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Auteur
Michel MENVIELLE

Dimanche 7 janvier 2018– Épiphanie du Seigneur – Is 60, 1-6 ; Mt 2, 1-12

Marie vient d’enfanter Jésus. Une étoile apparait au Levant de la Judée. Des mages, prêtres de ce pays, instruits en astrologie et en interprétation des rêves, comprennent qu’elle annonce la naissance d’un roi de Judée. Ils décident d’aller le saluer en se prosternant. Saluer en se prosternant… Le mot grec indique qu’ils manifestent ainsi une profonde révérence pour ce petit enfant qui vient de naître. Mais pas de l’idolâtrie, malgré le signe extraordinaire qui leur en a annoncé la naissance.

Les mages arrivent à Jérusalem. La nouvelle de cette naissance se propage dans la ville. Elle arrive aux oreilles d’Hérode. Hérode et tout Jérusalem en sont bouleversés (Mt 2, 3). Ils sont plongés dans un état d’agitation de l’âme analogue à celui celui éprouvé par Zacharie lorsque l’ange lui apparaît (Lc 1, 12). C’est le même mot grec qui est utilisé. Trouble profond de l’âme et de l’être lié à l’irruption inattendue du divin au coeur de l’humanité.

Hérode cherche à savoir où cet « enfant oint a été enfanté ». Enfant oint : le mot grec christos traduit en grec biblique le mot hébreu MeSiHa, utilisé pour désigner le roi d’Israël investi par onction de la mission divine de guider son peuple, conformément à l’Alliance. Hérode réunit tous les chefs des prêtres et tous les docteurs de la loi. Il leur demande où l’enfant a été enfanté. Ceux-ci lui citent une prophétie de Michée, qui annonce la naissance à Bethléem d’un guide qui mênera paître Israël, le peupe d’Adonaï (Mi 5, 1-2). Ils ont conscience de la mission divine du petit enfant.

Hérode, quant à lui, voit en cet enfant une menace pour son pouvoir et il veut l’éliminer. Il appelle secrètement les mages, pour savoir quand l’étoile est apparue. Il les envoie à Bethléem, en leur demandant de venir l’informer avec précision à leur retour afin, dit-il, qu’il aille lui aussi « le saluer-en-se-prosternant ». Avertis en songe, les mages ne reviendront pas vers Hérode. Il se mettra alors dans une grande colère et ordonnera de tuer tous les enfants nés dans la région de Bethléem durant la période indiquée par les mages (Mt 2. 16).

Les mages repartent, toujours guidés par l’étoile. Elle les conduit là où est le petit enfant. Très intense est alors leur joie. Entrés dans la maison, ils le voient, avec Marie, sa mère. Ils se précipitent, le saluent en se prosternant, ouvrent leurs trésors et lui offrent de l’or, de l’encens – parfum réservé pour Adonaï (Ex 30, 34-37) – et de la myrrhe – huile pour l’onction sainte (Ex 30, 23-25). Ils ont compris le lien profond entre le divin et le petit enfant vers qui ils sont venus.

Les nations marcheront vers celui sur qui se lève la gloire de Adonaï, annonce Isaïe. La visite des mages montre que la gloire d’Adonaï est sur Jésus. En préparant ce commentaire, j’ai compris que Matthieu nous invite aussi à questionner notre attitude face à l’irruption inattendue du divin. Dans ce récit, cette irruption est perçue par des assemblées de pairs : c’est pour moi signe que c’est ensemble qu’on la perçoit. Cette percepton s’accompagne pour chacun de sentiments intenses – joie, sidération, haine meurtrière – qui reflètent son « paysage intérieur ». Les mages témoignent qu’il est possible de laisser le divin guider notre vie. Cheminer ensemble vers la joie eschatologique dont témoignent les mages, n’est-ce pas répondre à l’appel de Jean Baptiste : « Convertissez-vous ! » (Mt 3, 2) ?
 

Michel Menvielle