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Que pensez-vous, de manière générale, de l’Église d’aujourd’hui et des chrétiens dans le monde ?
L’Église n’est pas le Vatican. L’Église c’est le peuple de Dieu. Il y a encore des personnes ardentes vibrant de l’Évangile et s’impliquant dans la vie de l’Église et dans la vie sociale. Mais la transmission de la Parole de Dieu a vieilli. L’Église est en mauvaise posture, il y n’y a plus autant de joie et de vitalité.
Par contre en Asie et hors occident, nous trouvons une Église de conviction avec de la joie, une Église avec des gens qui ont envie d’apprendre. C’est le témoignage de ceux qui reviennent au pays après un passage hors Europe. Ils sont subjugués par la jeunesse de ces Églises, le côté vivant. C’est une Église avec des jeunes et des familles qui croient profondément, qui ont soif d’apprendre.
Ces différences peuvent, pour moi, s’expliquer par les quelques raisons qui suivent. Hors Europe, on a gardé une continuité de la culture. On a gardé un respect de la culture des ancêtres, on y est fidèle. Par contre, en Europe, il y a une rupture avec les racines et les « maitres ». On est dans une culture de rupture. Or les racines existent et nous en avons besoin. Certains essaient de les retrouver.
C’est la culture de l’après-guerre mondiale qu’il faut questionner. Cette culture est le résultat des excès qui ont provoqué la 2ème guerre mondiale.
Mon père a vécu sa vie d’adulte au milieu du XXème. Il avait de l’esprit critique. Il était engagé dans les JOC (Jeunesses Ouvrières Chrétiennes). Ceux-ci apprenaient à lire l’aujourd’hui en face de l’Église et des enseignements de la Bible.
Mon père appréciait les enseignements de Joseph Cardijn. Nous sommes dans les années 1925-1940. Il y avait, à l’époque beaucoup d’enthousiasme. On ne se posait pas de questions, on agissait avec enthousiasme. Ils n’ont rien jeté. Ils ont voulu mettre leur vie, leur quotidien dans la lumière des Évangiles pour y puiser de l’enthousiasme. Ils y ont puisé de la conviction au lieu de jeter les enseignements.
Or à l’époque, les philosophies nihilistes arrivaient. Ils ne se sont pas laissés entrainer dans ces philosophies. C’était moins envahissant qu’aujourd’hui car il n’y avait pas les média.

