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Auteur
Sylvie TAMARELLE


Dimanche 26 septembre 2021 – 26e dimanche du temps ordinaire – Nb 11, 25-29 ; Mc 9, 38-48

En lisant l’évangile du jour Mc 9, 38-48, petit moment de tournis, je découvre le 1er acte de cléricalisme du Nouveau Testament ! « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »

Les disciples croient bien faire : quelqu’un qui n’est pas du groupe des apôtres, ceux que Jésus a choisis et qu’il instruit, a agi en son nom et guéri. Qu’il est dur d’accepter que d’autres personnes puissent faire bien et autrement ce que nous considérons comme notre mission propre ! Comme si le bien que d’autres font amoindrissait la portée de celui que nous pouvons faire : vision mal comprise, possessive, étriquée de la mission !

 

« Nous l’avons empêché » : est-ce une histoire d’ego, de jalousie ? Comme dans cette histoire racontée dans le Livre des nombres, plusieurs siècles auparavant : à la tente de la rencontre 70 anciens sont choisis pour prophétiser et soutenir Moïse dans sa mission de guide. Mais deux sont restés au camp et ils prophétisent en dehors du groupe. Josué intervient auprès de Moïse : « Maitre, arrête-les ! » Intolérance ? Peur de perdre le contrôle ? D’être déstabilisés ?

Contrôler, maîtriser les situations n’est finalement qu’une tentation propre à tout humain quand il craint de perdre le pouvoir qui lui est accordé, mais dont l’Église dans son cléricalisme est hélas devenue l’emblème. Pourtant nous ne cessons d’invoquer l’Esprit saint. Alors où le bât blesse-t-il ?

Nous nous sommes habitués à fonctionner sur le mode « Autorisé / interdit ». Finalement nous sommes (toujours) sous un joug qui contraint plus qu’il ne guide. Nous nous « empêchons ». Jésus ouvre à une autre vision, celle de la confiance : « Ne l’empêchez pas, tout homme qui n’est pas contre nous, est pour nous. » Il accepte que sa mission lui échappe et sait reconnaître si l’esprit de celle-ci est présent.

Avec le synode sur la synodalité, le pape François nous invite à cette même démarche d’ouverture en invitant tous les baptisés à un temps de discernement en Église. Plus qu’une simple consultation qui déterminerait ensuite la droite ligne à suivre, il s’agit d’encourager le dialogue pour trouver ensemble les nouvelles façons d’annoncer Jésus-Christ, discerner des chemins inattendus, différents selon les lieux et se laisser bousculer. C’est une vraie conversion dans notre façon de faire Église qui est proposée.

Certains catholiques hésitent à participer à ce synode par crainte du peu d’impact ou du détournement de ce qui sera échangé par les laïcs. Mais n’est-ce pas ainsi faire advenir ce que l’on craint ! Et si l’on jouait collectif lors de ce synode ! Avec la conviction que ce qui va s’échanger dans les groupes de baptisés est au moins aussi important que le résultat, c’est le moment de faire bouger nos représentations, nos habitudes, de faire preuve de créativité, de prendre la parole, de faire confiance à l’intelligence collective, au sensus fidei, ce sens de la foi attribué à tout baptisé. Les contemporains de Vatican II imaginaient-ils les bouleversements radicaux que ce concile occasionnerait dans l’Église ?

L’Esprit souffle. Donnons-lui vraiment l’occasion de souffler !
 

Sylvie Tamarelle