évidemment un chemin personnel, mais c’est ensemble, lorsque nous vivons – ou plutôt essayons de vivre… – l’agapé à laquelle Jésus nous invite, que nous portons témoignage qu’une gloire qui nous dépasse nous est donnée en partage. Jean le dit aussi dans son épitre : « Dieu, personne ne l’a jamais contemplé. Si nous nous agapons, Dieu réside en nous, son agapé ayant été réalisée en nous. »

Le mot grec généralement traduit ici par « monde » a pour sens premier « ordre ». Il connote l’organisation (sociale, politique, etc.) du monde où nous vivons. Ne pas être du monde tout en restant dans le monde, n’est-ce pas tout simplement être actifs, chacun à la mesure de ses talents, dans le monde où nous vivons, sans jamais oublier que la gloire qui nous est donnée en partage implique que l’organisation du monde a pour raison d’être l’épanouissement de chaque homme ? Au risque d’être haïs et dans certains cas martyrisés par ceux pour qui l’agapé est étrangère.
 

Michel Menvielle