Qu’est-ce qui a préparé votre engagement dans l’Église ?
Ce passé est fort pour moi. Je suis rentré dans les convictions de Cardijn suite au récit de mon père, son expérience. Cela m’a influencé et construit mais aussi détruit. Il ne le savait pas évidemment. Il avait une lecture qui ne correspondait pas à ce que je vivais. Donc on n’était pas toujours sur la même longueur d’onde.
Parfois les pères influencent leur fils. Et parfois ils détruisent un peu la personnalité du fils. Le père apporte son expérience et emmènent dans son ornière à lui. J’ai dû apprendre à prendre mes distances entre son expérience et la mienne. Je devais essayer de comprendre. Mais mon père a été mon meilleur conseiller spirituel. Je ne lui ai pas reproché ses failles mais j’en ai pris conscience. J’ai compris et pardonné.
L’abbé Pierre (1954) a permis à ma génération de garder des ponts avec la culture et la tradition. On a, grâce à lui, fait beaucoup pour aider les autres. Cela nous a aidés à prendre de la distance. Il y avait du dynamique, l’esprit était fort et neuf. Il m’a mobilisé.
Cette expérience m’est tombée dessus en 1956. C’est par l’intermédiaire d’une femme, très engagée, qui me prête le livre de l’Abbé Pierre. Il est ensuite venu donner des conférences. J’étais déjà attiré par la prêtrise. Cela s’est manifesté très tôt.
Pour les hommes, il y avait davantage de modèles que pour les femmes. Pour les filles il y avait peu de modèles, peu de références ou des références patriarcales d’avant la guerre, des références de culture qui confinaient la femme dans un rôle. C’est la culture du 19ème dont on est sorti à la fin du XXème. J’ai vu cette évolution mais pas toujours lucidement. Je ne l’ai pas vu arriver car je n’étais pas assez dans ce monde- là. J’ai estimé cela normal. Je ne comprenais pas ce que cela signifiait réellement, la profondeur de ce que cela signifiait. Je n’imaginais pas que c’était une évolution profonde de l’être femme. Je ne le voyais que pratiquement. Je ne suis pas une femme. Je ne me suis pas opposé.
Quand je suis arrivé comme curé à Stembert, une fille m’a dit qu’elle voulait être acolyte. Le curé qui me précédait ne voulait pas. On est en 1983. J’ai dit d’accord. Mais on va faire une parité fille-garçon. Car si les garçons voient les filles arriver, ils vont tous fuir. C’est leur chasse gardée. C’est la mentalité du chasseur. Les ados sont comme cela. Plus tard, la fille devient chef. Un garçon décide alors de quitter les acolytes. A 16 ans, la fille désire arrêter d’être acolyte. Quelques semaines après, le garçon revient. Il était parti parce qu’une fille avait pris le commandement. On est dans le domaine du sacré. Donc si les hommes voient les femmes arriver dans ce domaine, prendre des rôles, ils vont être sur la défensive. Et cela plus que dans un autre milieu parce qu’on est dans le domaine du sacré et qu’on ne peut pas y toucher. Certains considèrent que ça nous appartiendrait moins. Mais aussi on est dans le domaine des rites. Un rite est une répétition immuable. Pour cela, c’est sacré et on ne peut pas y toucher .C’est Dieu qui le veut. On n’a pas d’argument pour se justifier. C’est Dieu. On instrumentalise Dieu et on le fait tout le temps. Quand on a des explications scientifiques, on reporte Dieu un peu plus loin. Le changement est plus difficile à faire dans le domaine du sacré.
Ça bouge dans l’Église KTO de manière nette mais c’est lent. Pour les traditionnalistes, c’est pénible. Faire évoluer le mythe de la création, par exemple, c’est toucher à l’intouchable. Faire évoluer les rites et le sacré, c’est toucher à Dieu
On a peur du monde des rites. Le sacré engendre la crainte et le respect. Dieu est terrible. Par le respect du sacré et des ancêtres, on amortit le poids de la colère divine.

Quels enseignements, quelle formation religieuse avez-vous reçus ? Comment en êtes-vous arrivé à devenir prêtre ?
A 13 ou 14 ans, un copain inquiet de vouloir devenir prêtre, me demande si j’ai eu un appel car il savait que je voulais devenir prêtre. Lui n’avait pas entendu d’appel. La question m’a troublé car je n’avais pas entendu d’appel non plus mais je savais que je deviendrais prêtre. Par après, lors de mon évolution spirituelle, j’ai appris et découvert ce qu’est un signe. J’ai progressivement découvert les signes et ma prédisposition. Voici ces signes :
En 1947 (j’avais 6 ans) ma sœur venait de faire sa 1ère communion. Un peu avant, en passant devant l’église, ma mère dit « C’est ici que ta sœur va faire sa 1ère communion. » C’était un signe, ça m’a parlé.
Plus tard, devant la même église, la porte est fermée. On ne peut aller prier en famille. J’ai répondu en moi-même, c’est moi qui l’ouvrirai !
En 1947 toujours, le curé meurt. Nous sommes en famille à la messe au 1er rang. Je regarde autour de moi et je vois le confessionnal. Il y a une étole croisée devant. Je demande ce que c’est. On me dit, le curé est mort et on attend un autre curé. Je réponds dans ma tête : ce sera moi.
En 1948, une mission paroissiale, composée de moines, arrive dans mon quartier. On pouvait se confesser, écouter leurs enseignements, mettre sa religion en ordre. C’était de l’évangélisation. J’étais malade et je devais rester au lit. Le prêtre m’apportait la communion. Ce fut un signe pour moi. Il m’apportait la communion, c’était très sacré.
Après, dans l’adolescence, j’ai reçu des témoignages de personnes qui m’ont touché par rapport à l’Église et le fait d’être prêtre. Parmi les témoignages, il y avait des personnes qui soignaient la liturgie dominicale et qui faisaient la lecture en français. Ce n’est pas Vatican 2 qui a inventé cela, on le faisait avant. Ils m’ont donné le goût de la belle liturgie.
J’allais à la messe, ado, comme acolyte et sans mes parents. Je sais bien pourquoi je choisissais cette messe. Pour l’orgue. L’organiste me fascinait, et tout ce qui touchait à la qualité du culte.
Une fille, récemment, m’a confié qu’elle avait été amoureuse de moi et que je lui avais dit que je voulais devenir prêtre.
J’ai eu la chance d’être au séminaire au moment de Vatican II. Cela m’a permis de bien comprendre et de bien suivre tout ce qui s’y passait.

