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Auteur
Michel MENVIELLE


Dimanche 24 octobre 2021 – 30e dimanche du temps ordinaire – Mc 10, 46b-52

Jésus sort de Jéricho, avec ses disciples et une foule considérable. À l’extérieur de la ville, assis à l’extérieur du chemin, un mendiant, aveugle. Il est en dehors de la vie sociale et économique. Mais il est connu, situé dans une généalogie : c’est le fils de Timée.

Il ne se résigne pas. Ayant appris que c’est Jésus le Nazaréen qui passe, il crie : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » Rabroué par beaucoup, il crie de plus belle. Jésus s’arrête. Il dit de l’appeler, ce qui est fait. Alors, ayant jeté son manteau au loin, Bartimée bondit et vient vers Jésus. Le récit du dialogue entre Jésus et Bartimée va à l’essentiel : une question de Jésus et Bartimée exprime son désir. Aussitôt, il voit de nouveau, ce que Jésus constate : « Va, ta confiance t’a sauvé. » Et il fait route avec Jésus sur le chemin.

Un récit de guérison il y a 2000 ans en Palestine. Un récit par lequel Marc nous propose des boussoles pour faire face à des situations auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui.

Une rencontre entre deux hommes. Le premier, Bartimée, invalide et exclu, ne se résigne pas à demeurer dans une situation qui entrave la force de Vie qui l’habite. Le second, Jésus, entend son cri, l’invite à reprendre une place avec ceux qui vont sur le chemin, et l’aide à exprimer le désir qui le porte. Ce dont Marc nous fait ici récit est pour moi signe que l’écoute de ce qui sourd de ce lieu intime où résident nos forces de Vie peut permettre de libérer ce qui empêche l’épanouissement de la Vie. Une relation en vérité peut libérer la Vie en chacun.

En manifestant sa détresse, en criant pour en appeler à l’empathie de Jésus, il sort de la place qui était devenue la sienne. Il dérange et met de fait la foule face à un choix. Marc nous dit que nombreux sont ceux qui lui enjoignent sévèrement de se taire, sans nous dire leurs motivations ni qui ils sont. Pour Marc, l’important est qu’ils enfoncent de fait le mendiant dans son exclusion : reste comme tu es, là où tu es et ‘ferme-la’. Luc précise que ce sont ceux qui marchaient en tête qui se comportent ainsi (Lc 28, 39)… Au contraire, certains entendent la demande de Jésus, « appelez-le » : ils vont vers Bartimée avec bienveillance et humanité. Ils l’invitent à faire confiance aux forces de Vie qui l’habitent, et à se lever, à s’éveiller. Ils l’aident à reprendre une place parmi ceux qui sont sur le chemin.

Tout comme ceux qui étaient avec Jésus, nous avons à choisir : accepter d’entendre celui qui crie sa détresse, ou ne pas l’entendre, ou – pire – le faire taire. Jésus invite les témoins de la scène, et nous, lecteurs aujourd’hui, à ne pas rejeter celui qui crie sa détresse mais au contraire à l’accompagner en paroles et en actes sur son chemin de Vie. À chacun de le faire, comme ont su le faire ceux qui ont changé leur regard sur Bartimée et lui ont parlé après avoir été vers lui, et d’agir en conséquence selon ses possibilités et les moyens dont il dispose là où il est.
 

Michel Menvielle