Prix littéraire de la Conférence : « Bon Livre », 2020
Cette « Note de lecture » vous invite à vous procurer l’ouvrage, à le lire, afin de pouvoir voter pour le livre de votre choix, parmi les « bons livres » proposés par la Conférence.
Jean Druel, Les Métamorphoses du pélican – Tourments spirituels d’adultes
Éditions du Cerf – mars 2020 – 296 pages – 20€
Quel livre étonnant que ce roman écrit par le dominicain Jean Druel. Car il s’agit bien d’une œuvre d’imagination, un roman choral avec une galerie de personnages dont les vies se croisent.
Ce roman est fabuleux parce qu’il a cette délicatesse du parler vrai. Un peu parfois la même sensation qu’un livre de Philippe Delerm qui met en avant ces petits bonheurs simples du quotidien. Mais le roman de Jean Druel aborde davantage la spiritualité simple du quotidien, celle qui est sous-jacente, présente sans qu’on l’aperçoive.
Un livre tout en subtilité qui évoque, sans jamais le dire directement, cette flamme qui nous traverse et nous fait avancer. Les personnages du roman sont vous et moi, européens, des jeunes idéalistes qui se lancent dans la culture bio, des familles de quarantenaires, un prêtre copte, des homosexuels, un religieux polonais. Des personnages qui ont connu Taizé et les JMJ, ceux qui cherchent un sens à leur vie et ceux qui pensent l’avoir trouvé.
« Ce qui compte, c’est que chacun vive ce qu’il a à vivre, sans jalousie ni tristesse, sans rancœur ni fierté. Aimer ceux avec lesquels il vit. Donner ce qu’il a à donner. Apprendre à devenir libre. »
Ce roman peut être qualifié de « spirituel » car chacun des personnages va cheminer avec Dieu, mais sans vraiment le chercher, sans vraiment le savoir. Et c’est clairement ce qui intéressait l’auteur : de voir comment chacun peut être nourri par Dieu, sans forcément s’en rendre compte, à l’image du Pélican qui nourrit ses petits avec ses entrailles. Et de voir comment cette spiritualité est féconde…
« On ne choisit pas ses fécondités. On ne les connaît parfois même pas. Il faut trouver une joie qui vient de plus profond que cela. »
Certains pourront s’étonner qu’un jeune frère dominicain ait réussi à comprendre et saisir tout en subtilité les vies de familles, de jeunes étudiants, de femmes mariées, de couples homosexuels. Ce à quoi j’aurais tendance à répondre que nous collons peut-être aussi un peu trop d’étiquettes aux religieux et religieuses en les attendant sur des sujets convenus pour eux. Ce qui fait d’autant plus apprécier cet opus non conventionnel mais ô combien réjouissant !
Une lecture à ne pas manquer !
Estelle Roure