Par rapport l’Évangile, j’apprécie particulièrement la dernière phrase de St Mathieu (Mt, 28, 16) : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde »
J’ai été surtout marqué par les derniers mots. Je dois avoir été travaillé dans mon inconscient. C’est une mission de prêtre : dire « ceci est le Christ et il est avec vous jusqu’à la fin du monde »
Dans les moments durs, ça me porte. Oui. En 1993, j’ai été opéré d’un cancer au rein. J’ai demandé le sacrement des malades à l’aumônier jésuite de l’hôpital. Je voulais être assuré que le Christ serait avec moi.

Le Christ pour moi, c’est une présence de quelqu’un qui m’aime dont je tire la sève de ma vie spirituelle. Je le sens présent dans mon existence. Dire « en moi » est limitatif mais dire tout mon être est communion avec lui est mieux.

Que représente Vatican II pour vous ?
Il y avait une attente avant même l’événement. J’étais au séminaire pendant Vatican II. J’ai eu un professeur qui m’y a intéressé de A à Z. Il s’appelait Ghislain Pinkers. C’est par lui que j’ai perçu ce qui se passait à Rome.
J’ai vécu les enjeux de Vatican II dès 1966, quand j’ai été ordonné et que j’ai commencé mon ministère. Ce n’est pas la réforme liturgique qui m’a frappé car je la vivais déjà.

Il y a eu plusieurs faits marquants.

Premièrement, on a coupé la tête à l’Église « hiérarchie ». Avant on disait que l’Église c’était le pape, les évêques…

Deuxièmement, on s’est engagé dans une réforme liturgique. On a permis d’être plus proche de ce qui se célébrait. Avant on allait à un rite. Maintenant, on comprend mieux. L’utilisation des rites révèle ce qui se passe. Avant, on allait pour le rite, on subissait sans comprendre. Maintenant, on explique les rites, le sens des symboles. Avant, on utilisait différents symboles pour eux-mêmes sans savoir ce qu’ils exprimaient. Avec la réforme liturgique, c’est ce qui est exprimé par le rite qui compte. Le rite révèle l’action du Christ dans l’Église.
Ma manière de célébrer tient compte de cela.
Vatican II a produit les documents de base qui ont permis cela. Le concile a permis de revaloriser les Écritures et les rendre accessibles à tout le monde.

Troisièmement, Vatican II a encouragé l’œcuménisme, la communion entre Chrétiens. Quand je suis arrivé comme vicaire à Verviers, on m’a proposé de rejoindre l’équipe œcuménique qui avait été créée pendant Vatican II. C’est un élan propre du Concile.
Les personnes se réunissaient, pour la prière œcuménique, à l’IPEP, un bâtiment de l’enseignement de la Province de Liège. J’ai proposé d’aller faire cette prière dans une église et de tourner d’une église d’un culte à l’église d’un autre culte. On a été les premiers. C’était renversant. J’avais expliqué ce qu’était l’église catholique des Récollets, son origine à Verviers. Elle a été construite pour que les enfants et les adultes n’aillent pas chez les protestants. De plus cette église est consacrée au St Sacrement, au culte de la Vierge Marie et de St François d’Assise. Quel effort les protestants ont dû faire ! C’est de l’œcuménisme.
Dans une des Églises évangéliques, les femmes ne peuvent rien faire, pas de prise de parole. Nous, les cathos, avons voulu y organiser une conférence faite par une femme. Les protestants n’ont pas voulu. On est allé ailleurs.
Une autre fois, on va chez les adventistes. Ils pratiquent le sabbat. Donc, il n’y a pas de messe le dimanche. Voilà que le pasteur prend la parole pour remercier les cathos après la célébration. Les adventistes ont parlé positivement des cathos or les cathos sont leurs ennemis.
Maintenant on est en fraternité

Quatrièmement, on a amélioré les relations de l’Église avec les autres religions non chrétiennes comme le bouddhisme, l’islam… Les documents du concile les appellent « frères ».
Cela a été difficile à mettre en œuvre mais il y a maintenant un dicastère.
Il y a aussi un document spécifique pour les juifs où on dit que les juifs ne sont pas déicides. C’est une révolution.

