Oui, on a le droit d'être un peu gêné par la lecture que fait Wénin de la possessivité d'Eve... et je le suis comme vous. Mais il a l'avantage d'être provocateur et de nous forcer à réfléchir !

Bien sûr, d'autres biblistes lisent autrement : au lieu d'insister sur la volonté d'appropriation que peut refléter l'expression :" j'ai acquis un humain avec le Seigneur", et la racine du nom Caïn qui signifie "acquérir", ils proposent d'y voir une forme de gratitude envers le Seigneur et donc une explosion de joie. D'autant plus que le verbe peut signifier aussi "procréer " (voir la TOB).

Pour moi, la question est ailleurs : Wénin donne une explication psychanalytique ou simplement psychologique à la jalousie de Caïn qui fera de lui un meurtrier. C'est peut-être reculer d'un cran, mais d'un cran seulement dans le vrai problème qui est : nous ne savons pas d'où vient le mal, d'où vient le penchant mauvais en nous. Et, pour moi, la Bible se garde de le résoudre. Car celui qui croit savoir d'où vient le mal se fait accusateur (ça s'enclenche dès le chapitre 3 : ce n'est pas moi, c'est l'autre!), et .... tombe dans le piège même du mal, qui est multiforme et opaque, peut-être de l'ordre comme le pensait Augustin de l'absence d'être, de la dé-création.
Très vite on monte un pseudo raisonnement : ou Dieu a créé et voulu le mal (et il n'est pas le Dieu de bénédiction, tout simplement il n'est pas Dieu), ou le mal lui est extérieur, et alors on a deux dieux qui s'affrontent (le manichéisme sommeille en chacun de nous).
La foi juive et chrétienne tient que Dieu veut le bien (bénédiction), et que le mal, le penchant mauvais en l'être humain, et au dehors, surgit d'on ne sait où ; et que Dieu nous arme pour le combat, et combat le mal avec nous, à nos côtés.... jusqu'à l'incarnation et la croix.
En ce sens, Dieu prévient et soutient Caïn, .....et ne l'abandonnera pas !