Prix littéraire de la Conférence : « Bon Livre » n°5, 2020
Cette « Note de lecture » vous invite à vous procurer l’ouvrage, à le lire, afin de pouvoir voter pour le livre de votre choix, parmi les « bons livres » proposés par la Conférence.
Jean-Pierre Rosa, La Bible, le sexe et nous – Libérer la Parole
Éditions Salvator – octobre 2019 – 192 pages – 18,50€
L’auteur part d’un double constat : dans l’Église la sexualité a une place que les évolutions de la société n’ont guère fait bouger. La même Église exclut toujours les femmes. N’aurait-elle rien à dire pour « évangéliser nos amours » ? Qu’en dit la Bible ? C’est ce que nous propose Jean Pierre Rosa avec une bonne connaissance des textes, de la culture de l’époque, et de l’exégèse.
Dans l’Ancien Testament, il y a des côtés sombres : la sexualité est mise au service de la transcendance, la femme n’étant qu’une génitrice au service de l’homme pour assurer sa descendance et son propre plaisir ; la force du désir qui peut réduire l’autre à l’état d’objet et mener à la violence et au crime. Cette force de la sexualité la relie au sacré, à la vie, à la mort. Pour l’endiguer, Dieu donnera des principes structurants.
Mais il y a aussi la face lumineuse de la sexualité, à commencer par le Cantique des cantiques, célébration d’un amour érotique libre de la procréation. Une relecture de la Genèse qui allie ressemblance à Dieu et altérité mâle et femelle induit donc l’égalité. Et la symbolique nuptiale établit un lieu de liberté fondé sur l’amour.
Avec Jésus le légalisme pur est dépassé pour se situer dans la dynamique de l’amour. Et les femmes sont mises à l’honneur.
La Bible n’ignore aucune des passions humaines ; elle raconte même des histoires pas très « honorables » par lesquelles passe tout de même le Salut. Plus que des recettes morales, la Bible propose une anthropologie avec « de grands interdits structurants qui donnent des indications sur la libération d’un plus être ». Une lecture facile et passionnante.
Monique Hébrard