Cinquièmement, on a admis la liberté de religion, de conscience. Il faut savoir que, dans le contexte de l’époque, on parlait de liberté de religion. Cela a ensuite évolué vers la liberté de conscience. Maintenant, c’est admis.
Un pas supplémentaire a encore été franchi. En effet, on parle maintenant de liberté de conscience et de relativisme. Ce qui veut dire que chacun fait ce qu’il lui plait ! Personne ne peut plus rien imposer à quiconque. C’est bien. On est dans le triomphe du « Je » face à une Église qui parle du « nous » et du « tu ». Cela explique le choc. L’Église perd au jeu car elle est dans une autre culture en occident.

Ce que j’ai le mieux aimé dans Vatican II c’est le principe d’une Église servante et pauvre. Cette phrase a été amenée par deux évêques de Belgique et Don Helder Camara. C’est un homme qui s’est converti profondément une fois nommé évêque. Il était évêque de Recife. Au lieu d’habiter dans un palais, il a décidé d’habiter dans la sacristie de l’église tant qu’il y avait des pauvres dans la rue.
Paul VI a énormément suivi cet appel. Il a changé le luxe vestimentaire de la hiérarchie et de la liturgie. Plus de tiare. Plus d’anneau de pierres précieuses. Ils ont tous reçu un simple anneau.
Le modèle de l’Église servante et pauvre s’est progressivement imposé. Il y a eu beaucoup de réduction dans le décorum.

Les changements concrets que vous avez constatés, les problèmes de mise en œuvre…
Dans les années 70, les laïcs et les prêtres ont promu une idéologie où on voulait tout changer. C’était un peu iconoclaste. J’y ai cédé sommairement mais j’ai pu rebondir. On perdait le sens.
Par exemple, il n’y avait plus du tout de respect de la présence réelle dans le tabernacle. Tout était bon. On foulait un peu le sacré au pied. Cela justifie le mouvement de retour en arrière.
Le clergé est allé trop loin et le peuple de Dieu n’a pas suivi. Un grand nombre s’est soumis. D’autres sont partis. Assez de gens en ont parlé dans les confidences. Comme ils n’ont plus de réalités porteuses, ils sont retournés en arrière. Comme on ne sait plus comment faire, et que plus personne ne sait, ils se sont dit on va faire comme avant. Rien n’est proposé. On se rabat alors sur l’arrière, le passé, sur un passé qui est vu comme mieux. Les églises n’étaient pas vides à cette époque.

Ce que vous avez découvert au séminaire via Vatican II
Les laïcs ne sont plus des auxiliaires mais des responsables. Le premier rôle des laïcs n’est pas le service de l’Église mais la construction de la Cité. Le laïc n’a pas à faire ce que le prêtre fait.
Le laïc s’approche des sacrements où il se ressource, il recharge la batterie : « j’ai une action et je reçois plus car j’agis ».
En choisissant toujours les mêmes personnes laïques, on rend les autres passifs. Lire et donner la communion font de nous des acteurs liturgiques. On doit partager avec d’autres.
Je regrette que l’acolytat soit associé à des enfants, faisant perdre une partie du sens de la fonction. Celle-ci s’adresse autant à des adultes qu’à des enfants. L’aube perd une partie de son sens.
J’ai longtemps résisté à l’aube pour les laïcs par peur de leur cléricalisation. J’ai changé. L’aube dans le chœur, c’est plus beau. L’aube est lumière. C’est plus proche du sens liturgique de l’aube du baptême.

