Aller au contenu principal
Auteur
Thierry PERA





KT ? / pas KT ?

Vous êtes parents d’enfants en âge d’aller au KT : cette rubrique est la vôtre. Sous la forme de question KT/pas KT nous vous invitons à la rencontre et à l’échange.

J’ai du mal avec certaines positions de l’Eglise : j’inscris mon enfant au KT ? KT ou pas KT ?

C’est KT !

Qu’il s’agisse de l’avortement, du mariage homosexuel ou encore de la contraception, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Eglise n’hésite pas à prendre frontalement, sur des sujets sensibles des positions à contre courants. D’autant que si les médias ont parfois (souvent ?) tendance à en donner une vision caricaturale, force est de constater que certains catholiques y arrivent très bien tout seuls. Vous avez parfois du mal à comprendre le modèle de société que proposent l’Eglise et certains propos ont pu non seulement vous sembler en contradiction avec vos convictions profondes mais même vous blesser. Dans ces conditions, vous hésitez à inscrire votre enfant au caté tant vous semble profonde votre divergence avec l’Eglise sur ces sujets.

Rassurez-vous, les évangiles ne sont pas un programme de campagne, le Christ ne se présente pas à la présidentielle. Dommage parce qu’avec une équipe de campagne aussi hétéroclite où se mêlent pécheurs, fonctionnaire des impôts, et même prostituée, Il aurait fait un malheur comme candidat antisystème.

L’objectif du caté n’est pas d’apporter aux enfants du prêt-à-penser mais de leur donner les moyens de se mettre en relation avec Dieu. En effet, il s’agit d’un lieu où ils sont libres de s’interroger, de poser des questions, d’exprimer leur opinion et de débattre (on est loin des cours magistraux parfois décrits par nos grands-mères).

Ainsi, vous pouvez tout à fait inscrire vos enfants au caté même si vous ne partagez pas les prises de position de l’Eglise sur certains sujets. Cependant, si ces divergences vous semblent si importantes qu’elles sont un frein pour votre vie de baptisé, il peut être judicieux d’en parler avec d’autres catholiques ou de vous plonger par exemple dans «Comment répondre aux questions brulantes sur l’Eglise sans refroidir l’ambiance » d’Austen Ivereigh et Natalia Touiller (Edition Emmanuelle – 2016). Si leurs arguments ne vous convaincront pas nécessairement, au moins cela vous permettra peut-être de comprendre que les interventions de l’Eglise sur des sujets de société sont motivées par un profond souci du bien commun.

  1. Je transmets ma foi à la maison : il n’est pas nécessaire d’inscrire mon enfant au KT. KT ou pas KT ?

  2. Ce n’est pas KT !

    Franchement, Moïse et son buisson, Zachée sur son sycomore, vous maîtrisez et vous ne voyez pas l’intérêt de rajouter un trajet dans l’emploi du temps déjà chargé de votre deuxième métier de taxi pour vos enfants en les envoyant au caté. D’ailleurs, vous vous dites : « pourquoi confirais-je une tâche aussi importante à de parfaits inconnus ? ». Pourtant, comme se plaisent à le répéter les responsables d’aumônerie et les chefs et cheftaines scouts « un chrétien isolé est un chrétien en danger ».

    Même les pandas sont d’accord :

    https://www.youtube.com/watch?v=YxviZZiBDF4

     



    WWF : "Save the christians" (Coldplay "Paradise... by CheminNeuf

     

    En effet, même si développer de façon individuelle sa relation à Dieu pour ensuite transmettre sa propre expérience à ses enfants est important et participe au rôle de parent, s’en contenter serait dangereux et à plus d’un titre.

    Tout d'abord, lors du baptême de votre enfant, vous avez aussi pris l'engagement de le faire participer à la vie de l’Église, ce qui est nécessaire à sa vie de chrétien. « Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu'il ne voit pas (1er lettre de Jean, 4-21) ». La relation intime avec Dieu ne va pas, dans le christianisme, sans une relation avec nos frères et sœurs dans la foi auxquels nous sommes liés par le baptême. Certes, ce n'est pas toujours facile (parce que oui, cela vaut aussi pour la dame qui râle en permanence derrière vous à la messe, désolé), mais confronter sa vision de la foi avec celle de personnes au parcours différent permet aussi de l'enrichir.

    De plus, pensez aux difficultés que vous avez eues pour comprendre que dans la bouche de votre adolescente, « ressembler à une post bad ou fille tumblr » était plutôt positif (même si la signification exacte vous échappe toujours). Il paraît donc difficile d'imaginer que vous pourrez totalement saisir, expliquer à votre enfant et actualiser toutes les nuances de textes écrits (dans le meilleurs des cas) il y a 2000 ans par et pour des juifs du Proche-Orient dont le mode de vie n'a strictement rien à voir avec le nôtre. Un peu d'aide peut donc être bienvenue de la part de catéchistes formé-e-s et s'appuyant sur des documents élaborés spécifiquement pour cela (voir l'article sur le TNOC).

    En outre, il est déjà difficile pour un enfant d'assumer sa foi quand il est parfois le seul parmi sa classe et ses copains. Retrouver régulièrement d'autres chrétiens de son âge lui permettra de se rendre compte que, non, il n'appartient pas à une famille d'extraterrestres illuminés, attachés à des pratiques moyenâgeuses, mais qu'il est invité à partager avec le peuple de Dieu qui, s’il n'est pas sans défaut (loin de là), reste sympathique. Son groupe lui ouvrira de surcroît d'assez larges possibilités en termes de jeux de mots et autres blagues pour catho-initiés de sa génération, lui permettant ainsi de suivre l'invitation du Pape François à ne pas être « des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques » (La joie de l’Evangile 6).