L’après concile
Le concile a été trahi par les ritualistes qui s’ancrent trop. Ils ont peur. Pour eux, le concile est une erreur. Mais, il a aussi été trahi par ceux qui sans cesse changent, qui ne s’ancrent pas. Ils ont peur du passé, ils ont peur d’être fixés à ce qui n’est pas aujourd’hui. Ils manquent de racine. Pour eux, le concile est dépassé.

Mai 68 a été un acteur de blocage du concile. Ratzinger était un des plus progressiste lors du concile. Après mai 68, il a dit qu’il fallait revenir à plus de rigueur dans l’Église par crainte de la voir complètement relativisée. C’est la même crainte qu’avait Jean-Paul II. Mai 68 introduisait la mentalité du relativisme et la culture du « Je ».

Je voudrais faire les constats suivants.
Nous sommes dans une culture de la rupture.
Les catholiques sont plus critiques. Ils ont accumulé des connaissances. Les clercs doivent en tenir compte dans leurs discours, homélies…
Il faut éviter de parler un langage de dogme. Il faut parler à partir de l’expérience de l’Église dans l’histoire. Il faut parler en témoignage personnel. Il faut parler vrai.
Parfois l’Église est vue comme un lieu de condamnation des différences. Mais, en même temps, l’évêque d’Anvers publie un texte qui ose bousculer.
Il faut faire un retour à l’Écriture
Un nouveau concile n’est pas nécessaire mais il faut réhabiliter sans cesse les grandes intuitions de Vatican II.
L’Église est une Église de prudence. Elle devrait étinceler de risques comme un feu d’artifice.
Jean XXIII a eu beaucoup d’audace. Il a été rechercher une série de théologiens condamnés par Pie XII, comme Yves Congar.
Pie XII est prudent et doctrinal. Il a eu des moments de grande ouverture. Il laisse cependant une impression d’autoritarisme.
Il faut avoir de l’audace sans tout casser. Il faut de l’évolution et non de la révolution.

Mes conseils seraient les suivants :
Il faut de l’humilité pour se laisser gagner par Jésus. À ce moment, nous comprendrons ce qu’est l’Église. Il faut d’abord apprivoiser Jésus, le reste vient après. Il faut humaniser, rendre la dignité à chaque être humain, proposer Jésus Christ.
Il faut veiller à intégrer dans l’Église, faire découvrir ce qu’est l’Église, à savoir un lieu de communion.
Il faut aussi faire prendre conscience du « Je », après avoir compris qui est le « Tu », Jésus- Christ, pour arriver au « nous ».

Y-a-t-il place pour de l’optimisme dans L’Église ?
En Belgique non, car quand l’Église se met en chemin, elle se met à côté de ses pompes : traditionalisme, dévotion à l’ancienne (culte de certains Saints, adoration du Saint Sacrement pour elle-même).

Les personnes qui fréquentent l’Emmanuel ont une foi profonde, ils vivent une expérience personnelle de conversion. Ce n’est pas comme les « traditionnalistes ». Ce n’est pas un retour à la discipline pour la discipline. C’est profond. Un ami est « tradi ». Quel retour en arrière ! Il est dangereux, d’extrême droite. Il a cet amour de la discipline. Les progressistes auraient tout démoli. Je ne peux comprendre ces retours au passé. Peu de collègues en sont admiratifs. Le clergé liégeois est progressiste.

Comment sont les jeunes ?
Je ne sais pas mais ils sont identitaires. Ils recherchent des racines. Certains sont « tradis ». Cela fait peur.
Nous, nous avons été influencés par les prêtres-ouvriers. Ils s’immergeaient dans le monde. Ils ont séduit le milieu ouvrier car ils leur étaient proches et s’engageaient dans leur combat.
Certains prêtres belges sont partis au Guatemala. Il y avait un plan américain qui était de mettre des prêtres cathos sur le terrain pour contrer le communisme. Les prêtres liégeois se sont mis du côté des indigènes opprimés. Les USA ont réagi en finançant des sectes évangéliques radicales. Cela s’est vu quand Jean-Paul II est allé au Guatemala. Certains étaient condamnés à mort. Jean-Paul II a plaidé contre leur mise à mort. Le président, appartenant à une secte radicale, a mis à mort ces condamnés. Quand Jean-Paul II est retourné au Guatemala, le président s’est excusé.