  3. Mon conjoint ne partage pas ma foi : j’inscris mon enfant au KT ? KT ou pas KT ?

  4. C’est KT !

    Si votre conjoint manifeste une belle ouverture en donnant son accord pour que vous transmettiez votre foi à votre enfant, réjouissons-nous!

    En effet, cette démarche nécessite l’accord des deux parents. La décision d’élever et de faire grandir la foi catholique chez un enfant est le fruit d’un dialogue respectueux au sein de la famille.

    Comme nous l’indique le pape François la transmission de la foi au sein d’une famille n’est pas un chemin facile : « L’éducation des enfants doit être caractérisée par un cheminement de transmission de la foi, rendu difficile par le style de vie actuel, les horaires de travail, la complexité du monde contemporain où beaucoup vont à un rythme frénétique pour pouvoir survivre. Toutefois, la famille doit continuer d’être le lieu où l’on enseigne à percevoir les raisons et la beauté de la foi, à prier et à servir le prochain» (Amoris Laetitia 287). Ce chemin est encore plus difficile pour le seul parent catholique et son investissement sera d’autant plus important. Mais il pourra compter sur le soutien des catéchistes car « les communautés chrétiennes sont appelées à offrir leur soutien à la mission éducative des familles » (Amoris Laetitia 279).

    Cette situation est fréquente car aujourd'hui les catholiques baptisés représentent environ 17% de la population mondiale et il ne peut échapper à personne que les sociétés occidentales sont amplement sécularisées. Les couples avec disparité de cultes sont monnaie courante. Le Concile Vatican II nous rappelle avec force que l’Église est pour tous les hommes. Elle est dans le Christ, « comme un sacrement, c’est-à-dire le signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain» (Lumen Gentium 1).

    Ce n’est pas entraver la liberté de votre enfant que de lui présenter ce qu’est la Parole de Dieu et lui faire rencontrer de multiples témoins de l’Eglise. Cela lui permettra de grandir et se donner les moyens d’exercer sa liberté de se mettre sous le regard de Dieu. A la demande de profession de foi, la réponse « je crois » n’a de sens que si elle est éclairée et libre.

  5. Mon enfant s’ennuie au KT. KT ou pas KT?

  6. C’est KT !

    Il n’y a pas mieux que l’Evangile pour nous guider à trouver une réponse à cette question. Dans les Actes des Apôtres, saint Luc nous décrit un jeune garçon Eutyque qui pendant que saint Paul parlait s’est endormi (Actes 20,7-12). Il est tombé de la fenêtre et en est mort - mort d’ennui au sens propre! Et saint Paul ne lui en a pas tenu rigueur puisqu’il l’a ressuscité. La première attitude est donc de dédramatiser l’ennui de l’enfant au KT : c’est bien normal. S’ennuyer c’est aussi se laisser faire, apprendre à recevoir et à écouter.

    Par contre faire mourir un enfant d’ennui n’est pas l’objectif de la catéchèse. A la décharge de saint Paul, il n’avait pas tous les instruments pédagogiques qu’ont les catéchistes actuellement. Les modules qui sont proposés aux enfants présentent une succession d’activités qui mêlent de la vidéo, de la musique, des jeux, des échanges, l’étude des textes bibliques, les bricolages… Le KT ce n’est pas seulement les séances mais ce sont aussi des moments de partages, des temps forts.

    Par contre il peut exister un ennui « ennuyeux » lorsque l’enfant se démotive. Le dialogue entre les parents et les catéchistes pour identifier des voies d’amélioration est possible. Un enfant a aussi besoin de savoir que ses parents s’intéressent à ce qu’il fait. Le temps de KT peut ainsi être prolongé à la maison.

  7. Je n’y connais pas grand-chose mais j’aimerais être catéchiste. KT ou pas KT ?

  8. C’est KT !

    Le christianisme est avant tout une relation vécue avec la Personne de Jésus-Christ. Nous pouvons voir, dans l'Evangile, Jésus appeler ses apôtres non pas parmi les scribes et les pharisiens, ceux qui "savaient", mais parmi le peuple. Ainsi a-t-il appelé des pécheurs comme Pierre, un collecteur d'impôts comme Lévi, il s'est également entouré de femmes, qui étaient peu considérées dans la société de l’époque. Et ce sont ces personnes qu'il a chargé d'aller annoncer la Bonne Nouvelle, qui n'est pas un exposé théologique.

    Bien sûr vous pouvez être catéchiste si vous en avez envie et vous avez beaucoup à apporter aux enfants qui vous seront confiés, comme le veut l'adage: "Jésus n'appelle pas les meilleurs mais il rend meilleurs ceux qu'il appelle". Ce point est souligné dans le document des évêques de France (TNOC : Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse en France) : « Le catéchiste aussi se met en route. Il n’est pas celui qui sait mais un ainé dans la foi appelé à vivre cette expérience de foi, lui-aussi.»

    Et pour donner un petit coup de pouce à l’Esprit qui guide les catéchistes, il faut noter que généralement les catéchistes sont très bien formé-e-s. Les guides animateurs explicitent la démarche et des rencontres de formation sont organisées par les services diocésains de catéchèse.